Mourad Boukellal : «Dans 2 ou 3 saisons la JSK peut remporter la LDC »

Publié le : 5 Juin 2025

Champion d’Afrique avec la JS Kabylie en 1995, Mourad Boukellal vit aujourd’hui au Luxembourg, où il suit toujours avec une grande attention l’actualité de son ancien club. En lien étroit avec plusieurs anciens joueurs comme Medane et Doudane, il conserve des souvenirs impérissables de sa période à la JSK. Très attentif à la dynamique actuelle du club, il revient pour nous sur les progrès réalisés cette saison et sur les perspectives d’avenir.

 

Comment allez-vous Mourad ? Vous vivez toujours au Luxembourg ?

Oui, toujours. Je vis au Luxembourg depuis plusieurs années maintenant. C’est un petit pays, mais c’est l’un des plus beaux au monde, avec une qualité de vie remarquable. Je mène une vie tranquille, rythmée entre le travail et la maison. Récemment, j’ai eu le plaisir de rentrer au pays. J’ai été invité par mes anciens coéquipiers, Medane et Doudane, à Tizi Ouzou, en présence de l’ex-entraîneur Benchikha. Ils m’ont accueilli avec beaucoup de chaleur et m’ont fait visiter le nouveau stade. Franchement, j’ai été impressionné par les installations. C’est un stade aux normes internationales, moderne, fonctionnel et, surtout, symbolique pour la région. Cette visite m’a replongé dans de très bons souvenirs. La JSK mérite vraiment un tel écrin.

 

Vous continuez donc de suivre l’actualité de la JSK, malgré la distance…

Absolument. Même à des milliers de kilomètres, mon lien avec la JSK reste intact. Je suis l’équipe régulièrement, match après match. Cette saison, je suis vraiment satisfait de ce qui a été réalisé. Il y a une vraie volonté de bâtir quelque chose de solide. Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est le choix judicieux d’impliquer d’anciens joueurs dans la formation. Les jeunes catégories ont été confiées à des gens du métier, qui connaissent parfaitement l’exigence du haut niveau. C’est une décision stratégique qui va porter ses fruits dans les années à venir. Ces jeunes talents encadrés par des figures emblématiques du club seront demain le socle de l’équipe première. C’est une vision intelligente à long terme.

 

Et sur le plan sportif, que pensez-vous du parcours de l’équipe, actuellement deuxième au classement ?

Honnêtement, c’est un très bon parcours. Quand on connaît les difficultés du football algérien et les défis qu’a dus relever la JSK en début de saison, on ne peut que saluer le travail effectué. Malgré le départ inattendu de Benchikha, l’équipe n’a pas perdu le fil. Bien au contraire, elle a su rebondir. L’arrivée de l’Allemand Zinnbauer a redonné un second souffle. Depuis sa prise de fonction, j’ai vu une nette évolution dans le jeu. L’équipe propose un football plus fluide, plus cohérent, avec une vraie identité. Les résultats parlent d’eux-mêmes, la JSK reste en course pour une qualification à la Ligue des champions, ce qui aurait été inimaginable il y a encore quelques mois.

 

Vous avez côtoyé des Allemands durant votre carrière au Luxembourg. Que pensez-vous des méthodes de Zinnbauer ?

Ce que je retrouve chez Zinnbauer, c’est exactement ce qui caractérise les techniciens allemands que j’ai rencontrés, la rigueur, l’exigence et un sens aigu de la discipline. Ce sont des gens qui ne laissent rien au hasard. J’ai appris que Zinnbauer avait demandé une semaine de réflexion avant de s’engager avec la JSK. Ce détail en dit long sur son sérieux. Il a pris le temps d’analyser l’environnement, les moyens à disposition, la structure du club. Ce n’est qu’après s’être senti à l’aise qu’il a accepté. Cela montre aussi qu’il s’inscrit dans une logique de construction, pas dans un simple passage. Il veut réussir ici.

 

Faut-il, selon vous, prolonger son contrat pour garantir une continuité ?

Évidemment, c’est une évidence. Il a déjà démontré qu’il pouvait apporter une valeur ajoutée. Pour ancrer un projet dans la durée, il faut miser sur la stabilité. Le football moderne ne se bâtit pas dans l’urgence. Regardez le PSG, ils ont investi des milliards, recruté les meilleurs joueurs, changé d’entraîneur plusieurs fois. Il leur a fallu 14 ans pour gagner enfin la Ligue des champions. La raison est simple, ils ont fini par trouver un équilibre, un entraîneur qui a su faire adhérer tout le monde à un projet cohérent, Luis Enrique. La JSK est sur cette voie. Prolonger Zinnbauer serait un signal fort. Il a une vision, il sait où il va. C’est en gardant cette stabilité qu’on peut viser des titres.

 

Vous avez évoqué le passé glorieux de la JSK. En 1995, vous avez remporté la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Des souvenirs inoubliables. En 1995, nous avions un entraîneur exceptionnel, feu Harouni. Ce monsieur avait étudié en Allemagne et appliquait déjà à l’époque des méthodes de travail très avancées. Il nous a inculqué la rigueur, le professionnalisme et le respect du travail bien fait. C’était un véritable meneur d’hommes. Il ne transigeait jamais avec la discipline. Nous avions des entraînements millimétrés, une préparation physique au top et une organisation digne des grandes équipes européennes. C’est ce qui nous a permis de dominer le continent. Quand je vois Zinnbauer aujourd’hui, je retrouve certains traits de Harouni. Cela me rend optimiste pour l’avenir.

 

Donc, pour vous, la JSK peut rêver d’une nouvelle consécration continentale…

Oui, totalement. Avec le travail déjà accompli, et si la direction continue à soutenir le staff technique, je suis convaincu que d’ici deux ou trois saisons la JSK peut remporter la Ligue des champions africaine. Les fondations sont là, un bon entraîneur, un projet structuré, un nouveau stade de classe internationale et une stabilité financière retrouvée. Ce sont les ingrédients du succès. Il faut maintenant laisser le temps au projet de mûrir. Le professionnalisme ne s’improvise pas, mais je sens que la JSK est sur la bonne voie. Il faut juste faire confiance et éviter les changements précipités.

S. D.