Boulemdaïs affole les stat’s

Ce début de saison, l’attaquant du CS Constantine, Hamza Boulemdaïs, en aura fait sien.

 

Le Senfour marque but sur but, mieux, il inscrit doublé sur doublé et fait grimper son compteur à huit réalisations, c’est énorme. Cela fait plus de vingt ans qu’on n’a pas vu un attaquant atteindre ce chiffre après seulement cinq journées. En s’illustrant de la sorte, Hamza Boulemdaïs a montré, si besoin est, qu’il est un vrai chasseur de but. Formé au Mouloudia de Constantine, il s’est longtemps fait discret avant de montrer tout l’étalage de son savoir-faire. A bientôt trente ans, le buteur du CSC vient d’atteindre la plénitude de ses moyens. On le connaissait attaquant redoutable, chasseur de buts, mais jamais il n’aura eu à s’illustrer avec tant de maestria. D’abord à ses tout débuts avec le MOC, il avait marqué les esprits, en terminant meilleur buteur du club, mais avec un nombre relativement faible par rapport à ce qu’il vient de réussir. En première année chez les grands avec le MOC, Boulemdaïs inscrit douze buts en une saison, ce qui aura été un bon début si l’année d’après il avait confirmé. Ce qu’il ne fera pas. Et puis, après quelques années au MOC, il va changer d’air, il va monnayer son talent à Batna et signe pour le MSPB. Une grande équipe batnéenne qui terminera devant tout le monde et s’adjugera le droit d’accéder en Ligue une. Boulemdaïs réalise une bonne saison et arrive à mettre pas moins de dix buts durant cet exercice. Mais il n’est pas épargné par les blessures qui l’obligent à manquer quelques matches où il aurait pu s’illustrer. Après une seule saison à Batna, le revoilà sur le départ. Il signe à la JSMB. A Béjaïa, Boulemdaïs fait un bon début de saison, et là aussi, il est contraint de manquer quelques matches, en raison de blessures. Malchance ? Poisse ? Scoumoune ? Les trois peut-être. Mais au cours de son passage du côté de la Soummam, il a réussi quand même à attirer les regards sur lui, en inscrivant des buts décisifs qui lui valent les honneurs des observateurs. A la JSMB, il ne va pas faire de vieux os, il quittera le club après deux saisons pour atterrir à El-Eulma. Le club de l’ex-Saint-Arnaud réalise une saison des plus catastrophiques et peine à garder le cap, lui qui flirte avec la relégation. Boulemdaïs est là, et fait de son mieux pour maintenir l’équipe à flot. Son compteur buts n’est pas très élevé, mais là aussi il a marqué des buts décisifs qui, tout compte fait, vont peser dans la balance et le MCEE se maintiendra en Ligue 1. La saison dernière, Hamza Boulemdaïs rejoint la JSK, un grand club, ce qui lui convient bien. Mais faute de préparation, le club kabyle est engagé en coupe de la CAF, il n’a pas le temps de se préparer pour la saison. Le plus prestigieux club d’Algérie sort de cette compétition avec zéro point et un traumatisme pour tous les joueurs qui peinent à trouver leurs marques en championnat. Effacé, Boulemdaïs ne montre pas grand-chose et décide de quitter Tizi pour rejoindre sa Constantine natale. Il opte pour le CSC, lui le Mociste, mais qu’à cela ne tienne, il va prouver l’espace de cinq matchs qu’il est un grand attaquant. Parti sur de très bonnes bases, il peut facilement inscrire son nom en lettres d’or cette saison.  A trente ans (il va  les fêter le 25 novembre prochain), Boulemdaïs est au sommet de son art.
 M. O.
Boulemdais :  «L’EN est un honneur, mais je n’en fais pas  une fixation»
L’attaquant et buteur constantinois, Hamza Boulemdaïs, mérite amplement le titre de Monsieur but, car il occupe seul la tête du classement des chasseurs de buts grâce aux huit réalisations qu’il a réussies lors des cinq premières journées du championnat de Ligue 1. Il nous confie dans cet entretien qu’il n’est, en vérité, que le finisseur du gros travail qu’effectuent ses coéquipiers. Et en plus, le monsieur est modeste.
- Voulez-vous nous parler de vos débuts : quel a été le club où vous avez appris l’abc du football ?
- J’ai fait toutes mes classes, de la catégorie poussins à celle des seniors, au MOC aux côtés de Bourahli, Belhadef et autres. C’est ce club, que j’ai quitté en 2006,  qui m’a permis de sortir de l’anonymat et de réussir cette carrière qui est la mienne aujourd’hui. 
