Stambouli, comme le jeune Rémois Aïssa Mandi, ferait partie des défenseurs qui pourraient renforcer l’équipe nationale dans les premières semaines. Le but de l’entraîneur bosnien étant de doubler intelligemment les postes clés et d’avoir une profondeur de banc à haut niveau pour pallier à toute blessure ou à toute mise sur le banc prolongée d’un joueur titulaire, et de maintenir une pression, une concurrence et une émulation entre les Fennecs, dans tous les compartiments du jeu.
Une saison 2012-2013 sans faute
Car Vahid Halilhodzic, qui est un grand amateur de statistique et un grand visionneur de matchs de championnat, surtout ceux de Ligue 1 française, un championnat qu’il connaît que trop bien, n’a pas pu échapper aux statistiques du jeune Stambouli qui n’est pourtant âgé que de 22 ans. Lors de la saison 2012-2013, le tout jeune champion de France, dans un effectif du Montpellier Hérault Sporting Club, qui était pourtant très étoffé, a joué 21 matchs de championnat sur 38, alors qu’il avait été éloigné plus de trois mois des terrains après s’être blessé au métatarse en UEFA Champions League en décembre dernier face à Schalke. Sur les 21 matchs disputés, il a été titulaire 18 fois. Benjamin Stambouli a passé 1686 minutes sur le terrain de Ligue 1, il a inscrit certes un but, mais le plus intéressant, c’est qu’il n’a pris que deux cartons jaunes seulement dans un championnat réputé pour être rugueux et où les cartons sont légions. Cela traduit une intelligence défensive où la faute n’est que le recours ultime.
Un début de saison tonitruant
Alors que son club Montpellier est en proie à d’énormes changements, avec l’arrivée d’un nouvel entraîneur, Jean Fernandez, et le départ de plusieurs cadres comme le Marocain Belhanda par exemple, en ce qui concerne Stambouli, la tendance positive se poursuit. Car le joueur, aux origines algériennes par son père, Henri, ancien gardien de but de l’Olympique de Marseille et de l’AS Monaco, né à Oran en 1961et qui a failli garder les bois des Fennecs lors du Mondial espagnol de 1982, reste un titulaire indiscutable, même dans les desseins de son nouveau coach, vient de disputer trois matchs amicaux sans faute face à Mende (3-0), Arles-Avignon (2-0) et Clermont foot (0-0), puisque la défense héraultaise n’a pris aucun but. Cerise sur le gâteau, il a porté le brassard du capitaine.
Un joueur 2 en 1 pour Vahid
Lorsque nous parlons du 2 en 1, il ne s’agit pas d’une publicité pour un shampoing et un après-shampoing, ni pour une lessive, mais bien de football et de Benjamin Stambouli. L’équipe nationale avec Benjamin Stambouli récupèrerait deux joueurs en un. Et non des moindres, car la polyvalence de celui-ci fait qu’il peut à la fois jouer en défense centrale ou en tant que milieu récupérateur. Vahid Halilhodzic pourrait récupérer un défenseur central de caractère, puisque malgré ses 22 ans, Stambouli a le profil de Madjid Bougherra. C’est un défenseur qui aime le combat, qui est profondément honnête concernant les règles du jeu, mais qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et sait se faire respecter quand il le faut. Défendre pour lui, c’est une seconde nature. Il déclarait lui-même : «J’aime jouer les patrouilleurs et reprendre un attaquant tentant de filer vers un hold-up. Ça donne de l’adrénaline, j’ai conscience de faire le plus beau métier du monde.» Mais le jeune joueur né à Marseille a aussi une autre corde à son arc, une grande maturité qui rappelle beaucoup Mehdi Lacen lorsqu’il est à la récupération, malgré son jeune âge. Car lorsqu’on voit Stambouli évoluer à la récupération, récupérer inlassablement et relancer vers l’avant, on ne sait plus si c’est un défenseur central reconverti en récupérateur ou l’inverse. Lui-même avait avoué à nos confrères de L’Equipe ne plus s’y retrouver : «J’aime beaucoup évoluer à ce poste, mais je ne veux pas faire de choix, répond l’intéressé. J’ai des qualités différentes qui ressortent aux deux postes. Ma polyvalence m’oblige à m’adapter, mais je le fais sans problème avec des partenaires que je côtoie au quotidien et dans une philosophie de jeu claire et précise.»
L’approche du Mondial aurait levé ses hésitations
Alors qu’en avril dernier, le joueur déclarait sur l’antenne de nos confrères de Berbère TV : «Aujourd’hui, non, je suis concentré sur mon club, je joue avec l’équipe de France espoirs, l’Algérie pour le moment n’est pas quelque chose qui me traverse l’esprit, mais ça ne m’empêche pas d’y penser un jour (…) J’ai des origines, c’est clair, mais j’ai grandi en France, mon cœur est plutôt français. (…) On va y réfléchir bien comme il le faut avec la famille, on sait qu’il y a beaucoup de ferveur autour de l’EN.» Il semble que, selon nos informations, le fait que l’Algérie ne soit plus qu’à deux matchs du Mondial, et que son effectif soit devenu en terme de qualité, égal, voire supérieur à celui de la France, ait fait pencher la balance du côté des Fennecs dans le clan Stambouli ? La perspective de jouer le Mondial aidant. Mais comme du côté de la FAF et de son président Mohamed Raouraoua, ainsi que du côté de Vahid Halilhodzic, le pragmatisme a toujours été de mise, et avec un certain succès, pourquoi ne pas profiter du côté attractif de l’EN pour assurer son avenir en amenant Benjamin Stambouli qui serait à la fois le remplaçant de Bougherra qui a annoncé sa retraite internationale après le Mondial, et de Mehdi Lacen, qui risque de manquer cruellement de temps de jeu si les choses restent en l’état avec son club Getafe. Peut-être que ce joueur fêtera même son 23e anniversaire 48 heures à l’avance, le 14 août prochain, sur la pelouse du stade Mustapha Tchaker de Blida avec une sélection qui sait ?
Mohamed Bouguerra