Quelle mouche a piqué la FAF ?

 « Décision du BF : deux critères seront pris en considération pour convoquer un joueur algérien établi à l'étranger dans l'une des sélections nationales : son engagement inconditionnel en faveur de l'Algérie et sa supériorité technique par rapport aux joueurs exerçant en Algérie. »

C’est ce qu’on pouvait lire texto, mercredi passé exactement à 15h16 sur le compte facebook et twitter de la Fédération algérienne de football. Le Bureau Fédéral, qui avait comme objectif de préparer plusieurs programmes et d’évoquer l’avancée de quelques dossiers y compris celui de la formation, s’est englouti dans une polémique dont il n’avait pas besoin, il faut dire que cette annonce faite par la FAF via ses relais officiels sur les réseaux sociaux était inattendue, d’autant plus que la fédération avait d’autres chats à fouetter, mais par maladresse, une annonce sous forme de décision est venue allumer la mèche et rendre la mission de l’équipe dirigeante, déjà malmenée de toutes parts, plus difficile qu’avant.

Une bourde de com’

Pour revenir aux faits, la FAF a donc traité ce point lors de la réunion du BF, et comme pour les autres points et décisions, elle a été rapportée sur le champ par le chargé de communication de la FAF, ce dernier a publié l’information, mais celle-ci a été donnée dans un moule inadapté, elle a été vite interprétée par les amoureux du football algérien et ce sont les joueurs binationaux qui étaient les premiers touchés en témoigne la réaction de Feghouli en fin de journée suivi de Lacen ou encore d’Antar Yahia qui a carrément tiré la sonnette d’alarme dans nos colonnes hier. A vrai dire et il s’agit d’une erreur de communication de taille, dans le souci d’informer les gens du déroulement des travaux du BF, la FAF s’efforce à donner en simultané toutes les décisions, mais après il faut savoir utiliser les mots qu’il faut et savoir quoi publier et quoi garder entre les membres, le communiqué parle de supériorité technique, alors que comme nous le fait savoir Antar Yahia, il n y a pas que la technique pour juger que X est meilleur qu’Y. La FAF via son chargé de com’ a, semble-t-il, compris qu’ils ont commis une bourde, car déjà jeudi lors de la conférence de Saâdane, le chargé de communication a précisé qu’il ne s’agit pas d’un communiqué officiel, ce qui ouvre la voie à un changement qui devrait intervenir incessamment, la FAF va donc certainement rectifier le tir. mais après quoi ?

Saâdane et les prérogatives du BF

L’autre problème à soulever concerne évidemment les prérogatives, car d’aucuns pensent que la faute initiale est celle du Bureau Fédéral, ce dernier a traité un dossier qui le dépasse, parler de critères de choix des joueurs devrait revenir à la DTN ou encore au coach national, et là on se demande quelle mouche a piqué la FAF à s’immiscer de cette façon dans des affaires sûrement techniques. Il s’agit donc à l’origine d’une énorme bévue de la part du Bureau Fédéral qui avait des choses beaucoup plus importantes à faire et à traiter que de s’occuper de ça, à l’image de son symposium et l’amendement des règles de la coupe ou même de la nouvelle organisation de la DTN que Saâdane est venu présenter, d’ailleurs on croit savoir que tout a commencé d’un discours de Saâdane qui a cité ces critères en évoquant le futur de la sélection, et en évoquant les prochains projets des centres techniques, c’st la DTN donc qui avait tracé ça. Le BF devait-il s’en mêler ?

Engagement 

Si l’on revient au contenu des deux critères, le premier celui de l’implication a, semble-t-il, convaincu plus d’un y compris Antar qui dit comprendre parfaitement ce point, au vu des circonstances et des joueurs qui hésitent à rejoindre l’EN, mais ne devrait-on pas tenter quand même le coup comme cela se faisait auparavant ?

La FAF qui a décidé comme on vous le révélait il y a 5 jours de ne plus supplier les binationaux a, semble-t-il, décidé d’agir dans le costume d’un défaitiste, on le sait une bataille n’est jamais gagnée ni perdue à l’avance, d’où l’importance d’essayer, de frapper aux portes de ces joueurs qui ne sont pas forcément chauds à porter le maillot national, car parmi eux, il y a des éléments qui ne connaissent pas l’Algérie très bien, qui ont des appréhensions, qui peuvent hésiter, et ce, même s’il ne sont pas des cibles de l’équipe de France ou qu’ils ne l’ont pas eux aussi comme objectif, à l’image d’un certain Hamouma, et bien d’autres joueurs qui sont restés dans l’anonymat, ils avaient quand même des appréhensions, cela ne veut pas dire que la piste doit être annulée, le rôle de la FAF est d’essayer de les séduire, de les convaincre, un langage capable de rassurer le joueur, pas forcément avec l’argent, Boudebouz avait bénéficié du même traitement avant la Coupe du monde 2010, Ziani avait joué un rôle important dans sa venue, on parle au joueur de l’ambiance, on lui raconte de belles choses, car avant le début d’une aventure, c’est normal qu’il y ait une sorte de peur, la situation actuelle avec le changement de direction, les résultats qui ne suivent pas ou encore le peuple qui gronde et qui siffle ne peuvent que faire fuir les joueurs, les rendre réticents à l’idée de venir, sans oublier les pressions des clubs, qui leur font peur et qui exercent toute sortes de pressions pour les empêcher de rejoindre leur pays d’origine, ces derniers ne savent pas forcément tout, d’où l’importance de leur montrer leurs droits, de les accompagner et éviter de commettre l’erreur de Kamel Meriem.Saâdane a affirmé que la FFF à titre d’exemple ne se laissera pas faire, et que l’Algérie va devoir puiser dans le réservoir français non utilisé, c'est-à-dire dans les déchets (…), un autre discours défaitiste qui en dit long sur cette maladresse qui s’est abattue sur une FAF qui ne veut livrer aucune bataille, les déclarations d’Aouar dont un membre de la famille a affirmé hier qu’il n’a jamais été touché par la FAF semble avoir découragé Zetchi et son équipe, oui il ne faut supplier personne mais faut-il pour autant baisser les bras ?    

