EN : Petkovic, le temps des décisions fortes

Publié le : 20 Novembre 2025

Le succès 2-0 de l’Equipe nationale mardi à Djeddah a redonné de la couleur au visage des supporters. Les réactions, entre satisfaction et soulagement, témoignent d’un sentiment partagé : les Verts ont offert une prestation convaincante, portée par un état d’esprit irréprochable, et surtout par l’apport des jeunes alignés lors de cette rencontre. 

 

Déjà jeudi dernier, face au Zimbabwe, l’EN avait montré un visage plus entreprenant, laissant deviner de nouvelles forces de frappe. Pourtant, à la veille du stage, la cascade de blessures annonçait le pire : Chaïbi, Zidane, Bensebaïni, Tougait, Boudaoui, Atal, Gouiri et Amoura avaient des bobos et ont fini tous par déclarer forfait. Un coup dur auquel Petkovic avait anticipé en élargissant sa liste à 27 joueurs. Ce choix s’est avéré déterminant : la polyvalence et la complémentarité du groupe ont permis d’éviter le moindre sentiment de manque.

 

De quoi expliquer l’optimisme actuel… mais pas de quoi évacuer les zones d’ombre. Car si la dynamique semble positive à un mois de la CAN, une question lourde plane au-dessus de ce stage : Petkovic osera-t-il prolonger la révolution ? Était-ce une réaction forcée aux forfaits, ou une vraie volonté de bousculer la hiérarchie ?

 

Interrogations


Difficile d’y répondre tant la balance penche, selon l’angle, d’un côté comme de l’autre. Car si certaines trouvailles se sont imposées, les retours à venir rebattent complètement les cartes. Chaïbi, par exemple, devra composer avec une nouvelle concurrence. Mais on voit mal comment le sélectionneur pourrait se passer d’un cadre comme Tougaï. Sa convocation en début de stage, malgré son manque criant de compétition, était un signal clair. Petkovic savait que Belaïd avait le potentiel requis, mais a sciemment protégé ses cadres. L’exemple de Tougait en est la parfaite illustration.

 

Quant à Bensebaïni, inutile de s’étendre : sa place à la CAN est indiscutable. Véritable pilier du groupe, unique gaucher parmi les axiaux, il s’impose naturellement dans le onze. Cela impactera directement Belaïd, dont la titularisation risque de ne pas s’inscrire dans la durée. D’autant qu’en parallèle, Mandi reste un incontournable, deuxième capitaine, et Chergui, en pleine ascension, apparaît comme une option de choix pour l’avenir. Sa polyvalence, précieuse, en fait même un candidat naturel pour succéder à Mandi dès l’été prochain, lorsque le Lillois annoncera sa retraite internationale.

 

Polyvalence


D’ici là, Chergui apporte une double solution : axial ou latéral droit, il a même refoulé Belghali sur le banc. Ce détail n’en est pas un : il pourrait pousser Petkovic à céder Atal à la sélection A’, d’autant plus qu’au poste, Hadjam et Dorval, eux aussi polyvalents, offrent des solutions de dépannage crédibles. Au milieu, Boudaoui, forfait mais pressenti titulaire, a malgré lui permis de redonner du crédit à Zerrouki, auteur d’une prestation solide et d’une révision bienvenue de certaines idées reçues. Son retour rebattra encore les cartes, tout comme le dossier Titraoui : intéressant face au Zimbabwe, mais pas encore totalement “validé” par le sélectionneur si l’on lit entre les lignes  ses déclarations.

 

Mahrez

 

Dans le registre de la récupération toujours, la mise à l’écart de Bentaleb a surpris. Beaucoup murmurent qu’il reviendra dès le prochain rassemblement, cette mise de côté n’étant qu’un moyen de laisser les jeunes étaler leur talent avant d’être intégrés durablement. En attaque, la situation est encore plus délicate. Amoura, meilleur buteur actuel de l’EN, était absent à Djeddah mais sera forcément de retour à la CAN, ce qui modifiera inévitablement les plans. Hadj Moussa, lui, a frappé fort : sa performance a séduit, même si l’on a vu deux visages du joueur – discret en première période, brillant en seconde dans son poste de prédilection.


Pousser la logique jusqu’au bout


Cette évolution, combinée à son repositionnement sur le côté droit, ouvre une réflexion tactique pour Petkovic : et si Mahrez revenait derrière l’avant-centre, une zone où il a montré de belles prédispositions ? Une solution qui résoudrait un problème… tout en en créant un autre : où placer Aouar ? Le joueur d’Al Ittihad, pourtant à l’aise dans la région, n’a pas joué son meilleur match, dans une position qui ne lui sied pas. Ryad, pour sa part, peine encore à s’imposer sur son couloir habituel mais ne verrait pas d’inconvénients à finir en beauté derrière Bounedjah, ce qui le rendrait encore plus efficace proche du but. 


Le chantier reste donc ouvert, d’autant que le staff hésite encore sur le schéma définitif : défense à trois centraux ou défense à plat ? La tendance se dirige vers des choix adaptés à l’adversaire, impliquant des compositions mouvantes au milieu. Une certitude toutefois : la polyvalence sera un critère central de sélection.

Le maintien de Dorval dans la liste malgré son faible temps de jeu, en octobre, le confirme. Le milieu en mouvement, les permutations et la flexibilité tactique aperçues face à l’équipe de Renard seront les nouveaux marqueurs du jeu algérien. Les cadres ont compris qu’aucune place n’est acquise. Reste à savoir si Petkovic aura le courage de pousser la logique jusqu’au bout, de trancher sans trembler et de placer l’intérêt collectif au-dessus de tous les egos.

S. M. A.