Sandjak : «Voilà la différence entre la JSK et le MOB»

Pas très bavard avec les médias, l’entraîneur du MOB, Nacer Sandjak, a choisi nos colonnes pour nous parler de son expérience avec le deuxième club phare de la Kabylie. Dans cet entretien, le coach des Crabes, et sans langue de bois aucune, nous dresse un tableau détaillé sur tout ce qu’a vécu son groupe depuis qu’il l’a pris en main. Bien évidemment il revient sur la qualification historique pour les demi-finales de la coupe de la CAF et le match de ce soir face au CSC.

 «Une qualif’ pour la finale est possible»

«Mon staff et moi avons limité la casse et rattrapé le retard»

 «La grève de mes joueurs m’a mis hors de moi»

Le MOB est en demi-finale de la coupe de la CAF, c’est quoi le secret entre Nacer Sandjak et la coupe d’Afrique ?

Et bien, il n’y pas de secret particulier, seulement un discours et une méthode de travail simples. Une façon de bosser basée particulièrement sur le sérieux et l’abnégation, avec surtout des joueurs qui sont à l’écoute et qui veulent réaliser quelque chose. Je pense que c’est ce que nous avons réussi à faire jusque-là mon staff technique et moi-même, et hamdoullah ça marche pour l’instant, puisque comme vous venez de le signaler, le MOB disputera pour la première fois de son histoire une demi-finale d’une coupe africaine. C’est tout simplement merveilleux et surtout inespérée au vu de l’état dans lequel nous avons trouvé ce groupe lorsque nous sommes arrivés…

Justement racontez-nous un peu dans quel état vous avez trouvé cette équipe du Mouloudia de Béjaïa ?

Et bien imaginez tout simplement une équipe qui perd près de sept de ses joueurs cadres. Toute une direction et des dirigeants qui sont partis. Pas de préparation physique, pas de matchs amicaux. Ce qu’il faut que les gens et surtout les supporters sachent, c’est que nous nous sommes préparés au fur et mesure, c’est-à-dire que notre préparation a été faite tout en jouant nos matchs officiels. Il ne faut pas oublier aussi les problèmes financiers que vit le club au quotidien. Mais malgré tout cela, nous avons réussi à limiter la casse et rattraper notre retard.

Le technicien que vous êtes, comment faites-vous pour gérer cette crise financière au quotidien ?

Et bien on ne la gère pas, on vit tout simplement avec. Ce qui est extraordinaire, c’est que tout le monde vous demande de vous préoccuper que du volet technique, sauf que les problèmes d’argent influent qu’on le veuille ou non sur notre travail. Quand vous avez des joueurs qui ne sont pas payés et qui sont atteints moralement, impossible de leur exiger d’être à 100%, et même en y mettant toute la volonté du monde. A titre d’exemple, et c’est tout récent, la grève faite par mes joueurs juste avant la rencontre du DRBT…

En effet, une grève déclenchée trois jours avant le match…

Oui et c’est l’une des raisons justement qui a fait que physiquement nous avions fléchi en fin de rencontre face à Tadjenanet à domicile. Peut-être que beaucoup ne le savant, mais il faut que je vous dise que je n’ai jamais admis le comportement de mes joueurs et le fait qu’ils aient fait grève. J’étais vraiment en colère et hors de moi. J’ai dit aux joueurs, mais bon sang nous sommes dans un pays géré par des lois et des règlements. Comment osez-vous faire grève et toucher au côté technique ? Si vous n’avez pas été payé et que vous estimez que vous avez été lésés, vous n’avez qu’à déposer vos dossiers au niveau la CRL (commission de résolution des litiges), mais bon je me pose quand même des questions…

Oui, lesquelles ?

D’après mes informations, ces soucis d’argent existaient aussi avant le mois de juin dernier, donc pourquoi à ce moment-là, jamais il y a eu un mouvement de grève de la part des joueurs, c’est quand même bizarre…

Insinuez-vous qu’il y a des gens de l’ancienne direction qui font tout pour déstabiliser l’équipe ?

