Sur les plateaux de télévision comme sur les réseaux sociaux, peu de voix se sont élevées pour s’inquiéter de l’absence d’Amine Gouiri à la prochaine Coupe d’Afrique des nations. Beaucoup estiment que « Gouiri n’est pas une pièce indétrônable du système de Petkovic ».
L’argument n’est pas infondé : le sélectionneur n’a jamais bâti son attaque autour du joueur de l’Olympique de Marseille, préférant souvent miser sur la vitesse et le sens du but de Mohamed Amoura, ou sur l’expérience de Ryad Mahrez. Souvent perçu, à tort, comme un avant-centre, Gouiri n’a jamais réellement occupé ce rôle, ni à Lyon ni à Rennes ni à Marseille. Son registre est celui d’un deuxième attaquant, excentré à gauche, poste qu’on retrouve rarement dans l’organisation tactique des Verts. Quand Petkovic l’a utilisé, c’était souvent comme ailier gauche pour suppléer Youcef Belaïli ou Amoura, ou bien pour terminer un match en soutien d’un attaquant axial, selon la physionomie de la rencontre. Mais réduire son absence à une simple perte de rotation serait une erreur. N’eût été sa blessure contractée face à l’Ouganda, Gouiri aurait très probablement pris part à la CAN : il reste l’un des joueurs les plus estimés par Petkovic. Et ses chiffres parlent pour lui. Durant les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2025, il a disputé 6 matchs (283 minutes), marqué 4 buts, délivré 2 passes décisives, transformé 1 penalty, terminant meilleur buteur et meilleur passeur des Verts, ainsi que 3e meilleur buteur de toutes les éliminatoires, avec une note moyenne de 7,31 (selon Sofascore). Des performances qui démontrent qu’au-delà des débats tactiques, Gouiri reste l’un des attaquants les plus efficaces du groupe. Et son absence risque de peser lourd, surtout dans un contexte où Petkovic doit déjà composer avec une pénurie criante d’attaquants de pointe. Trouver le bon équilibre offensif, sans son meilleur buteur des qualifications, sera sans doute l’un des plus grands défis du technicien suisse pour cette CAN.
Mohamed Amokrane Smail