Belmellat : «Hadid mérite une convocation en équipe nationale A’»

Publié le : 4 Juin 2025

S’il y a bien un joueur qui a nettement progressé et qui a brillamment participé au grand retour de la JSK sur la scène continentale, c’est bel et bien le gardien Mohamed Hadid. Relégué au troisième rang en début de saison, Hadid a pleinement profité de la blessure de Gaya Merbah et du manque d’expérience de Benrabah pour s’imposer et devenir l’un des cadres de cette équipe. Et celui qui a été largement derrière cette progression, n’est autre que l’entraîneur des gardiens de but, Farid Belmellat. Ce dernier, que nous avons contacté hier matin, a accepté de nous dévoiler tous les secrets qui ont fait de Hadid un gardien qui pourrait bientôt frapper aux portes de l’EN.

 

Vous rentrez d’Égypte après une expérience  avec le Modern Future Club. Maintenant que cela est derrière, que retenez-vous de cette expérience ?

C’était une belle expérience. Nous avons réussi à redresser la situation et à atteindre l’objectif qui nous a été assigné, ce qui n’était pas gagné d’avance. Le travail a été intense, mais cela en valait la peine. Nous sommes rentrés au pays il y a quelques heures à peine. D’ailleurs, je dormais quand vous m’avez appelé (rire). Cela prouve à quel point cette aventure a été prenante et fatigante, mais aussi très enrichissante sur le plan professionnel et humain.

 

Si nous avons décidé de vous contacter, c’est pour un sujet bien spécifique, celui du jeune gardien de but de la JSK, Mohamed Hadid. Un élément que vous avez eu sous votre coupe en début de saison. Que pensez-vous de son évolution cette saison ?

Sincèrement, je ne suis pas surpris. J’ai toujours dit que Hadid possède un immense potentiel. Lorsque nous sommes arrivés à la JSK, il était troisième dans la hiérarchie. Devant lui, il y avait Gaya Merbah et Benrabah, qui venait de remporter la Coupe d’Algérie avec la réserve. Un troisième gardien se sent souvent marginalisé, et c’est ce qui s’est produit avec Mohamed Hadid. Il semblait mis de côté, mais il n’a jamais baissé les bras. Il a continué à travailler dans l’ombre avec beaucoup de sérieux.

 

Comment expliquez-vous qu’il ait réussi à rebondir ? Y avait-il une préparation spécifique à l’intersaison  ?

Je suis quelqu’un de loyal envers mes joueurs. Hadid n’était pas au mieux moralement et physiquement. Il était en surpoids, mais je ne l’ai pas abandonné. Au contraire, je l’ai accompagné quotidiennement, en le motivant. Je lui disais souvent : « Fais-moi confiance et tu ne seras pas déçu.» Je ne saurais l’expliquer, mais j’avais ce pressentiment qu’il allait s’imposer comme numéro un. J’ai adapté les séances à ses besoins : travail de réflexes, de placement et de relance. Il a adhéré à tout. On a également beaucoup travaillé sur l’aspect mental, car un gardien doit avoir une grande confiance en soi.

 

Qu’est-ce qui vous faisait croire qu’il pouvait devenir titulaire ?

Dès le départ, j’ai vu chez lui un joueur très sérieux, impliqué, à l’écoute et surtout respectueux. Il est gentil, humble et travailleur. Je l’avais averti que Merbah pouvait être appelé en équipe nationale, donc qu’il devait être prêt à tout moment. Le football est une affaire d’opportunités, et il a su saisir la sienne. Il ne faut pas oublier non plus Benrabah, qui a démarré comme numéro deux. Il a des qualités indéniables et a assuré, même si c’est toujours délicat pour un jeune d’être propulsé titulaire dans un club aussi exposé que la JSK. La concurrence entre eux a été saine et bénéfique.

 

C’est à partir du match face à l’USMK que vous avez décidé de lancer Hadid. Comment cette décision a-t-elle été prise ?

Après la défaite face au MCO, je me suis entretenu avec Abdelhak  Benchikha. J’ai voulu le convaincre de la valeur de Hadid. Je lui ai dit clairement que je me portais garant de ses qualités, que ce jeune méritait sa chance. Il a accepté, et la suite lui a donné raison. Depuis ce match, Hadid n’a cessé de monter en puissance. Il a su saisir cette chance avec intelligence et sang-froid, sans se laisser gagner par la pression. Chaque match était pour lui une occasion de prouver davantage.

 

Ça s’est joué entre vous au feeling   

Oui, le courant est immédiatement passé. Je vais vous raconter une anecdote (Rires). Je savais qu’il appréciait particulièrement les sandwichs d’un snack à Beni Douala, celui d’Aâmi Rabah. Officiellement, c’était interdit, bien entendu. Mais je lui disais : «Si tu assures sur le terrain, je ferme les yeux… » Et à chaque bon match, il me disait en rigolant : «Coach, aujourd’hui je peux y aller ?» Ce sont des moments qui renforcent la relation de confiance entre un joueur et son entraîneur. Cela fait partie de la gestion humaine du groupe. Les petits gestes et les clins d’œil complices aident aussi à construire de grandes performances.

 

Malgré ses performances et ses nombreux clean sheets, Hadid n’a pas été appelé avec l’équipe nationale A’. Pensez-vous qu’il le mérite ?

Franchement, oui. Quand une équipe occupe la première ou deuxième place au classement, c’est que son gardien a assuré. Donc, une convocation aurait amplement méritée. Je respecte les choix du staff de Madjid Bougherra, il observe tout. Et je reste persuadé qu’ils finiront par lui offrir cette chance. Hadid a le profil pour être utile à la sélection des locaux. Il est jeune, talentueux et discipliné. C’est exactement le genre de joueur sur lequel on peut miser à l’avenir. Et porter les couleurs de la sélection serait une belle récompense pour ses efforts.

 

Que diriez-vous sur le parcours de la JSK, à trois journées de la fin ?

Je suis sincèrement heureux de voir la JSK aussi bien placée. Cette équipe revient de loin. Le travail accompli dans la phase retour est remarquable. J’espère de tout mon cœur la voir couronnée championne. Les gens oublient parfois, mais nous avons aussi contribué à ce renouveau. Quand nous sommes partis, la JSK était en tête, même si certains concurrents avaient des matchs en retard. Cela n’enlève rien au travail fourni et aux bases que nous avons posées. On sent que l’équipe a retrouvé sa force collective, son identité et, surtout, une solidité défensive à laquelle Hadid a largement participé.

S. D.