Pour la première fois de son histoire, l’équipe nationale féminine disputera un quart de finale de Coupe d’Afrique des Nations. Ce rendez-vous historique se jouera ce soir à 17h au stade municipal de Berkane, face au Ghana. Finalistes à trois reprises, les Ghanéennes n’ont plus atteint le dernier carré depuis 2016. À la veille de ce choc décisif, le sélectionneur Farid Benstiti a pris la parole avec franchise et émotion, partageant sa fierté, son exigence, mais aussi sa vision tactique avant ce tournant majeur dans l’histoire du football féminin algérien.
« Beaucoup de fierté, mais pas de surprise »
Benstiti insiste d’emblée sur le travail accompli et la valeur humaine de son groupe. Pour lui, cette qualification historique ne relève absolument pas du miracle : «Beaucoup de fierté mais pas de surprise, car on connaît la qualité de notre groupe. C’est un peu le fruit d’un travail de deux ans et demi, qui est en train de se concrétiser. Je suis surtout fier du comportement de nos joueuses, du staff, de tous ceux qui entourent notre délégation. Mais ce n’est pas fini, on est déjà passé à l’étape suivante, celle des matches à élimination directe».
« Produire du jeu, prendre des risques, c’est notre identité »
Connu pour ses convictions offensives, le sélectionneur assume une philosophie de jeu tournée vers l’avant, malgré des statistiques défensives impressionnantes au premier tour : «Je ne suis pas un acharné des aspects défensifs, même si je sais les gérer quand il le faut. Mais le profil de nos joueuses impose qu’on leur laisse la capacité de maîtriser le match. Laisser le ballon à l’adversaire dans ce tournoi, c’est se compliquer la tâche».
Face au Ghana, Benstiti ne compte pas renier cette identité : «On va continuer à produire du jeu, car c’est ce qu’on fait depuis le début. Dans ces grandes compétitions, on ne gagne pas sans prendre de risques. On assume cela».
« On doit être plus agressif dans les trente derniers mètres »
Mais le technicien est également conscient que, pour franchir ce cap, son équipe devra faire preuve d’une intensité encore supérieure, notamment dans les zones de vérité. «On ne changera pas notre philosophie offensive, car c’est devenu notre force. En revanche, on doit être encore plus durs dans les duels, derrière, au milieu et devant. Il va falloir qu’on soit beaucoup plus agressives dans les trente derniers mètres.» Un travail entamé dès la fin de la phase de groupes, dans l’optique de hausser le niveau de compétitivité : «C’est là-dessus qu’on travaille depuis notre qualification. Il faut pousser le Ghana dans ses derniers retranchements, et cette fois, concrétiser nos occasions. Un quart de finale se joue aussi dans l’efficacité».
« Le groupe vit bien, et c’est ce qui fait notre force »
Au-delà de l’aspect technique, Benstiti insiste sur les valeurs humaines qui fondent son groupe. La solidarité, le respect et l’accompagnement des joueuses blessées ou en difficulté ont été au cœur de son projet.
«Depuis mon arrivée, on a défini un projet, pas seulement sportif, mais un projet de vie. Le choix des joueuses a été essentiel. J’ai maintenu Naïma Bouhenni avec nous malgré sa blessure, parce qu’on ne laisse personne derrière. Pareil pour Morgane Ikene, qui a finalement joué contre le Nigeria. Imane Chebel faisait aussi partie intégrante du groupe dans ma tête malgré les difficultés qu’elle a connues au Canada et en Australie.»
Pour Benstiti, c’est aussi cette fidélité et cette cohésion qui permettent aujourd’hui au groupe d’aller loin.
«Tout cela forge une vraie solidarité. On est un peuple qui a besoin de ça. Dans les moments difficiles, on est toujours solidaires.»
« Le peuple algérien est toujours derrière son équipe »
Conscient de l’impact symbolique de cette performance, Benstiti rappelle l’attachement du public algérien à ses sélections, peu importe la catégorie ou le genre. «J’ai toujours dit que si vous créez de l’enthousiasme, les gens vous soutiendront parce que vous avez le drapeau national sur le cœur. Que ce soit une équipe U14 ou une équipe féminine en quart de finale, le peuple algérien est là. Et il le sera dimanche.»
« Pas d’appréhensions pour ce quart »
Fort de son expérience dans le football de haut niveau, notamment en Ligue des champions féminine avec Lyon et le PSG, Farid Benstiti aborde cette rencontre comme un rendez-vous d’élite : «Je n’ai pas d’appréhension pour ce quart. J’en avais plus pour les trois premiers matchs. Là, je le vis comme une demi-finale de Ligue des champions avec Paris ou Lyon. On va en profiter, mais on devra surtout être efficaces. C’est ça, le mot-clé : efficacité». Le rendez-vous est donc pris : Algérie – Ghana, ce samedi à 17h au stade municipal de Berkane. Les Verts version féminine n’ont jamais été aussi proches d’écrire une page mémorable de l’histoire du football algérien.
S. M. A.