JSK, les accords d’Evian

Publié le : 24 Juillet 2019

 

L’équipe de la JS Kabylie achèvera bientôt sa préparation à Evian, un site chargé d’histoire, théâtre des accords ayant scellé la libération de l’Algérie. Les Jaune et Vert s’y sont rendus hier matin, ils entendent s’en inspirer. Joueurs, dirigeants, staff technique et médical se sont donné le mot pour établir un pacte et conclure leurs accords d’Evian qui, espèrent-ils, vont libérer la JSK et lui permettre de renouer avec son passé glorieux.

 

Quand on a rallié Evian pour suivre, à la trace, le stage de préparation de la JSK, il était quasiment impossible de ne pas avoir une pensé à toute la symbolique que ce site représente et son lien fort avec la guerre de Libération nationale. Cela d’autant que quand y met les pieds, les similitudes ne manquent pas pour rappeler le paysage identique, à bien des égards, à celui qui se trouve en Kabylie. Pour cela, il suffit de juste lever la tête pour apercevoir le Mont Blanc fièrement dressé au-dessus du lac Léman rappelant, même de manière relative, son petit frère qui culmine dans le Djurdjura, avec son massif montagneux ayant abrité les valeureux martyrs qui nous permettent, aujourd’hui, de rédiger ces lignes en toute indépendance.

 

Le Mont Blanc, l’eau d’Evian, le massif du Djurdjura et son eau…

L’eau minérale d’Evian est aussi un peu là pour nous renvoyer à sa cadette du Djurdjura, bonne source de rafraîchissement qui apaise la soif. Et l’immense lac Léman pourrait se dire qu’il a également de minuscules semblables en Kabylie, de petits ruisseaux qui pourraient se rejoindre et composer son petit cousin germain. Ne dit-on pas, déjà, que les petits ruisseaux font les grandes rivières ?

Bref, les images qui s’offrent devant nos yeux sont tellement suggestives qu’on ne résiste pas à l’idée de faire le parallèle avec la JSK et songer à un article qui mettrait en valeur l’ambition  nouvelle des Jaune et Vert et leur envie de revenir sur le devant de la scène, tout en se libérant d’un passé sombre fait de plusieurs années de galère où l’équipe jouait essentiellement pour éviter les affres de la relégation.   

 

L’idée du parallèle a séduit tout le monde

C’est ainsi que dès le début du stage, on a soumis aux principaux acteurs de la JSK l’idée de nous dire quels seraient, à leurs yeux, les accords qu’ils aimeraient conclure à Evian pour qu’au retour au pays l’équipe se donne au mieux et accède au vœu de ses supporters qui rêvent de renouer avec les titres dès cette saison. L’idée a séduit plus d’un et tous ceux qu’on a sollicités dans cette perspective se sont volontiers prêtés au jeu. A mesure que le stage se déroulait, on approchait un membre important de la délégation kabyle pour recueillir son impression. Chacun nous a livré les lignes qu’il souhaite inclure dans ce qu’on a convenu d’appeler les accords d’Evian de la JSK.

 

A tout seigneur, tout honneur, le premier sollicité a été Chérif Mellal, le président du club. Celui qui a tiré la première cartouche déclenchant la révolution au sein du prestigieux club kabyle et proclamant la fin de règne de son prédécesseur ayant trôné durant plus de deux décennies.

 

Mellal : «Tous mobilisés pour gagner des titres»

N’ayant pas la langue dans la poche, il a vite dégainé. «L’accord que je souhaite passer avec mes joueurs est de toujours travailler et de rester tout le temps concentré sur nos objectifs. On va former deux équipes et tout le monde aura la chance de jouer. Après, le coach choisira qui aligner», nous a dit Mellal qui semblait inspiré par le mont portant son nom en kabyle et qu’il contemplait au loin caressant le rêve qui ne le quitte plus depuis qu’il est à la tête de ce club. «Mais il est impératif que tout le monde se sente concerné et reste mobilisé afin de gagner des titres cette saison», ajoute-t-il comme pour nous donner raison d’avoir lu dans sa pensée.

 

Velud : «Faire comme l’équipe d’Algérie»

Ensuite, au tour d’Hubert Velud, l’entraîneur en chef. «C’est fort comme sujet !», avoue l’ancien coach de l’USM Alger, l’ES Sétif et du TP Mazembe avant d’enchaîner sans peine : «Une saison réussie passe par un groupe soudé et uni. Le meilleur exemple nous vient de cette belle équipe d’Algérie qui a remporté la Coupe d’Afrique des nations 2019. C’est d’elle qu’on doit s’inspirer. Alors, le pacte que je veux conclure avec mon groupe consiste à les inviter à faire comme la sélection d’Algérie.»

