Pourquoi les clubs évitent-ils la plateforme Tadkirati ?

La rue algérienne ne décolère toujours pas après les récents incidents qui ont émaillé la rencontre MCA-US Monastir qui a permis au Mouloudia de passer à la phase des poules de la C1.

Des échauffourées, des blessés et il y a eu même un mort, personne n’était content de l’organisation qui a été mise en place, cela peut-être expliqué par la précipitation dans laquelle ce match a été organisé, du moment que le stade n’était pas totalement prêt à accueillir son premier match officiel. Mais avec plus de sagesse, les choses auraient pu se passer autrement, car rien ne s’est fait dans les règles de l’art et ce depuis la fameuse opération de vente des tickets. En effet, les tickets du match MCA-USMO se sont vendus dans les guichets du 5-Juillet, pourtant la rue attendait à ce qu’on les mette en vente au niveau de la plateforme Tadkirati, qui reste opérationnelle, mais selon des échos, le MCA a préféré que l’opération se fasse dans son ancien fief, ce qui a donné lieu à des premières scènes moyenâgeuses devant les guichets du complexe olympique. Les supporters ont donc dû batailler bien avant le match, cela est compréhensible pour des fans qui ne voulaient rater pour rien au monde cette première sortie au stade Ali-la- Pointe. Dès l'aube, les supporters étaient déjà massés aux abords du stade dans de longues files d'attente avant l'ouverture des guichets, un spectacle désolant au moment où l’Etat donne une grande importance à la numérisation.

 

Argent bloqué

Le match a donc eu lieu malgré les difficultés, mais malheureusement non sans faire des dégâts matériels et perte humaine. A peine ce premier épisode dépassé qu’on se rapproche d’une 2e inauguration, celle du stade du stade Hocine-Aït-Ahmed, qui ouvrira ses portes ce vendredi à l’occasion d’un derby historique entre la JS Kabylie et l’O Akbou, la DJS se prépare pour la gestion, car le stade est encore sous sa coupe, elle a lancé l’élaboration d’une plateforme numérique dédiée exclusivement à la vente des tickets de ce stade, mais qui n’est pas totalement prête, d’où cette décision prise par cette institution de mettre les tickets en vente à l’ancienne, dans plusieurs points de vente, histoire de satisfaire un maximum de supporters. Une décision qui n’a pas satisfait les nombreux fans de la JSK, qui espéraient faire cela de chez eux, devant leur PC, téléphone ou tablette, mais là aussi, certains ont même demandé que l’opération se fasse sur la plateforme Tadkirati mais visiblement cette dernière est devenue indésirable, et lorsqu’on essaye de mieux comprendre cette attitude on finit par comprendre les tenants et les aboutissants de l’affaire.

Nous avons enquêté auprès des clubs et, finalement, nous avons compris que ces derniers ne sont pas chauds pour cette collaboration avec ladite plateforme. Il faut dire que la plateforme créée avec l’installation des portes tourniquets aux stades du 5- Juillet, à Annaba, à Constantine, et l’inauguration des stades de Baraki et d’Oran après le long arrêt dû à la Covid-19, a nettement baissé la pression sur les organisateurs et autres supporters, certes les servers ne sont pas encore au top, du moment qu’il y a souvent eu des blocages, à l’image de celui intervenu la veille de la finale du CHAN et qui a poussé le MJS à décréter la gratuité, mais le résultat a été positif dans l’ensemble. Qu’est-ce qui pousse donc les clubs à fuir cet outil technologique pour recourir aux vieilles méthodes ?

 

Abonnements

Opérationnelle depuis déjà 3 ans, la plateforme Tadkirati ne fait pas l’unanimité pour la simple raison que les clubs n’ont toujours pas touché leur argent généré par ces ventes électroniques, l’argent part droit vers les caisses de l’Etat, au Trésor et autres comptes du MJS,  et aucun mécanisme n’a été mis en place pour que les virements soient faits directement vers les comptes des clubs, autrement dit, les clubs réclament leur propre argent de Tadkirati mais leurs appels partent dans l’oreille d’un sourd…

On comprend maintenant mieux l’attitude du MCA, voire même de la JSK qui ont préféré revenir aux vieilles méthodes de peur de se faire balayer, ces deux clubs ne sont pas les seuls victimes, puisque nos informations affirment qu’aucune équipe n’a encore reçu sa part du gâteau, pire encore, on croit savoir que même la FAF n’a pas touché l’argent des matches de la sélection joués à Baraki, à Annaba, Constantine ou encore à Oran, des sommes parfois énormes qui auraient pourtant aidé nos clubs et la fédération à subvenir à leurs besoins de plus en plus grands. En attendant que ce cadre réglementaire permettant de renflouer les comptes de nos clubs, les clubs peuvent bien penser à de meilleures idées, le président du Conseil d’administration de la JSK El-Hadi Ould-Ali a déclaré vendredi passé qu’il allait ouvrir ce dossier avec la DJS, cette dernière étant le gérant officiel du nouveau stade de Tizi, les revenus générés par la plateforme créée exclusivement pour la vente des billets de ce stade doivent être au centre d’un débat, mais la JSK ou même le MCA et les autres sociétés disposant de stades et de partenaires économiques peuvent penser à d’autres systèmes, à l’image des cartes d’abonnement. Une entreprise comme Sonatrach qui possède déjà sa propre société de gardiennage et sa propre filiale spécialisée dans les assurances (Cash, en l’occurrence) ne peut pas rester inerte devant un tel effort. Les dirigeants du club peuvent lancer un système d’abonnement et même leur propre plateforme de vente des billets et profiter pleinement de la popularité de leur club, car avec le  nombre de supporters qui affluent pour assister aux matches de l’équipe, ils peuvent déjà s’autofinancer et se passer d’une grande partie de l’argent versé par Sonatrach, ce n’est pas la mer à boire, mais cette étape a besoin de courage et d’une volonté, chose qu’on ne voit malheureusement pas.

En tout cas, les clubs semblent avoir mené une campagne de rébellion contre Tadkirati, cela devrait faire bouger les choses dans le bon sens, en attendant, les guichets resteront fonctionnels et avec eux la mafia du marché noir, qui résiste et ne semble pas vouloir mourir.

  1. M. A.

 

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