Djadaoui : «Le problème de l’EN, ce sont les médias»

Abdelghani Djadaoui, l’ancien sélectionneur national, juge que les médias algériens mettent trop de pression sur Gourcuff et sa bande. Il n’écarte pas l’idée de voir le technicien breton s’en aller «vite fait».

Que pensez-vous des deux dernières prestations de l'Algérie, qui a perdu contre la Guinée et a battu petitement le Sénégal ?

Ce sont deux matchs amicaux de préparation, il y a eu une revue d'effectif, c'est plutôt le sélectionneur national qui peut vous dire ce qu'il a fait.

L'EN a du mal à se produire au stade du 5-Juillet. Le public algérois fait-il peur ?

Je ne le sais pas, cela a toujours été une grande question. Mais il est vrai que ce stade ne réussit pas trop à la sélection nationale.

Ce fut le cas aussi lorsque vos étiez le sélectionneur national...

C'est vrai, cela ne m'a pas beaucoup souri, mais cela a été le cas également de beaucoup d'autres sélectionneurs nationaux.

La pression est telle que ce stade a été dénommé le tribunal, qu'en dites-vous ?

Il faut toujours obtenir un résultat, sinon… Il faut un déclic pour que la donne change, j'espère qu'on l’obtiendra bientôt pour donner une certaine confiance au sélectionneur et à l'équipe.

Christian Gourcuff évoque pour la première fois sa démission, peut-on dire qu'il panique ?

S'il est critiqué pour avoir effectué une revue d'effectif durant deux matches amicaux, ce n'est pas encourageant pour la suite. Le problème, ce sont les médias. Il faut gagner 4-0 ou 5-0 pour être bien avec la presse.

Mais il n'y a pas que ça, Gourcuff n'a pas apprécié que le public siffle ses joueurs...

Quand l'équipe ne gagne pas, les supporters ne se rendent même pas compte que le coach a fait des retouches, qu'il a essayé d'améliorer l'équipe ou qu'il a voulu voir d'autres joueurs. Gourcuff est à la recherche d'une équipe, cela le public ne le comprend pas. En plus, la presse n'arrange pas tout, c'est sûr.

Vous avez été sélectionneur national, vous n'avez pas réagi comme Gourcuff...

Mais moi, c'est la presse qui m'a tué aussi ! On ne vous laisse pas le temps, il faut des résultats immédiats, sinon vous êtes foutu, c'est tout. Malheureusement, ça se passe comme ça pour tous  les sélectionneurs du monde, pas uniquement l'Algérie. Quoique je dois dire que c'est un peu plus pressant en Afrique, particulièrement en Afrique du Nord. Il y a une grosse pression qui est exercée, il faut des résultats, sinon vous n'êtes pas le bienvenu, ça c'est sûr. Lors des prochaines joutes éliminatoires, si Gourcuff n'obtient pas des résultats, il va partir vite fait.

Donc, il risque lui aussi d'être broyé par les médias ?

Pourquoi, selon vous, Vahid Halilhodzic faisait-il le minimum du minimum quand il s'agissait d'accorder des interviews aux journalistes algériens ? Les médias n'arrangent pas les choses. Nous avons un public très, très chaud, si en plus les médias se mettent à casser l'équipe et le sélectionneur, c'est sûr que cela ne fait pas l'affaire de la sélection nationale, bien au contraire. En France, par exemple, je vois que la critique est toujours modérée.

Ce n'est pas toujours le cas...

En tout cas, il n'y a pas une fracture directe ou des critiques très violentes qui viennent assommer les joueurs et le sélectionneur. Il y a très certainement des efforts à faire au niveau des médias pour apaiser la tension et améliorer les choses.

H. D.

 

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