EN : Boulbina, le rêve reporté

Publié le : 31 Mai 2025

La non-convocation d’Adel Boulbina, pour le stage de juin de l’équipe nationale A, a suscité une vague de consternation chez de nombreux supporters. 

Si pour le coach, qui a préféré ne pas s’attarder sur la question de l’absence du joueur, Adil n’est pas plus qu’un joueur prometteur, qui doit développer certaines qualités chez les A’ notamment, et qui ne peut donc prendre la place des éléments actuels. Sur les réseaux sociaux, l’indignation est palpable, tant les performances du jeune milieu offensif avec le Paradou AC, cette saison, ont été saluées par les observateurs. Décisif, efficace et régulier, en pleine progression : son absence de la liste de Vladimir Petkovic demeure incomprise.

Mais au lieu de céder à la polémique, le père du joueur, Farid Boulbina, a choisi une autre voie : celle de la dignité, et d’un témoignage fort. Dans un commentaire publié sur les réseaux sociaux, il a révélé qu’Adel, alors âgé de 17 ou 18 ans, avait décliné une offre très alléchante venue d’un pays du Golfe, qui n’est visiblement pas le Qatar, visant à le naturaliser. Un agent, dépêché depuis l’Angleterre, s’était même déplacé jusqu’à leur domicile pour convaincre la famille.

 

«Jamais je ne renoncerai à représenter mon pays»

Mais la réponse d’Adil fut sans équivoque : «Jamais je ne renoncerai à représenter mon pays».

Un refus admirable, motivé par une éducation fondée sur la loyauté, la fierté et la culture de la reconnaissance. Ce récit, raconté avec émotion par son père, tranche avec certaines tendances actuelles, où des jeunes talents hésitent, voire déclinent l’appel du pays, sous l’effet de propositions venues d’ailleurs. À l’heure où la Fédération doit faire face à des tentatives d’aspiration du réservoir algérien par certaines nations du Golfe, ce genre d’attachement a de quoi inspirer. Mais si l’attachement au drapeau est salué, cela ne suffit parfois pas à garantir une place. Boulbina en a fait l’amère expérience. Pourtant, ce contretemps ne doit pas être vu comme une fin en soi. L’histoire du football algérien regorge de trajectoires similaires, et l’exemple de Baghdad Bounedjah reste dans tous les esprits. Lui aussi, à l’époque de l'USMH, n’avait pas été retenu et avait dû partir à l’étranger dans un relatif anonymat, avant de revenir auréolé de succès et d’imposer son nom chez les Verts.

D’aucuns estiment que le grand perdant dans cette équation est aujourd’hui le Paradou AC. Ne pas pouvoir transférer un joueur dans la peau d’un international A diminue sensiblement la valeur de la transaction, et peut impacter les négociations. Mais sur le plan sportif, rien n’est encore perdu. La CAN 2025 et, surtout, la Coupe du monde 2026 demeurent des objectifs atteignables. À condition, bien sûr, de réussir le saut à l’étranger, d’intégrer rapidement sa future équipe, et de performer dès les premières semaines.

Pour cela, Boulbina semble avoir les épaules. La déception est réelle, mais elle peut se transformer en carburant. S’il poursuit sur sa lancée et prouve sa valeur en club, l’équipe nationale ne pourra l’ignorer éternellement. Et quand viendra son heure, ce sera avec la tête haute…

S. M. A.