Ahmad : «On finira nos éliminatoires quitte à repousser celles du Mondial»

Alors que le sport africain est à l’arrêt, le président de la Confédération africaine de football Ahmad Ahmad a quitté l’Ethiopie pour rentrer à Mahajanga, au nord-ouest de Madagascar, sa ville d’origine.

C’est de son patelin qu’il a accordé une interview au quotidien français Le Monde. La mise entre parenthèses des activités ne l’empêche pas de multiplier les échanges avec les présidents de fédération et de se projeter sur l’avenir de la compétition.

« Le report s’imposait »

Ahmad Ahmad consacre une partie de son temps à aider les autorités locales malgaches à lutter contre la pandémie du Covid-19, qui n’épargne pas Madagascar. Ahmad évoque les circonstances du report des compétitions : « Le football est aujourd’hui largement impacté par la crise du coronavirus qui touche l’un après l’autre quasiment tous les pays d’Afrique. Le football passe au second plan face à l’ampleur de cette crise sanitaire. Reste que, dans notre discipline, nous avons dû prendre certaines décisions qui s’imposaient. Nous avions décidé de reporter les matchs qualificatifs à la CAN 2021 prévus fin mars. Des fédérations nous l’ont demandé et, de toute manière, avec la suspension de nombreuses liaisons aériennes, des joueurs africains confinés en Europe, cette décision s’imposait d’elle-même.»

« La FIFA est ouvertes aux aménagements du calendrier »

« La 5e journée était prévue en juin, il est encore trop tôt pour décider si elle aura lieu. Mais il nous reste encore des dates en septembre, octobre et novembre, quitte à repousser la première journée des qualifications à la Coupe du monde 2022, prévue justement en novembre. Nous en discuterons avec la FIFA, laquelle semble ouverte aux différents aménagements du calendrier. A l’heure où je vous parle, la phase finale de la CAN 2021 est toujours fixée en janvier et février prochains.»

« Voilà pourquoi le CHAN 2020 ne se jouera pas en juin-juillet »

Le Championnat d’Afrique des nations, initialement prévu au Cameroun du 4 au 25 avril, a été reporté. Mais Ahmad est catégorique, pas question de le jouer ce mois de juin et juillet. Il avance les raisons que tout le monde connaît, à savoir la météo : « Notre volonté, c’est de jouer toutes les compétitions dont, bien sûr, le Championnat d’Afrique des nations. Il est évidemment bien trop tôt de décider à quel moment en 2020 ou 2021. La seule chose qui semble évidente, c’est que le CHAN ne pourra pas avoir lieu au Cameroun aux mois de juin et juillet, en raison des conditions météorologiques.» Et de continuer concernant les compétitions des clubs : « S’il faut modifier le calendrier, nous le ferons. Tous les jours ou presque, j’ai des échanges avec le secrétariat général de la CAF, avec les fédérations. Dans tous les cas, nous saurons nous adapter.»

« Le Burundi continue de jouer, la CAF n’y peut rien »

En Afrique, le Burundi a décidé de maintenir son championnat en présence du public. Pour Ahmad, ce pays a des autorités, elles savent prendre les bonnes décisions : « Il n’y a officiellement aucun cas de coronavirus au Burundi. Cette décision appartient à la Fédération burundaise et à l’Etat. Je m’en tiens à cela. La CAF n’a pas le pouvoir d’intervenir. Dans les autres pays, les championnats ont été suspendus ou sont disputés à huis clos.»

« Voilà pourquoi le confinement général est difficile à appliquer  chez moi»

Le football africain semble se mobiliser chaque jour un peu plus pour lutter contre cette épidémie. Ahmad félicite les actions menées par des joueurs comme Mané ; il parle aussi de l’Etat de son pays avec la possible application d’un confinement total : «Le confinement est difficile pour beaucoup de Malgaches qui n’ont ni réserve alimentaire ni argent de côté. Beaucoup vivent au jour le jour grâce à des menus travaux, comme dans de nombreux pays d’Afrique d’ailleurs. J’aide donc les autorités de ma ville à sensibiliser sur les précautions à prendre, sur l’hygiène notamment.»

« J’essaie d’être optimiste : les Africains résistent parfois à certaines épidémies »

Invité à donner un  pronostic concernant la situation de l’Afrique avec cette maladie, Ahmad dira : « On voit ce qui se passe en Europe, notamment en Italie, en Espagne et en France. La situation est grave, alors que les pays européens sont pour la plupart bien mieux équipés médicalement. Evidemment, s’il devait se produire en Afrique la même chose qu’en Europe, la situation serait catastrophique, car le niveau d’équipements, de soins est moindre. Mais j’essaie d’être optimiste : les Africains résistent parfois à certaines épidémies », conclut-il.

  1. M. A.

 

 

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