Belloumi : «Le problème de l’EN n’est pas Belmadi»

La légende du football algérien est catégorique, Djamel Belmadi ne doit pas quitter la barre technique de l’EN. « Non, désolé, le problème, c’est les joueurs, pas lui », le défend-il. Pour le premier ballon d’Or de l’histoire du football algérien, il faut préparer une équipe pour le Mondial 2026. « C’est l’objectif prioritaire », prévient-il.

 

Connaissant votre amour et attachement pour l’EN, regarder la Coupe du monde se jouer sans elle doit vous donner encore plus de regrets…

D’abord, en tant qu’Algérien et ancien international, ça me fait vraiment mal de voir des sélections qui n’ont pas un grand niveau jouer le Mondial du Qatar. Hormis le Brésil ou la France qui confirment leur statut de favoris, le niveau affiché par les autres équipes est moyen, pour ne pas dire médiocre.

 

Pour vous, notre sélection a raté une belle occasion de hisser encore plus haut le drapeau algérien…

Bien sûr que le niveau de notre sélection est de loin plus élevé, comparativement à celui de plusieurs sélections qui participent à cette phase finale. A notre époque (les années 80), le niveau était très fort. D’ailleurs, je prévois une chose.

 

Laquelle ?

Je suis sûr qu’une surprise dans ce Mondial va se produire, car comme je l’ai dit, pratiquement toutes les équipes participantes se valent.

 

Parlons de l’EN, comment l'avez-vous trouvée lors de ces derniers matchs ?

Ce n’était que des matchs amicaux, par conséquent, on ne peut se hasarder à faire un jugement. Ceci dit, le coach national cherche à changer progressivement son ossature. C’est une affaire qu’on ne peut régler en deux ou trois matches, ça prend jusqu’à deux années. On ne peut préparer en un temps record une équipe, de surcroît une sélection. Néanmoins comme tous les observateurs, j’ai constaté qu’il y a des joueurs qui ont fait leur temps et qu’ils doivent laisser leur place à d’autres plus motivés et en forme.

 

Qui sont ces joueurs ?

Désolé, je ne citerai aucun nom, tout le monde a vu les derniers matchs de l’EN. Donc, pas besoin de dire que X ou Y n’a plus sa place.  Nous devons leur exprimer notre gratitude pour la joie qu’ils ont procurée au peuple algérien en 2019 (victoire à la CAN). Ils méritent de sortir par la grande porte. Cependant, il faut qu’ils se rendent à l’évidence que nul ne peut rester éternellement en sélection. De nos jours, seuls deux joueurs, malgré leur âge, restent toujours performants, en l’occurrence Cristiano Ronaldo et Léo Messi qui demeurent les meilleurs attaquants au monde. Pour les autres, une fois la trentaine sonnée, ils commencent à être sur le déclin.

 

Il ne faut pas être aveugle, la défense est à refaire, êtes-vous d’accord ?

Je vois que vous insistez sur les noms de joueurs qui sont sur le déclin. Franchement, on aimerait que ce soit eux qui disent : ‘’Stop’’, on laissera notre place à d’autres ! » Vous comprenez ce que je veux dire.

 

S’il y a changement, comme vous le préconisez, quel sera le nombre de joueurs à écarter ?

Disons, il y a 4 à 5 joueurs qui ont fait leur temps en équipe nationale. Pour apporter à cette dernière plus de qualité et de fraîcheur, les remplacer par d’autres éléments plus motivés et surtout plus jeunes rendra énormément de services à cette sélection, même si je persiste à répéter que seul Djamel Belmadi est capable de prendre la décision de changer une bonne partie de l’ossature.

 

La prochaine échéance est la CAN 2024…

 La CAN reste une compétition importante, mais honnêtement, il faut se projeter dans la Coupe du monde 2026 en préparant une équipe compétitive qui représentera dignement l’Algérie si, bien entendu, elle se qualifie à la phase finale. Après, si on parvient à rééditer l’exploit de 2019 en remportant la prochaine CAN, on ne dira pas non. Mais la priorité des priorités est de monter une équipe qui sera forte en 2026.

 

Ces derniers jours, le débat en Algérie tourne autour de l’avenir de Djamel Belmadi, ses opposants et partisans se livrent sur les réseaux sociaux notamment à une véritable guerre…

Quand il a gagné la CAN 2019 en Egypte, alors que personne, même le plus chauvin des supporters de l’EN, ne s’attendait pas à un sacre, d’autant qu’on était quelque temps avant au fond de l’abîme, après ce sacre, Djamel Belmadi, personne ne contestait sa présence sur le banc de la sélection. Il y a des joueurs qui marquent le pas et n’ont plus le même niveau qu’avant. C’est clair, ce sont eux qui doivent plier bagages, pas Djamel Belmadi. Franchement, ça ne sert à rien de changer d’entraîneur, il n’y a pas mieux que la stabilité. Il faut le laisser travailler sereinement, et j’ai bon espoir qu’avec lui, notre équipe nationale rebondira très bientôt.

 

Pourtant, certains ont réclamé publiquement son départ…

Pour ramener qui à la place de Belmadi ? Un étranger ? Dans le contexte actuel, la meilleure chose qu’on puisse faire serait de renouveler la confiance à Djamel Belmadi. Il est capable, avec le riche réservoir de jeunes Algériens qui évoluent à l’étranger, de construire deux équipes comme il l’a fait à ses débuts à la tête des Verts.

 

On a appris que vous avez reçu une invitation pour assister à la Coupe du monde, vous confirmez ?

Le 2 décembre, je m’envolerai pour Doha, je suis invité par le gouvernement du Qatar. Je vais donc représenter mon pays dans cette grande compétition. Il faut préciser que les responsables du Qatar n’ont jamais oublié que j’étais la 1re star de football à venir jouer dans leur championnat (Al Arabi en 1989). Depuis, ils ont toujours gardé un contact avec moi. Je profite pour les remercier de m’avoir invité.

 

Pourquoi iriez-vous le 2 décembre et pas avant ?

C’est moi qui ai demandé cette date afin d’assister aux tours éliminatoires et rester sur place jusqu’au lendemain de la finale de la Coupe du monde.

 

Des nouvelles de votre fils Mohamed El Bachir qui fait des merveilles avec la réserve de Farense ?

Effectivement, il réalise souvent de grosses prestations avec la réserve de Farense. D’ailleurs, cela n’a pas échappé à l’entraîneur de l’équipe 1re qui lui a demandé de s’entraîner avec le groupe pro. Sincèrement, même si au Portugal, la presse parle souvent de ses exploits souvent, je le vois bien jouer en championnat de France, qui est très médiatisé et suivi par de nombreux compatriotes qui vivent dans ce pays. Cela peut encore motiver davantage mon fils.

  1. S.

 

Classement