Je ne veux accuser personne et surtout pas ouvertement, mais je trouve tout cela bizarre quand même et comme je vous l’ai déjà précisé je me pose des questions. En tout cas ce que je peux dire c’est que la direction actuelle tient toujours ses engagements…

Ah bon, même sur le plan financier ?

Oui bien sûr. La direction avait promis une prime de qualification de 50 millions de centimes suite à la qualification en coupe d’Afrique, après elle l’a augmenté à 100 millions, et les joueurs l’ont perçue. Ils sont aussi payés un salaire sur deux.

Mais bon c’est quand même incroyable de voir tous ces budgets de salaire colossaux qui existent dans le championnat algérien.  

 

Revenant à la coupe d’Afrique, c’est quand même un vrai exploit d’atteindre ce stade de la compétition avec tout ce qu’a traversé le club ?

Franchement l’équipe a réussi quelque chose d’extraordinaire. En plus de tous les problèmes cités, il ne faut pas oublier un autre paramètre, les longs déplacements en Afrique. On a eu des voyages de près de 28 heures  avec des longs déplacements, et croyez-moi en arrivant à Alger on est morts. Les compétitions africaines n’ont rien à voir avec les coupes européennes où les commodités sont bien meilleures. C’est pour vous dire que les joueurs ont donné tout ce qu’ils pouvaient pour atteindre ces stades des demi-finales.

Parlant de fatigue, vous avez essuyé beaucoup de critiques quant au fait que donnez beaucoup de repos aux joueurs ? 

Vous me donnez l’occasion d’y répondre et c’est très bien. Les joueurs sont des humains comme vous et moi. Ce ne sont pas des robots. Lorsque vous faites des longs voyages suivis par des séances d’entraînement et des matchs, il est clair que le joueur a besoin de se ressourcer que ce soit sur le plan mental ou physique auprès de sa famille. Et c’est pour cette raison que j’essaye de mettre mes éléments dans les meilleures conditions possibles.

Cette demi-finale face au FUS de Rabat, vous y croyez ?

En tant que compétiteurs bien sûr qu’on y croit car un match de football se joue sur un terrain et tout est possible. Mais bon il ne faut pas non plus être surréaliste. Après notre qualification, certains nous exigent déjà de remporter le trophée, alors que dans le dernier carré il y a tout simplement les trois meilleures équipes africaines avec des moyens énormes et des effectifs très riches, et bien incha Allah on va gagner, oui pourquoi pas. Plus sérieusement, on jouera nos chances à fond surtout que nous avons la chance d’avoir un public fabuleux qui nous donne des ailes lors de chacune de nos rencontres. Donc oui, tout est possible.

Ce match du CSC, ressentez-vous déjà la pression en championnat avec seulement un point d’empocher ?

D’abord, je tiens à dire une chose. C’est la première fois depuis le début de cette saison qu’on s’entraîne toute la semaine. Il nous était impossible de le faire avec nos matchs de coupe d’Afrique. Ce fut un pur plaisir et magnifique. J’espère vraiment que ceux qui verront ce match assisteront à un beau spectacle, et que mes joueurs resteront concentrés et ne penseront pas à la coupe d’Afrique. Maintenant s’agissant de votre question, ma réponse sera toute simple : impossible pour nous de courir deux lièvres à la fois, ce n’est pas dans nos cordes. Quand on décide de jouer sur tous les tableaux, il faut se donner les moyens avec notamment un riche effectif, ce qui est loin d’être le cas pour nous.

Enfin, vous avez entraîné la JSK et maintenant le MOB, quelle différence faites-vous entre les deux clubs ?

Et bien le MOB est un club assez jeune par rapport à la JSK, un club très mature avec une grande notoriété. Maintenant, le MOB est tout à fait capable de bousculer la hiérarchie. Mais ce qui est bien, c’est que les supporters de la JSK supportent aussi le MOB et vise vers ça. D’ailleurs c’est le cas maintenant, j’aimais la JSK et maintenant j’aime le MOB.

A. H. A.

 

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