- Après avoir quitté le MOC, vous êtes devenu en quelque sorte un footballeur nomade. En une période assez courte, vous avez fait pas moins de quatre, voire cinq clubs, c’est ça ? 
-  Oui, c’est exact. Après avoir quitté le MOC, j’ai vadrouillé quelque peu, j’ai ainsi, évolué sous les couleurs du MSPB, de la JSMB, du MCEE et de la JSK avant de rejoindre, l’été dernier, le CSC. Avec Batna, j’ai réussi l’accession en Ligue une. Avec la JSMB et la JSK, j’ai joué deux Coupes de la CAF et une Coupe d’Afrique du Nord. Cela dit, je ne garde que de bons souvenirs de mes passages à Batna, à Béjaïa, à El-Eulma et à Tizi Ouzou où j’ai beaucoup progressé et où je me suis fait beaucoup d’amis. Ce fut en somme, une bonne expérience humaine et professionnelle dans le sens où j’ai appris des choses.
- Mais pourquoi donc tous ces changements de clubs, vous ne tenez pas en place… 
- Allez savoir ! Moi-même, je n’explique pas tous ces mouvements, pourquoi changer comme ça au bout de chaque saison. Je ne sais pas, croyez-moi. Pourtant, je suis quelqu’un de stable, c’est-à-dire, que je suis sociable, je m’adapte quoi ! Mais quelque part, je me dis aussi que c’est le destin c’est tout, il n’y a pas de raison spéciale ou autre chose de ce genre.
- Mais si vous avez bien réussi vos parcours avec le MSPB, le MCEE et la JSMB, votre passage à la JSK avait été mi-figue mi-raisin. Avez-vous une explication à
ce passage raté ?
- Si comme vous le dites mon parcours avec la JSK n’a pas été bon, c’est qu’avec ce club, à l’instar de tous mes coéquipiers d’alors, je n’ai point fait de préparation d’avant-saison et cela on l’a payé, chèrement la saison passée. C’est que toute équipe, cela est sûr et certain, qui ne se prépare pas bien à l’intersaison, en championnat elle ne pourra jamais réussir un bon parcours, voilà ! En tout cas, pour ce qui me concerne, c’est la seule explication que je peux donner, sinon, la JSK de la saison dernière était une bonne équipe renfermant de bons éléments.  S’il y a eu ratage, c’est en grande partie, pour ne pas dire uniquement, parce que l’équipe ne s’était pas préparée à l’intersaison.
- Peut-on savoir pourquoi la JSK n’avait pas fait de préparation d’avant-saison l’été 2011 ?
- Quand j’avais rejoint la JSK, l’été 2011, le club était engagé et il jouait les poules de la Coupe de la CAF et vu que la programmation de cette compétition ne nous avait pas permis d’effectuer notre préparation d’avant-saison comme l’ont fait tous les autres clubs, notre parcours a été en deçà de ce qu’attendaient de nous nos supporters. C’est à mon avis la seule explication plausible que je puisse vous donner pour vous faire comprendre pourquoi j’ai fait un parcours mi-figue mi-raisin la saison dernière avec la JSK. Le chevauchement de la Coupe de la Confédération africaine de football avec la fin de la saison footballistique chez nous a fait que nous les joueurs n’avons jamais eu de journées de repos. Et puis, il fallait enchaîner les matches de cette compétition alors qu’on devait prendre quelques jours de repos et repartir de plus belle. Bon, on ne refait pas le monde, nous avons effectué un parcours chaotique pour les raisons que je viens de vous évoquer et rien d’autre. 
- Cette saison, avec le CSC, vous brillez de mille feux. Peut-on connaître le secret de cette réussite ? 
- Sincèrement, il n’y a aucun secret. Seul le travail paie. Tout ce que je peux vous dire c’est que si, en ce début de saison, je carbure bien, tout le mérite revient à notre staff technique et à nos dirigeants qui nous ont permis d’effectuer une très bonne préparation d’avant-saison. C’est qu’en plus des trois stages qu’on a faits à l’étranger, on a joué une douzaine de matchs amicaux. C’est cela qui nous a permis de faire une bonne entame de championnat, mes coéquipiers et moi. 
- Et c’est cette bonne préparation d’avant-saison qui vous a permis de marquer huit buts en cinq rencontres, seulement, n’est-ce pas ? 
