Quel a été votre sentiment en apprenant cette première convocation mercredi dernier pour les deux matchs amicaux face à la Guinée et au Sénégal ?
C’est une immense joie, une joie que je partage bien évidemment avec mes proches parce que pour moi, c’est un rêve que j’ai depuis que j’étais tout petit, celui de porter un jour les couleurs de la sélection algérienne. C’est aussi une grande fierté, car ma famille et moi-même sommes avant tout des supporters algériens. Donc de la pure joie tout simplement.
Franchement, même s’il y avait eu quelques contacts avec des membres du staff, pensiez-vous être convoqué aussi rapidement ?
Vous dire que je m’y attendais, franchement non. Après, il est vrai qu’il y avait des contacts qui s’établissaient au fur et à mesure avec certaines personnes de la Fédération depuis le début de cette saison. J’ai conscience aussi que sur un plan personnel, j’ai effectué un bon début de saison, mais je ne pensais pas que j’allais être convoqué aussi rapidement...
Mais vous y pensez quand même un peu ?
J’avoue que lorsque je m’entraîne au sein de mon club, la sélection, c’est toujours dans un coin de ma tête, mais c’était plutôt pour moi un objectif à moyen terme. Donc, ce fut une grande surprise de figurer dans cette liste pour ce mois d’octobre.
Votre convocation rapide s’explique aussi par les ouvertures qui existent dans ce poste après le départ de Bougherra, la longue convalescence de Halliche et la récente blessure de Mandi…
En toute sincérité, je n’ai pas tenu compte des blessures concernant ma probable convocation. Je savais que Madjid Bougherra avait mis un terme à sa carrière internationale. Je sais aussi qu’au niveau de l’équipe nationale, c’est un secteur de jeu où il y a plus de changements par rapport à d’autres compartiments du terrain. Je me suis donc dit que si je faisais en sorte d’être ultra performant en club, il y aura peut-être des possibilités. Une convocation à laquelle je répondrais sans hésitation si le coach faisait appel à moi. Mais une fois encore, c’était dans un coin de ma tête et je ne voulais pas y penser maintenant parce que c’est quelque chose d’important que je n’espérais pas dans l’immédiat.
Votre poste de prédilection est dans l’axe central, mais vous jouez comme sentinelle au Paris FC, votre préférence ?
Depuis le début de cette saison, l’entraîneur du Paris FC m’utilise comme milieu défensif. Il a décidé de me mettre à ce poste parce qu’il a jugé que j’avais une touche technique intéressante pour les premières relances devant la défense. Mais comme vous venez de le préciser, mon poste de prédilection c’est celui de défenseur central…
A votre avis quels sont vos points forts en tant qu’axial et que pouvez-vous apporter à cette sélection ?
Concernant mon profil de jeu, je suis un défenseur central capable de mettre de l’impact, mais j’aime aussi relancer proprement au niveau du jeu. Disons que le plus que je pourrais peut-être apporter, c’est cette touche technique dans les relances par rapport à mon style de jeu bien sûr. Après, je n’ai pas la prétention de dire que je vais faire ça ou ça au niveau de la sélection. Je viens dans un premier temps pour répondre à la convocation du coach et surtout essayer de lui prouver qu’il ne s’était pas trompé en faisant appel à moi. C’est pour vous dire que je donnerai le maximum durant ce stage.
Connaissez-vous certains joueurs de la sélection, ceux qui évoluent en France peut-être ?
Je connais plus ou moins Ryad Boudebouz, les autres je ne les connais pas, non. Mais je suis régulièrement leurs performances, à l’image de Brahimi et Feghouli au sein de leurs clubs. Maintenant, comme tout supporter algérien, je suis aussi les matchs de l’équipe nationale et de ce fait, tous ces joueurs algériens quand ils sont en sélection.
On peut dire que votre parcours est assez atypique, puisque avant d’être footballeur professionnel vous étiez conseiller bancaire, n’est-ce pas ?
Exactement, j’étais conseiller bancaire avant de devenir joueur professionnel. Certes, j’ai eu un parcours assez atypique, car j’ai joué au football dans la région parisienne où, il faut le dire, il y a beaucoup de joueurs de grande qualité, donc c’est difficile d’y émerger. Après deux années en CF2 à Sainte-Geneviève des Bois où j’ai été élu meilleur joueur à mon poste, j’ai été repéré par le LOSC Lille, j’y suis allé...
Une aventure à Lille qui n’a pas duré ?
A la suite de ma première année, j’ai signé mon premier contrat professionnel, mais on ne m’a pas trop donné ma chance, donc j’ai décidé de résilier mon contrat et j’ai rejoint le Paris FC qui évoluait en National (3e division). Il s’est avéré que j’avais fait le bon choix puisqu’on a accédé en L2. Ajouté à cela que sur un plan personnel, j’ai fait une très bonne saison en jouant près de 33 matchs sur les 34 possibles avec en prime, être élu meilleur joueur de la saison par les supporters.
Votre première sélection coïncide avec le retour des Verts au 5-Juillet, un commentaire ?
Le 5-Juillet est vraiment un stade mythique, mais quel que soit le stade où je jouerais, c’est vraiment du bonheur, car être déjà en sélection c’est vraiment extraordinaire, après le reste, c’est du bonus.
Tout le monde en France vous connaît sous le nom de Mehdi Jean, sauf que vous avez demandé à ce qu’on vous appelle Mehdi Tahrat, comme c’est d’ailleurs floqué sur votre maillot du Paris FC, peut-on connaître la raison ?
Si je venais à vous expliquer d’où vient le nom Jean, ce serait un peu compliqué. Néanmoins, ce que je peux dire, c’est que mon père et ma mère sont algériens et tous les deux portent des noms arabes puisqu’ils sont cousins éloignés. Donc, personnellement, je n’ai aucun intérêt à mettre le nom de Jean sur mon maillot puisque toute ma famille qu’elle soit en France ou en Algérie s’appelle Tahrat. Et donc pour représenter le nom de ma famille, il était logique que je mette Tahrat…
Une façon aussi de revendiquer vos origines ?
Oui, c’est tout à fait cela, je suis algérien et je n’ai pas peur de le revendiquer, donc c’est une sorte de clin d’œil en mettant Tahrat sur mon maillot.
Et vos parents sont de quelle région en Algérie ?
Mes parents sont de Béjaïa, d’ailleurs mon père a vécu la majeure partie de sa vie en Algérie, à Alger.
A. H. A.
«Etre convoqué aussi vite, je ne m’y attendais pas»
«Mon profil, donner de l’impact et relancer proprement»
«J’étais conseiller bancaire, et là je jouer en L2 !»
«Toute ma famille en France et en Algérie s’appelle Tahrat, donc pourquoi m’appeler Jean ?»