Face à la Guinée comme face au Sénégal, les Verts n’ont pas été à la hauteur de leur réputation. Leur jeu décousu leur a valu beaucoup de critiques. Pour de nombreux observateurs, il manquait une pièce à la mécanique, celle qui assure la transition entre les lignes.
En effet, à la lecture du jeu de l’équipe d’Algérie, on constate que le plus gros du problème, en plus du manque d’engagement dans le premier match, il y avait une défaillance dans la transition. En l’absence de Bentaleb (blessé), il y avait une faille dans l’entrejeu. Avec toute leur bonne volonté et leur hargne, les défenseurs prenaient le dessus sur l’adversaire et étaient souvent obligés de balancer de longues balles, faute d’hommes au milieu capables d’assurer une bonne transition. Les joueurs utilisés par Christian Gourcuff dans les deux matches n’ont pas eu le rendement escompté. Contre la Guinée, la paire Abeid-Taïder a longuement fait du surplace, peinant à faire passer le ballon d’une zone à une autre. L’un comme l’autre se sont emmêlé les pinceaux, cherchant assez souvent les attaquants dans l’intervalle, mais sans trop de réussite parce que manquant de lucidité et de technique pour cela.
Il faut dire aussi que ces deux joueurs avaient jusqu’ici rarement été alignés côte à côte, et il a fallu que le Breton apporte du sang neuf en 2e mi-temps, avec l’incorporation de Mesloub pour que le jeu retrouve enfin son équilibre.
Abeid, un bon début puis rien
Le joueur du Pana, à savoir Abeid, aurait sans doute souhaité avoir cette première chance d’entrée dans d’autres circonstances, lui qui avait été empêché de montrer son savoir-faire par de nombreuses blessures qui lui ont porté préjudice. Pourtant, les premières minutes du match de la Guinée nous ont permis de voir un joueur bien concentré, et présent dans les duels, il essayait d’être présent là où le ballon circulait, affichant même des caractéristiques qu’on ne retrouve pas chez Mesloub, il faut dire que ce dernier et malgré sa reconversion qui a été une réussite au niveau de son club, a toujours ces réflexes offensifs qui ne peuvent que l’empêcher d’être dur dans un domaine défensif, et donc reproduire les réflexes des Lacen et autres Bentaleb auxquels le jeu de l’EN s’est habitué.
Ceci nous amène à dire que dans ce secteur, l’absence de Nabil Bentaleb s’est fait cruellement sentir. L’Algérien de Tottenham, blessé depuis quelques semaines, est même absent en club, ce qui pénalise grandement les Spurs. Milieu de terrain très technique, Bentaleb est meilleur dans la transition, ayant une bonne lecture du jeu, puissant physiquement, il apporte incontestablement un plus dans le jeu des Verts. Bon relayeur, beaucoup de balles passent par lui. Dans certaines situations de jeu, il est très bas à la recherche de ballons, qu’il remonte jusqu’aux attaquants, un effort physique qu’on trouve rarement chez d’autres éléments, cela l’a d’ailleurs aidé à gagner une place à Tottenham et dans le très relevé championnat anglais basé sur un cocktail d’effort physique et de technique.
Inaperçu quand il est là, grand absent en cas d’absence
Il n’y a pas à dire, l’absence de Bentaleb dans l’entrejeu des Verts a déstabilisé les lignes. D’aucuns estiment que si son travail de fourmi sur le terrain passe inaperçu quand il est là, il se fait grandement sentir quand il n’est pas là. La preuve, contre la Guinée et le Sénégal, sans un relayeur de talent comme Bentaleb, l’équipe algérienne avait du mal à enchaîner, les défenseurs se devaient alors de jouer long, à la verticale en utilisant les couloirs, mais pas avec beaucoup de réussite, sa présence aurait donné plus d’occupation du milieu, elle aurait affolé l’adversaire, il faut dire que Bentaleb a déjà joué comme milieu défensif dans les deux positions, que ce soit droit ou gauche, et a toujours excellé avec le jeu sur les couloirs, sa complicité a été bonne avec Mahrez et lorsqu’on voit ses exploits en Premier League, on sait qu’un tel joueur, avec en plus sa tendance à aller vers l’avant et tirer de loin, ne peut que manquer pour une sélection en quête de confiance.
Un duo Bentaleb-Mesloub, est-ce possible ?
Il est donc clair, et en prévision de la double confrontation contre la Tanzanie, on ne peut que souhaiter le retour de Bentaleb, son association avec Taïder donne des ailes à ce dernier, qui s’est senti comme abandonné dans l’entrejeu de l’EN lors des deux dernières matches. Certes, il joue assez bien avec Mesloub mais son manque de compétition conjugué à l’absence de Bentaleb l’ont quelque peu handicapé. Reste à savoir maintenant si avec le retour attendu du joueur des Spurs, il va être reconduit, car on voit mal comment Gourcuff laissera sa trouvaille, à savoir Mesloub, et cela nous pousse à imaginer un duo Mesloub-Bentaleb, est-ce que ça peut faire l’affaire ? Peut-être, mais lorsqu’on sait que Mesloub s’exprime mieux sur le côté gauche et que c’est au même temps le même poste où évolue Bentaleb avec aisance, on doute de cette association, qui reste tout de même possible, puisque Lacen était lui aussi dans les mêmes conditions avant de se retirer, cela n’avait pas créé de problèmes ni pour Vahid encore moins pour son successeur. De toute façon, qu’il soit associé à Mesloub ou à Taïder, l’EN sera plus forte défensivement avec Bentaleb, il faudra à présent suivre le joueur dans son club, son retour ne devrait pas tarder. En tout cas il était absent contre Liverpool avant-hier, son retour à la compétition sera une excellente nouvelle pour l’EN en prévision des prochaines échéances.
M. M.
