La CAN passe de 2 ans à 4 ans : Infantino pointé du doigt

Publié le : 21 Décembre 2025

A peine la Coupe d’Afrique des nations s’apprêtait à être lancée à Rabat que le football africain encaissait déjà un coup dur. À la veille du lancement de la 35e édition de la CAN, une annonce est venue ternir l’ambiance générale : à partir de 2028, la compétition phare du continent ne se jouera plus tous les deux ans, mais tous les quatre ans.

 

Une décision lourde de conséquences, qui porte la marque de la FIFA et de son président Gianni Infantino, et qui interroge sérieusement sur le rôle et l’indépendance de la CAF. Officiellement, la décision a été annoncée samedi à Rabat par le président de la Confédération africaine de football, Patrice Motsepe, à l’issue de la réunion du Comité exécutif. Dans les faits, elle sonne comme un aveu de capitulation. Motsepe et son Comex ont fini par céder aux desiderata d’Infantino, dont la volonté de remodeler le calendrier international ne laisse désormais plus aucune marge de manœuvre aux confédérations.

 

Pressions

 

La pression était devenue constante, renforcée par la FIFPro, de plus en plus insistante auprès de la FIFA sur la surcharge du calendrier et la protection des joueurs. Mais au-delà de l’argument de la fatigue et de l’harmonisation des compétitions, difficile de ne pas voir la main d’Infantino, obsédé par son propre agenda, ses compétitions élargies et ses rendez-vous qu’il est le seul à vouloir multiplier. La CAN, avec son identité, son rythme et son histoire, devient ainsi une variable d’ajustement, sacrifiée sur l’autel d’une gouvernance mondiale centralisée.

Motsepe a tenté de justifier cette réforme en évoquant la nécessité d’offrir de meilleures conditions de préparation aux sélections africaines. Selon lui, le passage à un cycle quadriennal permettrait une planification plus cohérente et une montée en qualité de la compétition.

 

2027 édition maintenue, 2028 aux enchères

 

Un discours bien rodé, mais qui peine à convaincre. Car la CAN n’a jamais souffert de son rythme biennal, bien au contraire. Elle en tirait sa force, sa proximité avec les peuples africains et cette ferveur unique qui faisait battre le cœur du continent tous les deux ans. Dans la foulée, le président de la CAF a confirmé que l’édition 2027, organisée conjointement par le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie, est maintenue. Une autre édition est annoncée en 2028, sans que l’on sache encore quel pays ou quelle candidature sera retenue pour accueillir ce qui sera, de fait, la dernière CAN disputée selon l’ancien rythme. Une zone d’ombre qui alimente déjà les interrogations et les spéculations, preuve que cette réforme a été décidée dans la précipitation.

Autre annonce majeure : le lancement d’une Ligue africaine des nations à partir de 2028, réservée aux sélections nationales. Présentée comme un outil de modernisation et de montée en gamme du football africain, cette nouvelle compétition soulève toutefois de nombreuses questions. Quel format ? Quel calendrier ? Quel impact sur des sélections déjà soumises à une densité de matches toujours plus élevée ? Là encore, la CAF se contente d’une annonce sans livrer le moindre détail concret.

 

10 millions, mais tous les 4 ans !

 

Motsepe a également mis en avant l’augmentation du prize money du vainqueur de la CAN, qui passera à 10 millions de dollars. Une mesure attractive sur le papier, mais insuffisante pour masquer le malaise. L’argent ne compensera jamais la perte de visibilité, de régularité et d’identité d’une compétition qui faisait la singularité du football africain sur la scène mondiale. En réalité, cette réforme marque un tournant inquiétant. Elle confirme que la CAF n’est plus maîtresse de son destin et qu’elle s’aligne, parfois à contrecœur, sur les orientations dictées depuis Zurich. En acceptant de modifier le rythme de la CAN, Motsepe a certes évité l’affrontement direct avec la FIFA, mais il a aussi entamé un peu plus l’autonomie du football africain. La fête aurait dû être totale à l’occasion de cette 35e édition. Elle restera incomplète. Car derrière les discours institutionnels et les promesses de modernité, une réalité s’impose : Infantino a frappé, Motsepe a cédé, et la CAN, dans son format historique, en sort affaiblie.

S. M. A.