Madjer et la problématique locaux-pros

On sait que Rabah Madjer est un défenseur acharné du joueur local.

Consultant, il a toujours critiqué la politique du «tout importé» de l’ancien président de la FAF et n’a pas hésité, à maintes reprises, d’égratigner les joueurs algériens issus de la formation française, à commencer par Sofiane Feghouli à qui il a reproché par le passé son «excès de zèle» et son pouvoir illimité au sein de la sélection. Mais au-delà de l’aspect relationnel et humain entre Madjer et les joueurs qui ont jusque-là composé notre sélection nationale, quel sera le projet de jeu de Rabah Madjer ? Va-t-il choisir les meilleurs Algériens en activité sans prendre en considération leur statut de local ou issu de l’immigration, ou alors il demeurera fidèle à ses principes et établira un système de quotas en sélection ? Des questions qui méritent d’être posées et à laquelle Rabah Madjer, dans le cas où sa nomination deviendrait officielle, devra répondre et clarifier.

 

Deux stages par mois : une injustice envers les clubs  

Appelé il y a quelques mois à exposer son projet pour la sélection sur un plateau télé, Rabah Madjer a suggéré de programmer des stages permanents en début et à la fin de chaque mois réservés exclusivement pour les joueurs locaux. L’ancien capitaine des Verts pense que se limiter aux dates FIFA est insuffisant pour travailler les automatismes et construire une équipe nationale forte et compétitive. Revenir à l’ancien système est donc pour lui la meilleure solution pour relancer le joueur local et lui faire sentir qu’il existe et qu’il peut être sélectionnable. Pour étayer son idée, il a précisé qu’en Afrique, seuls les joueurs africains, dont nous faisons partie, peuvent s’adapter et rivaliser avec les grands du continent. Sur

papier, cette proposition semble excellente, voire même idéale, mais pratiquement parlant, elle est très difficile, impossible même à réaliser. D’abord parce qu’elle sera préjudiciable pour les clubs, le championnat, donc la LFP.  Même Alcaraz que la FAF a sommé d’organiser un stage par mois n’a pas pu le faire à cause du calendrier démentiel auxquels sont soumis les clubs. Aussi, et c’est important de le signaler, comment peut-en dans un championnat dit «professionnel» priver les entraîneurs de leurs meilleurs joueurs 10 jours par mois avec tout ce que cela impliquerait comme dégâts (blessure, charge de travail imposée, préparation des matchs de championnat…). Plusieurs entraîneurs se sont déjà plaints des stages pour les locaux en dehors des dates FIFA, imposer aux clubs une telle injustice, de surcroît deux fois par mois, serait, au-delà de tout, illégal mais aussi sacrifier notre championnat au détriment d’une équipe nationale qui peut largement se construire, comme l’ont fait les autres pays à travers le monde, c'est-à-dire en respectant le règlement FIFA, les clubs et le statut du club et du joueur professionnel.

Un système de quotas entre algériens ?

Rabah Madjer a dit à maintes reprises (surtout après les victoires) qu’il n’est pas et ne sera jamais contre les joueurs venant de l’Europe. Il a aussi reconnu tout le bien qu’ont apporté les Bougherra, Ziani et ensuite Mbolhi et Taïder…à la sélection…Mais Madjer a dit aussi que s’il devenait sélectionneur ou président de la FAF, il travaillerait pour que le noyau de la sélection soit issu du championnat algérien (environ 70 à 80 % de chez nous et 20 à 30% de chez eux pour reprendre ses mots). Cela s’appelle le système de quotas. Le même ayant fait scandale en France il y a quelques années. En résumé, de tous les joueurs ALGERIENS formés en France il n’en prendrait que «les meilleurs des meilleurs, en fonction des besoins de la sélection », disait-il. MAIS : ne devrions pas d’abord élever le niveau de notre championnat, moderniser nos techniques d’entraînement, recycler et mettre à jour nos techniciens, construire des centres de formation…pour former de vrais joueurs de football capables de s’aligner ou, au moins, se rapprocher du joueur professionnel brésilien, anglais, français, nigérian, danois, belge… et être à niveau en matière de communication, condition physique, culture tactique, maîtrise technique… Avant de songer à mettre en pratique cette politique discriminatoire ? Cela nous rappelle un peu l’appel d’un groupe de politiciens américains, qui, pour relancer leur économie, ont lancé un appel aux citoyens US de consommer les produits made in USA… A la seul différence qu’eux, ils produisaient effectivement quelque chose qui peut réellement concurrencer les produits allemands, chinois, japonais et français qui envahissaient leur marché. Sans diminuer du niveau d’un Nekkache, d’un Belaïli, d’un Djabou, d’un Slimani, d’un Benssebaïni ou d’un Attal qui restent des exceptions, et loins de nous l’idée de comparer les Feghouli, Bentaleb, Mahrez et les autres à des produits étrangers, puisque ce sont des Algériens à part entière, mais la vérité est que l’Algérie d’aujourd’hui ne peut pas et n’a pas le droit d’instaurer un système de quotas en sélection nationale. Il y a des Algériens formés, qui jouent et habitent ici en Algérie et d’autres formés, qui jouent et habitent en Europe. Il faut en choisir les meilleurs et rayer de la liste des critères de sélection les mots : joueurs locaux et joueurs issus de l’immigration. Si ceci est l’intention de Madjer tant mieux ! il faut juste qu’il l’expliquent à ses futurs joueurs, Feghouli en premier.    

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