Fawzi Rahal : « Avec Zinnbauer, la JSK remportera la LDC dans deux ou trois ans »

Publié le : 11 Mai 2025

Ancien joueur de la JSK, Fawzi Rahal suit toujours avec passion le parcours du club de cœur. Joint hier après-midi, il nous a accordé cet entretien dans lequel il revient sur l’état actuel des Canaris, l’apport de l’entraîneur Zinnbauer, les joueurs qui l’ont marqué, cette saison, et ses souvenirs personnels avec le club kabyle. Malgré des offres séduisantes à l’époque, notamment de l’USMA et de l’ESS, Rahal a choisi la JSK. Un choix dicté par le cœur, qu’il ne regrette aucunement.

 

Vous n’avez pas encore pris votre retraite. Que devenez-vous aujourd’hui ?

Effectivement, je n’ai pas encore raccroché les crampons. Tant que je peux apporter quelque chose sur le terrain, je continuerai à me battre et à mouiller le maillot. Actuellement, je défends les couleurs de mon village natal, Sidi Aïch. Nous avons entamé la saison avec l’ambition de jouer l’accession, et jusqu’ici nous sommes toujours en course. J’espère que nous atteindrons cet objectif. C'est un beau projet où les jeunes du village sont très investis, et cela me motive à continuer. Je suis aussi un peu impliqué dans la formation des jeunes, car transmettre ce que j'ai appris fait partie de ma philosophie.

 

Vous continuez donc à suivre l’actualité de la JSK…

Bien sûr ! La JSK reste mon club de cœur. J’ai assisté à quatre matchs cette saison. Le début de saison a été un peu compliqué, avec un fond de jeu peu convaincant. On sentait que l’équipe peinait à trouver son rythme. Mais depuis quelques semaines, je constate un changement radical. L’équipe est métamorphosée, elle propose un jeu plus fluide, plus cohérent et les résultats suivent. C’est une vraie satisfaction. J'ajouterais aussi que les supporters jouent un grand rôle. Leur ferveur pousse l'équipe à se surpasser.

 

L’arrivée de Zinnbauer a-t-elle été déterminante dans ce renouveau ?

Absolument. Le travail de Zinnbauer est remarquable. Il a transformé cette équipe. Même avec un effectif moyen, la JSK réussit à s’imposer face à de très bonnes équipes. Le jeu est plaisant, les combinaisons sont variées et il y a une vraie identité de jeu qui se dégage. Ce que je trouve important, c’est que Zinnbauer est un technicien de haut niveau, avec une vision claire et moderne du football. Il mise sur la discipline, l'organisation et la gestion humaine. Si la JSK parvient à le garder sur le long terme, je suis convaincu qu’elle remportera la Ligue des champions d’Afrique dans deux ou trois ans. C'est quelqu'un qui sait comment construire une équipe sur le long terme et il faut lui faire confiance.

 

Que faut-il, selon vous, pour atteindre cet objectif continental ?

Il est impératif de renforcer l’effectif. La JSK aura besoin d’au moins six ou sept recrues de qualité. Un défenseur central solide, deux latéraux capables de défendre et d’apporter offensivement, deux ailiers percutants et un attaquant de pointe efficace. Il ne faut pas se contenter de recruter localement. Il faut viser des profils africains ou étrangers, comme le font les grandes formations du continent. Le recrutement doit être ciblé, avec des joueurs taillés pour les compétitions africaines. Il faut aussi anticiper les blessures et les suspensions, car la saison est longue. Le banc doit être aussi performant que le onze titulaire.

 

Depuis le début de la phase retour, la JSK semble inarrêtable. Quels joueurs vous ont le plus marqué ?

Plusieurs joueurs méritent d’être cités, mais je commencerais par Berkane. J’ai été moi-même pour quelque chose dans son arrivée au club car je voyais en lui un grand potentiel. C’est un attaquant complet avec un gabarit impressionnant, une grande puissance physique et surtout un sang-froid remarquable devant les buts. Il ne subit pas la pression, ce qui est rare à son âge. Je suis convaincu qu’il peut aller loin et même jouer en Europe. Il est encore jeune, il a besoin d’être encadré et accompagné dans sa progression. Ensuite, il y a Babacar Sarr, un joueur intelligent, qui stabilise l’entrejeu avec une grande lucidité. Il est précieux dans l’équilibre de l’équipe. Ces deux éléments symbolisent la montée en puissance de l’équipe.

 

Et que pensez-vous de Lahlou Akhrib, souvent cité parmi les révélations ?

Lahlou est un jeune très talentueux. J’ai été déçu par les critiques injustes qui l’ont ciblé. Un ancien entraîneur l’a descendu publiquement, ce qui aurait pu briser sa confiance. Heureusement, Zinnbauer l’a relancé. Ce que j’aime chez le coach, c’est qu’il est impartial. Il donne leur chance à ceux qui la méritent à l’entraînement, sans favoritisme. Lahlou a répondu présent et sa convocation en équipe nationale A’ est amplement méritée. Il a un profil moderne, capable de jouer dans plusieurs postes, ce qui est un atout précieux pour un entraîneur.

 

La JSK peut-elle aller chercher le titre, cette saison ?

Tout est encore possible. Il reste six matchs et chaque point comptera. Ce qui me rassure, c’est l’état d’esprit des joueurs. Ils ne lâchent rien, que ce soit à domicile ou à l’extérieur. La phase retour est quasiment parfaite. S’ils continuent avec cette intensité et cette concentration, ils peuvent décrocher le titre. Il ne faut pas se laisser distraire par les autres concurrents. Le groupe semble très uni, et la cohésion est essentielle dans ces moments cruciaux.

 

Un mot sur le match important contre le MCEB, ce lundi ?

Ce sera un match très disputé. Le MCEB est une équipe solide surtout à domicile. Mais avec la dynamique actuelle de la JSK, je pense qu’elle peut obtenir un bon résultat. Ce genre de rencontre se joue souvent sur des détails. Un nul ou une victoire serait idéal, pour rester dans la course au titre. Il faudra être concentré de la première à la dernière minute. L’entame de match sera très importante.

 

Quel est votre plus beau souvenir sous les couleurs de la JSK ?

Il y en a tellement, mais si je devais en retenir un, ce serait le jour où j’ai décidé de signer à la JSK. J’étais dans le bureau du président de l’USMA. Il m’a proposé un chèque de 1,2 milliard et un salaire mensuel très élevé. En sortant, j’ai pris une grande décision, refuser l’offre et suivre mon cœur. Mon rêve a toujours été de jouer pour la JSK. Porter ce maillot, c’était plus qu’un objectif professionnel, c’était une promesse personnelle. Je ne regrette rien. C’était un honneur pour moi et ma famille. Lors de ma première saison, nous avons terminé deuxième du championnat et participé à une compétition africaine. C’est une expérience gravée à jamais dans ma mémoire. Aujourd'hui encore, j'ai encadré le maillot de cette époque, accroché fièrement au mur de ma chambre. Je voudrais aussi dire que j’avais opté pour la JSK au moment où les joueurs refusaient de porter ce maillot, notamment après le décès d’Albert Ebossé.

S. D.