Meilleurs techniquement, oui, et tactiquement ?

L’autre critère concerne donc la supériorité technique, la FAF veut que le binational évoluant à l’étranger soit supérieur techniquement que celui qui joue ici, mais la question qui se pose : y a-t-il que la technique pour juger qu’un joueur est bon et utile ? On sait tous qu’un joueur peut être techniquement moins intéressant qu’un local mais tactiquement il n y a pas photo, à cet effet, on se souvient de Mostefa qui n’a jamais été au top techniquement ni Lacen, encore moins Meniri mais tactiquement ils faisaient un très grand travail, alors on se demande pourquoi des critères et pourquoi spécialement pour les binationaux et pas pour les locaux ? Cela explique qu’Antar soit contrarié, car rien d’en parler ça engendre une gêne, un sentiment de discrimination se propage, la FAF était-elle obligée de soulever une telle polémique en ce moment ? De lancer ce faux débat qui, aux yeux des connaisseurs, n’avait pas besoin d’être soulevé, il suffisait de laisser le coach prendre les joueurs qu’il faut puis expliquer les raisons de son choix sans verser dans un langage populiste, encore un qui n’est pas pour aider l’actuelle équipe dirigeante attendue au tournant par ceux qui guettent sa moindre erreur.

La FAF et Madjer pas sur la même longueur d’onde

Le comble dans toute cette histoire, c’est que d’après nos informations Madjer ne partage pas forcément cet avis de Saâdane et du BF, d’autant plus que lui-même il avait compté lors de son premier passage à l’EN sur pas moins de 9 pros évoluant dans la 2e division française, preuve qu’il n’adhère pas à cette politique de choix de joueur selon leur technique et leur appartenance, de quoi créer des tensions au sein même de la fédération et de ses differentes structures, alors que ces dernières sont censée fonctionner dans une parfaite harmonie.

S.M.A

Il confirme qu’il s’agit d’une bourde de communication

Amar Bahloul (membre du bureau fédéral) : «Il y a eu une erreur d’interprétation, et voilà ce qui s’est réellement passé » 

Les connaisseurs, les concernés et la rue algérienne ont tous condamné la décision communiquée par la FAF et qui concerne les critères de choix des joueurs pour l’EN, nous avons alors décidé de se rapprocher d’un proche du dossier pour savoir la vraie version des faits, d’autant plus que Saâdane n’a pas su ‘’défendre’’ la fédé’. Amar Bahloul puisque c’est de lui qu’il s’agit a tenu à expliquer ce qui s’est passé, affirmant qu’il s’agit d’une mal interprétation, et surtout une erreur de communication : «Franchement, on est arrivé a un degré inattendu de la fausse interprétation, je vous assure qu’il n’était même pas prévu lors de la réunion de mercredi passé de discuter de ce point, Saâdane a exposé son plan de formation, des centres d’académie, celui de Mascara, d’Annaba et d’El Bez, etc. Il a dit texto : on commence par récupérer les meilleurs talents, on les ramène de toutes les régions, alors quelqu’un a évoqué les jeunes pros, on a débattu de cette question, alors Saâdane a enchaîné sans une envie de débattre de ce sujet : «Qu’on les laisse chez eux dans leurs centres de formation à eux en Europe où ils sont bien pris en charge, et au moment voulu, on les appellera et il faudra qu’il aient des qualités égales ou supérieures à celles d’un joueur local, on a jamais parlé d’autre chose, on a juste dit comme finalité qu’on laisse nos jeunes dans nos centres, et les jeunes pros (Saâdane les a évoqués dans sa conférence) resteront aussi chez eux, ils sont bien pris en charge là où ils sont et lorsqu’il faudra composer une sélection on associera le produit local aux joueurs qui viendront d’outre-mer, ce point relève des prérogatives de la DTN d’ailleurs, pas du BF», explique-t-il.

«Certains ne ratent aucune occasion pour nous dénigrer »

Bahloul affirme que cette mal interprétation aura été un repas gras à ceux qui les attendaient au tournant : «Certains en ont profité pour nous accuser de discrimination, il y a eu la même réplique lorsqu’on était intervenu dans une histoire pareille au niveau du football féminin, Il y a des gens qui ont une réaction pareille et elle est préméditée et voulue.»

«On ne devait pas tout communiquer, on rectifiera ça»

Pour terminer le membre du BF reconnaît qu’il y a eu une erreur de communication, il affirme que certaines décisions ne doivent pas être connues de tout le monde, ceci dit et pour corriger cette bourde il promet un rectificatif afin d’apaiser les tensions : « Je reconnais qu’il y a certaines choses qui ne doivent en aucun cas être publiées, notre chargé de communication a fauté, il ne devait pas donner cette information, du moins pas de cette façon-là, nos réunions ne doivent pas virer à l’audition, désormais on devrait se contenter des grands axes», a-t-il promis.

  1. M. A.

 

 

 

Classement