 

Karouf : «Cohésion du groupe»

Mourad Karouf, l’entraîneur adjoint, abonde dans le même sens. Ce n’est pas pour rien qu’il est le bras droit de Velud et son lieutenant. «Je n’insisterai jamais assez sur la cohésion du groupe qui permet d'avoir une équipe soudée. Toutes les grandes équipes qui ont réussi et gagné des titres ont particulièrement soigné cet aspect. Alors, si on veut aller loin cette saison, il est essentiel de se soucier de la cohésion du groupe», nous laisse entendre l’ancien latéral droit international des Canaris.

 

Bencherifa : «Le travail et un bon état d’esprit»

Après, place au capitaine d’équipe Walid Bencherifa. Son propos s’avère similaire à celui du coach principal. «On doit faire comme l’équipe nationale», nous déclare l’ex-joueur du CS Constantine qu’on invitera, en brandissant le joker, à trouver un autre accord. Mais il insiste pour réitérer : «Comme l’a relevé le coach, on doit se donner le mot pour faire comme le groupe des Verts qui viennent d’être sacrés en Egypte», avant d’ajouter sa ligne personnelle aux accords d’Evian : «Avec un bon état d'esprit et le travail, on pourra réussir notre saison et rendre heureux nos merveilleux supporters», non sans rajouter une couche en assenant une dernière fois : «Faisons donc comme la sélection nationale !»

 

Hamened : «Concurrence saine comme à la grande JSK d’antan»

Aomar Hamened, l’ancien gardien de but international de la JS Kabylie et du MC Alger, a maintenant en charge les portiers kabyles. Chaque jour à Evian, en marge du groupe, il fait suer Salhi, Benbot et Hamdad, les trois keepers kabyles sous sa coupe. «Pour que les gardiens de la JS Kabylie soient au top et tirent leur épingle du jeu cette saison, il est essentiel d’établir une concurrence saine. Comme du temps de la grande JSK d'antan !», est la devise de l’homme qui s’occupe de l’ultime rempart kabyle.

 

Hourcade : «Privilégier l’intérêt commun»

Jean-Christophe Hourcade, le préparateur physique du club, a aussi sa consigne pour entretenir le moral des troupes. «Pour que notre saison soit une réussite, il est impératif de privilégier l'intérêt commun. Les joueurs ont besoin de nous et nous avons besoin d'eux. Donc, le mot d’ordre est l’intérêt commun», dit le très estimé préparateur physique français qui, à chaque séance d’entraînement, fortifie tous les secteurs de jeu de la JSK qui seront appelés à faire preuve d’endurance pour livrer bataille sur plusieurs fronts, à commencer par la Ligue des champions.

Après, s’il y a des blessures durant les durs combats de la saison, le docteur Djadjoua sera là pour les panser.

 

Dr Djadjoua : «Nutrition et sommeil, l’ACPA Training nous liera»

«Il faut qu’il y ait un rapport de confiance entre le staff médical et les joueurs. Surtout en dehors du terrain et cela concerne la nutrition et le sommeil  notamment. De toute façon, il existe l’application dénommée ACPA Training, que nous a refilée le préparateur physique Jean-Christophe Hourcade, qui nous indique tout sur l'état des joueurs. Le sommeil, la fatigue, le stress, la maladie, la nutrition, les absences, les retards et d’autres paramètres y sont tous consignés. Tout est noté chaque matin par tous les joueurs et chacun est évalué en pourcentage. Donc, disons que l’ACPA Training va nous lier, il suffira de maintenir le rapport de confiance entre nous», préconise le toubib de la JSK qui préfère agir à titre préventif pour faire passer son accord.

 

 

Chay : «La grinta tout le temps !»

Jean-Yves Chay a repris du service à la JSK. Il occupe maintenant le poste de conseiller technique après avoir été l’entraîneur à deux reprises par le passé, remportant au passage une Coupe de la CAF et un titre de champion d’Algérie. En vieux légionnaire, donc, il connaît les ingrédients qui font gagner la guerre. Et il ne manque pas d’en citer un, le meilleur à ses yeux, qu’il inscrit en lettres d’or dans ses accords d’Evian : «On doit respecter cette notion de gagneur et de compétiteur qui nous permettra de gagner tous les matches qui se présenteront à nous et d’aller au bout dans toutes les compétitions. On doit avoir la grinta tout le temps !», dit Chay qui sait que la volonté permet de soulever des montagnes, du Mont Blanc au Djurdjura. Et pour inviter tout le monde à y croire fermement, lui et les autres responsables du club ont eu la louable initiative d’emmener les joueurs sur les lieux mêmes où, le 18 mars 1962, ont été conclus les Accords d’Evian. Pour la JSK, cela s’est passé le mardi 23 juillet 2019. Le pacte kabyle est ratifié, il reste à épancher la soif des titres pour répondre à l’attente du peuple des Jaune et Vert. L’espoir est de mise, la JSK est allée à la bonne source…

  1. D.