Mohamed Derrag revient sur le titre de 2010, son départ du Mouloudia, et donne son avis sur le derby face au CRB. Champion d’Algérie en 2010 avec le Doyen, Mohamed Derrag n’a rien oublié de son passage au sein de son club de cœur. Dans cet entretien exclusif, il revient avec émotion sur cette saison historique, son départ controversé, son but face au MCA avec le CRB et livre son regard sur le choc de ce lundi.
Que devient Mohamed Derrag ?
Je me suis installé en Espagne où je poursuis ma carrière de footballeur à 40 ans à Orihuela Costa, un club de 5e division. Nous sommes actuellement au milieu du tableau, mais à six points du premier. Nous sommes également bien partis pour disputer la finale d’une coupe régionale, puisque nous avons gagné 3-0.
Mohamed, vous avez remporté plusieurs titres dans votre carrière, mais que représente pour vous celui de 2010 avec le MCA ?
L’année 2010 restera gravée à jamais dans ma mémoire. C’est le plus beau titre que j’ai gagné dans toute ma carrière, car c’est avec le club de mon cœur. C’est vrai, j’ai remporté des trophées ailleurs, notamment avec la JSK, mais celui avec le Mouloudia est très spécial.
Après ce sacre, votre départ a suscité beaucoup de commentaires. Pourquoi avoir quitté le MCA ?
Oui, beaucoup de choses ont été dites. Je préfère tourner la page, mais je le jure devant Dieu : je n’ai jamais quitté le Mouloudia pour l’argent. Après l’année du titre, j’ai eu une grave blessure avec l’Equipe nationale, et à mon retour, le club a refusé de prolonger mon contrat. Je pensais y revenir. On m’a même promis certaines choses, mais les promesses n’ont pas été tenues. Finalement, j’ai signé au CRB.
Vous avez justement rejoint le CRB avec lequel vous avez marqué un but décisif contre le Mouloudia en 2016. Parlez-nous de ce moment ?
C’était le 16 janvier 2016, un derby au stade du 20-Août. À la 88e minute, j’ai inscrit le but de la victoire pour le CRB. Ce but, je ne l’oublierai jamais. Je ne pensais jamais affronter le club de mon cœur, et ce jour-là, j’ai pleuré. Des larmes de joie, en voyant les supporters du CRB, mais aussi de tristesse en regardant la tribune du Mouloudia. J’étais complètement bouleversé.
Suivez-vous le parcours du Mouloudia cette saison ?
Oui, bien sûr. Ils sont dans la continuité, et je pense qu’ils sont bien partis pour conserver le titre, Inch’Allah.
Le derby de lundi contre les Belouizdadis est-il décisif pour le titre ?
Oui, ce match peut tout changer. Pour moi, le titre se jouera ce lundi. Si le Mouloudia gagne, il sera à 80 % champion, même si les matchs contre l’ESS et l’USMA seront aussi très difficiles.
La JSK, votre ancien club également, est aussi en embuscade dans la course au titre…
Effectivement, la JSK peut créer la surprise. Elle a fait une remontée spectaculaire au classement sans faire de bruit. Je pense qu’on saura un peu plus sur l’identité du futur champion dès ce lundi.
Le Chabab sera privé de Mahious, Benguit et Khacef. Est-ce un avantage ?
Oui, c’est un coup dur pour le CRB. C’est dommage qu’un si grand derby se joue à huis clos, mais sur le papier, le Mouloudia est favori.
Que pensez-vous des choix tactiques de l’entraîneur Ben Yahia ?
Je suis mal placé pour juger. Le coach vit avec le groupe, il connaît l’état de forme des joueurs. Que ce soit en 4-3-3 ou en 4-4-2, c’est à lui de décider.
Les attaquants de couloir ont souvent été décisifs. Qu’en pensez-vous ?
C’est vrai. Notre force en 2010 venait des couloirs. Aujourd’hui, Kipré est très en forme, et je pense que Messoussa peut être une des clés de ce derby.
Voyez-vous un joueur faire la différence lundi ?
Oui, je vois Bangoura marquer. C’est un avant-centre explosif. Il n’a pas marqué récemment, mais on lui a privé de deux penalties contre Akbou et Biskra.
Que représente pour vous le fait d’avoir porté le maillot du Doyen ?
C’est un honneur. J’ai écrit une petite page dans ce grand club. Je reste fidèle à ses couleurs en tant que supporter, et je vais souvent au stade pour voir le Mouloudia.
Un dernier message pour les Chnaoua ?
Je leur demande de rester derrière l’équipe comme ils l’ont toujours fait. Inch’Allah, on fêtera ensemble le deuxième titre consécutif à la fin de la saison.
M. Z.