- Oui, je le pense sincèrement. Cela dit, si j’ai réussi à marquer huit buts en cinq matchs, tout le mérite revient, en premier, à mes coéquipiers qui m’ont permis de remplir si bien mon rôle de finisseur. C’est que sans eux, je n’aurais jamais pu inscrire ces huit buts.  
- Vous savez, à ce rythme-là, vous allez battre bien des records, vous y pensez…
- Franchement, non. Je ne pense à aucun record, ni à autre chose que de marquer des buts pour faire gagner mon équipe. Le reste est anecdotique pour moi. 
Bon, bien sûr, terminer la saison avec le plus grand nombre de buts me ferait plaisir, c’est certain, je mentirais si je disais le contraire, mais faire avancer mon équipe dans le classement et terminer à une place à la dimension de la popularité du CSC me ferait encore plus plaisir, si vous voyez ce que je veux dire.
- En ce début de saison et après vos huit réalisations, quels sont vos coéquipiers qui vous ont beaucoup aidé à devenir, aujourd’hui, le meilleur buteur actuel de Ligue 1 ? 
- Je dirais d’abord que toute l’équipe est derrière ma réussite et en particulier mon ami Yacine Bezzaz qui m’alimente en bonnes balles comme il vient de le faire si bien à Bel-Abbès où il m’a offert deux passes décisives qui m’ont permis d’inscrire les deux buts. Cela pour vous dire que Bezzaz est un joueur de grande classe et son rappel en EN par Halilhodzic n’est point le fruit du hasard. Cela dit, et puisque vous me donnez l’occasion, je souhaite de tout cœur que Bezzaz soit, dimanche, titulaire contre la Libye et qu’il fasse une grande partie, incha Allah. Yacine est assurément un des meilleurs, voire le meilleur attaquant que compte le pays, sa vitesse d’exécution, sa rapidité dans le jeu, sa lecture du jeu font de lui un coéquipier  de très grande valeur. Quand je fais un appel de balle, il sait exactement quand est-ce qu’il me donne la balle et comment la transmettre, en profondeur, en l’air, dans l’intervalle, etc. Il est fort. 
- Ça devrait lui faire plaisir de lire tout ce que vous dites sur lui…
- Non, sérieux, je n’invente rien, ce mec-là tu lui demandes la balle, cours  devant et mets-toi en bonne position, ne cligne surtout pas des yeux, garde les yeux grands ouverts, ta balle tu l’auras et dans le sens de la marche. Après c’est à toi d’en faire bon usage. Je me réjouis de jouer à ses côtés. 
- Justement, en parlant de l’équipe nationale, vous nous poussez à vous demander si vous n’avez pas été déçu de ne pas avoir été convoqué, bien que vous soyez le meilleur buteur de la Ligue une ? 
- Non, je ne suis pas déçu par ma non-convocation chez les Verts car je n’en fait point une idée fixe. Cela dit, comme tout joueur qui aime son pays, pour moi si l’entraîneur national me convoque en sélection, je répondrai présent avec un immense plaisir. L’équipe nationale est un devoir pour tout joueur digne de ce nom, en faire partie est un grand honneur. Je ne le cache pas, mais comme il en faut vingt-trois seulement et que nous sommes des centaines à en rêver, laissons le sélectionneur choisir ceux qui sont les plus à même de répondre à sa vision de jeu et sa façon de faire évoluer l’équipe. Pour le moment, sincèrement, mon seul souci est de continuer à travailler afin de rester performant et remplir mon rôle de finisseur que, grâce à mes coéquipiers, et, surtout, aux conseils que me prodigue mon coach, Roger Lemerre, je pense avoir bien accompli jusqu’à ce jour. La suite, on verra bien ce que nous réserve l’avenir.
- Il vous conseille aussi Lemerre, comment ? 
- Oui, bien sûr qu’il nous conseille, parce qu’il prodigue ses conseils à tous ses joueurs et pas uniquement à moi. Sans minimiser le travail que font ses adjoints, je pense que notre entraîneur Roger Lemerre, qui est un grand monsieur qui connaît très bien son métier, il est non seulement derrière notre bon parcours en ce début de saison, mais il est en train de complètement métamorphoser le CSC.  Personnellement, à l’instar de mes coéquipiers, j’ai eu avec lui plusieurs réunions,  en tête à tête, durant lesquelles il m’a prodigué des conseils  avant chaque match. Cela pour vous dire qu’avec ce monsieur, j’ai beaucoup appris et j’apprendrai encore plus, car c’est une encyclopédie vivante du football. Son parcours et son vécu parlent pour lui, il était dans le staff d’Aymé Jacquet en 1998, il a été entraîneur de l’équipe de France championne d’Europe en 2000 et champion d’Afrique avec la Tunisie en 2004, c’est énorme comme palmarès et comme expérience. Ecouter ses conseils, c’est lire un livre. Le monsieur est un océan de connaissances, je suis très attentif à tout ce qu’il dit, et je ne suis pas le seul dans cette équipe à le faire.
