Kourichi : « Je serai fou de joie si l’Algérie se venge de l’Autriche »

Publié le : 7 Décembre 2025

Nordine Kourichi était l’un des piliers de la défense en Coupe du monde 1982 quand l’Algérie a été victime d’un arrangement entre les deux cousins germains. En évoquant ce mauvais souvenir, l’ancien sociétaire de Lille et Bordeaux fait une demande : ‘'Le plus grand bonheur que vous m’offrirez est de battre l’Autriche.’’ Une phrase que l’ancien adjoint de Vahid Halilhodzic au Mondial 2014 répétera plusieurs fois pendant notre entretien avec lui hier après-midi.

 

 Votre réaction après le tirage au sort de la Coupe du monde 2026 ?


L’Argentine, c’est évident, a les moyens de passer au second tour, bien qu’elle n’ait pas le même niveau qu’en 2022 quand elle a remporté la Coupe du monde. Entre temps, Lionel Messi a pris de l’âge. Aujourd’hui, il a 38 ans, c’est certain, on ne le verra pas dans le même joueur qu’en 2022. Concernant nos chances de qualification, il faudrait que notre sélection gagne le deuxième match contre l’Autriche. Ce match sera très important pour nous.

 

 Pour le gagner, nos joueurs n’ont pas besoin d’être motivés, vous comprenez pourquoi…


Contrairement à ceux qui pensent que nous devons prendre une revanche sur l’Autriche, moi, je ne résonne pas de cette façon. On parle de revanche quand on perd un match à armes égales. Or en 1982, c’était la trahison du siècle, la cicatrice ne se refermera jamais. Même 44 ans après, pour moi, ce qu’ont fait les Allemands et les Autrichiens, c’est honteux ! Ce qui m’indispose le plus, en 1982, c'est qu'ils l’ont fait sur le dos de l’Algérie, un pays en voie de développement qui n’avait à peine 20 ans d’indépendance. Je le dis et répète, deux grandes nations combinent pour nous éliminer, c’est très honteux de leur part.

 

 Vous étiez dans les tribunes lors de ce match de la honte…


Avec Mustapha Dahleb et Daniel Hechter (célèbre couturier), et moi, nous étions effectivement au stade à Gijón. D’ailleurs quand Horst Hrubesch a marqué à la 8’ du… genou, on était en face de l’action. Après le spectacle était désolant, le seul joueur sur la pelouse qui s’est donné à fond, c’est Schachner, l’attaquant autrichien ne voulait pas salir son nom en levant le pied. Mais tout seul, il ne pouvait rien faire, hélas !

 

Pourtant l’EN aurait pu ne pas dépendre du résultat de ce match, si la veille elle avait gagné par plus de deux buts contre le Chili. Qu’en pensez-vous ?


On menait 3/0 à la mi-temps. Croyez-moi, on aurait pu mettre plus de buts. Le problème à la pause, on n’avait pas reçu d’arguments tactiques. En plus, nous les joueurs, on nous n'avait pas dit qu’il aurait suffi qu’on gagne avec un écart de deux buts contre le Chili pour passer directement au tour suivant sans attendre le résultat d’Allemagne-Autriche 1/0.

 

 Quand vous parlez d’arguments tactiques, à quoi faites-vous allusion ?


À la pause, au lieu d’essayer d’ajouter d’autres buts, il fallait fermer le jeu, et c’est tout. On a été, à mon avis, un peu gourmands, après on s’est fait piéger sur des contres chiliens qui réussiront à réduire l’écart (3/2). Une dizaine d’années après, des joueurs allemands ont fait leur mea-culpa. Mais désolé, on n’a pas besoin de leurs excuses ni de celles des Autrichiens. J’exhorte les actuels joueurs de l’Equipe nationale à battre l’Autriche en juin prochain, une victoire de notre sélection me rendra fou de joie. 

 

 En 1982, sans ce coup fourré des deux cousins germains, notre sélection aurait pu aller très loin dans la compétition, non ?


Je vais faire une petite confidence. En 1982, j’ai joué aux Girondins de Bordeaux, j’étais en contact avec plusieurs coéquipiers qui étaient présents en Espagne avec les Bleus, il y avait Bracci, Girard, Tigana, Lacombe, Giresse et Soler. L'un d’eux m’a confié que les Français nous redoutaient (si l’EN passait au second tour, elle devait croiser la France, ndlr). Dans une réunion, Michel Hidalgo (coach de la France en 1982) nous a avoué qu’il ne souhaiterait pas que les Bleus tombent sur l’Algérie au tour suivant, car pour lui, on avait une équipe dangereuse, m'a rapporté cet ancien coéquipier. C’est pour dire que notre Equipe nationale faisait peur à tout le monde, raison pour laquelle les Allemands et les Autrichiens ont triché pour nous éliminer.

 

 Revenons au tirage au sort de vendredi. La Jordanie peut-elle défier notre équipe ?

 

La Jordanie, je compare cette sélection à celle du Chili en 1982, a priori ça devrait. La clé de la qualification, comme je l’ai dit, c’est le match de l’Autriche, on doit absolument le gagner, même s’il n’est pas interdit de battre l’Argentine. En 1982, on avait l’Allemagne, non ? Les actuels joueurs sont capables de faire un tel exploit contre l’Argentine. Néanmoins, j’ai quelques réserves concernant notre équipe actuelle.

 

 Lesquelles ?


On a de très bons joueurs, malheureusement on n’a pas encore une bonne équipe. Vladimir Petkovic change constamment l’équipe-type. Or, les joueurs titulaires ont besoin de jouer longtemps ensemble afin de parfaire les automatismes. À la CAN du Maroc, Petkovic doit dégager une équipe qui sera à 80 à 90 % celle qui défendra les couleurs nationales au Mondial 2026.

 

M. Stitou