Le rendez-vous tant attendu entre le président du conseil d’administration et le directeur général sportif de la JSK n’a finalement pas eu lieu. Les deux hommes ne se seraient même pas donné la chance de s’expliquer au téléphone.
Il faut dire que ces deux hommes n’ont jamais regardé dans la même direction. Mais bien que leurs visions, leurs priorités et leurs objectifs soient différents, Medane et Ould-Ali ont jusqu’à récemment sauvé les apparences, se sont gérés et supportés mutuellement, jusqu’à ce que les échecs sportifs ne viennent lever le voile sur une situation devenue avec le temps insoutenable pour l’un comme pour l’autre. Cela étant, beaucoup ont prédit l’échec de cette collaboration. Non pas parce que les deux hommes ne s’apprécient pas (ils étaient de très bons amis avant de travailler ensemble), mais parce que Medane Hakim, de par son poste, sa personnalité, son vécu en tant que joueur et dirigeant et son expérience à la FAF, à la JSK et à la JSMB, a besoin d’être libre de ses décisions, du moins dans le domaine qui est le sien, c'est-à-dire, sportif.
Et Ould-Ali, pour exactement les mêmes raisons, avec le statut de patron de la JSK en plus, ne supportait pas que l’un de ses collaborateurs le court-circuite ou ne le consulte pas sur des dossiers et des sujets qu’il pense être en droit de trancher. Si elle est routinière pour Ould-Ali, habitué grâce à son passé militant et les postes qu’il a occupés ensuite à opérer dans ce genre d’environnement, cette guéguerre, camouflée par les bons résultats de l’équipe, a fini par épuiser Medane, mais aussi ses collaborateurs, Doudane et Saâdi, en l’occurrence.
L’origine de la brouille
«Le problème de la JSK n’est pas à mon niveau», disait Hakim Medane à l’issue du match ESS-JSK. «Beaucoup de choses se sont passées depuis le match face à Al Ahly au Caire», ajoutait-il comme pour dire que tout ne va pas bien à la JSK. Ces deux phrases, même si elles ne sont pas explicites, témoignent d’un malaise profond au sein du haut commandement du club. Hakim Medane et El-Hadi Ould-Ali ne s’entendent pas. Ils n’ont jamais été sur la même longueur d’onde. A l’origine de cette brouille : la politique de communication prônée par le président du CA, avec les joueurs, avec les différents staffs, avec le public et même avec les instances officielles, FAF, LFP, CD-LFP, wilaya et DJS… que Hakim Medane jugerait, selon des sources concordantes, «approximative, brouillonne, populiste et contreproductive».
Sachant que la direction sportive n’a aucun pouvoir sur les canaux de communication du club, exclusivement contrôlés par Ould-Ali. Autre grief reproché à Ould-Ali, le manque de personnels et de moyens dans les départements sensibles comme l’administration, le service juridique, le secrétariat général et la communication.
Mobilis doit intervenir et vite!
«Medane n’aime pas quand Ould-Ali communique sur le volet sportif, parle des objectifs, du mercato, des joueurs, de l’entraîneur sans être consulté au préalable. Selon lui, ces questions doivent être coordonnées, étudiées et réfléchies», nous dira une source du club, qui ajoute : «Même la gestion de la tribune officielle et des invitations contrôlées par Ould-Ali ne passe pas.» Un proche du président du CA nous dira quant à lui que ce dernier trouve que Hakim Medane outrepasse ses prérogatives et agit dans le club comme s’il était le «patron».
Les choses sont arrivées au point où, même la démission d’un élément clé du nouveau projet JSK, Medane en l’occurrence, ne fasse réagir le premier responsable du club. Ni communiqué, ni réunion, ni convocation...tout ce que l’on sait, c’est que Medane aurait essayé d’appeler Ould-Ali le lendemain du match de Sétif, sans succès et que ce dernier a tenté le lendemain de le joindre, sans succès également. Le soir même, un émissaire d’Ould-Ali a informé Medane que le président souhaite le voir au bureau et que ce dernier lui a répondu qu’il était très malade, alité, et qu’il se déplacerait au stade dès que sa santé le lui permettrait. Hier, pour la séance du soir, le directeur général sportif s’est présenté à l’entraînement mais pas Ould-Ali. Nous avons tenté de joindre les deux responsables ces derniers jours, en vain. Cela nous emmène à Mobilis, propriétaire du club : qu’attend-il pour intervenir afin de mettre fin à cette situation ? Et pour reprendre la déclaration de Hakim Medane à Sétif : «Cela ne peut plus continuer comme ça.»
K. M.