- Hamza, dites-nous quel est le but qui vous a beaucoup fait jubiler en ce début de saison ? 
- Tous mes buts m’ont fait jubiler, tout comme mes coéquipiers, car, pour moi, ils ont été tous l’œuvre de toute l’équipe. Cela dit, j’ai beaucoup été content d’avoir marqué les deux buts, qui constituent mon troisième doublé cette saison, qui nous ont permis de battre l’USMBA, à Sidi Bel-Abbès, et de signer notre premier succès hors de nos bases. Sinon, je n’ai pas de but préféré à un autre si c’est ce que vous voulez dire.    
- Pour clore cet entretien, qu’avez-vous à dire à vos supporters qui ne cessent de vous ovationner à chacune de vos prestations, vous le Mociste ? 
- Les supporters du CSC sont uniques, je les remercie pour leur soutien inconditionnel à leur club et pour les encouragements qu’ils me prodiguent, ils ne sont plus à présenter car ils sont uniques en Algérie. Je crois qu’ils sont les seuls supporters en Algérie, qui transcendent leur équipe quand elle est menée au score. Et cela je ne l’ai vu nulle part. Moi, le Mociste ? Vous savez, je suis professionnel, j’ai été mociste oui, mais comme j’ai été béjaoui, batnéen, etc. Aujourd’hui, je porte le maillot clubiste avec fierté et je le défendrai avec honneur.
R. G. 
Une famille de footballeurs
Hamza Boulemdaïs n’est pas arrivé au football comme ça, par hasard. Il n’a fait que suivre le chemin de son frère aîné, Fayçal. Issu d’une fratrie de quatre garçons, Hamza n’est pas le seul footballeur de la famille. Son frère, Fayçal, joue au Widad de Tlemcen, le cadet, Billal, porte, lui, les couleurs du Mouloudia de Saïda, alors que le tout dernier, Mohamed, lui, joue au CRB Tadjenant (club évoluant en inter- régions)
Bilel Boulemdaïs : «Quand Hamza commence fort, rien ne peut l’arrêter»
«Le début de saison en fanfare de mon frère Hamza n’est pas dû au hasard. Je pense que le fait qu’il soit rentré à la maison y est pour beaucoup, après 7 ans à jouer un peu partout. Il est aujourd’hui près de sa famille, et je pense que ça pèse dans la balance aussi. Mais il faut dire qu’il a passé des saisons difficiles avant, et il a vraiment souffert, et je crois que ce n’est que justice après tout ce qu’il a enduré. Il mérite ce qui lui arrive aujourd’hui. Mais il faut savoir qu’il cravachait dur pour en arriver là. Il a fait beaucoup de sacrifices pour atteindre ce niveau. Connaissant mon frère il va continuer sur cette voie, car il a une particularité : quand il débute bien une saison, il continue toujours sur sa lancée, mais quand il commence mal, il termine mal. Pour cette fois, ça a commencé sur les chapeaux de roues, et je sais qu’il ne va pas s’arrêter là.»
R. H. 
Zarabi : «Il est en pleine confiance»
«Je pense que Boulemdaïs est en train de prouver que c’est un attaquant racé. C’est un joueur de surface qui récolte les fruits de son travail. Aujourd’hui, il a retrouvé la confiance et il a aussi gagné la confiance de tous. Cette saison devrait être la sienne, il tente ce qu’il n’a pas tenté à la JSK et jusqu’à présent, ça lui réussit très bien. Déjà lors de la préparation il avait inscrit 9 buts en 9 matches, et c’est comme ça qu’il a réussi à avoir sa place. Il a beaucoup travaillé devant les buts pour être aussi performant. La saison dernière, il a énormément bossé, mais il lui manquait un peu de réussite, il a su continuer le travail entamé l’an passé sans jamais désespérer pour continuer à évoluer. Il est en train de faire un début de saison des plus remarquables, on compte beaucoup sur lui cette saison, espérons seulement qu’il soit épargné par les blessures.»
R. H. 

 

 

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