Amrouche: « La JSK doit se renforcer pour la saison prochaine »

Publié le : 10 Juin 2025

Toujours dans notre série d’entretiens avec les anciens joueurs de la JSK, nous avons pris attache avec Rezki Amrouche, ex-défenseur des Canaris. Très lucide dans l’analyse de la situation actuelle de l’équipe, Amrouche nous livre un avis tranché et sans langue de bois sur l’effectif, le niveau du championnat, le coach Zinnbauer et les ambitions africaines du club.

 

Saha Aïdak, comment allez-vous ? Que devenez-vous aujourd’hui ?

Saha Aïdkom à vous aussi. Je vais très bien, Dieu merci. Je reste toujours dans le domaine du football, c’est ma passion. J’ai décidé de me lancer dans un nouveau projet, une académie de football que je compte inaugurer officiellement au mois de septembre. Mon objectif est de transmettre mon expérience aux jeunes et de former une nouvelle génération de footballeurs, bien encadrés et bien structurés. Sinon, je suis toujours avec beaucoup d’attention les nouvelles de la JSK, notre club de toujours. Récemment, j’ai même assisté au match contre la JS Saoura. Pour vivre le match tranquillement, j’ai pris mon billet comme tout le monde, je me suis fondu dans la masse et je me suis même déguisé pour ne pas être reconnu dans les tribunes. C’était important pour moi de voir cette équipe de près.

 

On imagine que vous avez été impressionné par le nouveau stade…

Franchement, oui. C’est un stade magnifique, conforme aux normes internationales. Une vraie fierté pour la région. Mais honnêtement, ce stade met aussi en lumière certaines lacunes de l’équipe. Bien sûr, il y a des jeunes prometteurs dans l’effectif, techniquement doués, mais on sent un manque flagrant d’expérience. L’équipe doit absolument être renforcée, notamment en prévision de la prochaine saison. L’adaptation à un tel stade n’est pas facile pour tout le monde. Les joueurs étaient habitués à des terrains plus petits. Là, dans une enceinte aussi imposante, certains se sentent déstabilisés, ce qui explique en partie les mauvais résultats à domicile.

 

Vous pensez que cette enceinte influe autant sur les performances ?

Totalement. Regardez les chiffres, la JSK a perdu ou laissé filer 13 points chez elle cette saison. Ce n’est pas un hasard. L’équipe se débrouille beaucoup mieux à l’extérieur, ce qui est paradoxal. Je pense que c’est lié à une perte de repères. Les joueurs n’ont pas encore apprivoisé ce nouveau terrain. Il faut du temps pour s’adapter à une telle infrastructure. Et surtout, il faut des joueurs d’un certain calibre pour évoluer sereinement dans un tel cadre.

 

Que faut-il faire, selon vous ?

La JSK doit recruter intelligemment. Pas de stars, mais des joueurs chevronnés, capables de tenir la baraque dans les moments difficiles. Aujourd’hui, nous avons des joueurs de ballon, c’est vrai, mais pas forcément des joueurs de football. Ce que je veux dire, c’est que beaucoup manquent de culture tactique, de lecture du jeu, de gestion de la pression. C’est pour ça qu’on voit l’équipe paniquer à domicile. Il faut des joueurs d’expérience, capables d’encadrer les jeunes, de les canaliser. Et surtout, des joueurs qui savent ce que représente le maillot de la JSK.

 

Certains joueurs vous ont-ils tout de même convaincu, non ?

Oui, bien sûr. Il y a de bons éléments dans cet effectif. Je préfère ne pas trop citer de noms, mais j’ai été agréablement surpris par Berkane et Akhrib, qui montrent de belles qualités. Mais je veux insister sur un joueur en particulier : Boualia. Ce garçon est bourré de talent. Il est souvent critiqué, insulté même parfois, alors qu’il a été l’un des rares à mouiller le maillot quand l’équipe jouait le maintien. Il a grandi au club, c’est un enfant de la maison. Je veux lui adresser un message : « Tu es bon, Boualia, mais tu peux devenir très bon. Continue de bosser, ne lâche rien. » Les supporters doivent comprendre qu’un jeune joueur a besoin de confiance, surtout quand il traverse une passe difficile.

 

Vous pensez que l’effectif est insuffisant pour jouer les premiers rôles ?

Oui, c’est clair. Il faut renforcer l’équipe, en particulier au milieu et en défense. Il manque un vrai meneur de jeu, un joueur capable de faire le lien entre les lignes et d’orienter le jeu. Le championnat algérien est d’un niveau moyen, donc avec une bonne organisation et des renforts ciblés, on peut facilement viser le podium. Mais pour aller plus loin, il faut voir plus grand.

 

Justement, la JSK peut-elle viser un titre africain prochainement ?

Soyons honnêtes, non. Aujourd’hui, nous n’avons pas encore le niveau du Raja, de l’Espérance de Tunis, d’Al Ahly ou du Zamalek. Ce sont des clubs structurés, avec des effectifs riches et de l’expérience sur le plan continental. Pour prétendre à une Coupe d’Afrique, il faut un projet solide, une stratégie sur plusieurs années, un recrutement cohérent. Il faut aussi apprendre à gérer les matchs à domicile. Cette saison, beaucoup d’équipes sont venues à Tizi Ouzou et ont empoché des points, simplement en se repliant bien et en profitant des erreurs de la JSK. Cela montre que nous ne savons pas encore imposer notre jeu à domicile. Il y a un vrai travail de fond à faire.

 

Quel est votre regard sur l'entraîneur Zinnbauer ?

J’ai beaucoup de respect pour lui. Il est professionnel, travailleur et il a redonné une certaine stabilité à l’équipe. Je pense qu’il faut lui laisser du temps. Cela dit, il faut reconnaître que la barrière de la langue reste un problème. J’ai moi-même joué aux Émirats, et même avec un traducteur, ce n’est jamais la même chose. Le message ne passe pas toujours comme il faut. Mais d’un point de vue purement technique, il fait du bon boulot. Maintenant, il faut qu’on l’aide, qu’on lui donne les moyens de réussir avec un effectif de qualité.

 

Selon vous, quels sont les critères pour recruter un joueur à la JSK ?

À notre époque, le défunt Mohand Chérif Hannachi était intransigeant, il n’engageait que des internationaux. Pour lui, c’était la base. Et il avait raison. Aujourd’hui, on doit s’inspirer de cette rigueur. Le maillot de la JSK est lourd. Il ne peut pas être porté par n’importe qui. Il faut cibler des joueurs d’expérience, qui ont déjà prouvé quelque chose. Des jeunes, on en a plein, et certains sont très talentueux. Mais il faut les entourer. Sincèrement, et sans vouloir manquer de respect à qui que ce soit, plusieurs joueurs actuels n’ont pas le niveau pour défendre les couleurs de la JSK.

S. D.