Vente des billets dans un climat d’anarchie

Alors que l’ouverture des guichets avait été annoncée dans les médias pour 8h, à 5h30, alors qu’il faisait encore nuit noir, on se serait cru en pleine heure de pointe tant les principaux axes et les principales artères de la ville des Roses menant au stade Mustapha Tchaker étaient pleines de voiture affichant des matricules des 48 wilayas du pays. Aux abords du stade, on se serait cru jour de match.

Les files d’attente devant les guichets commençaient à s’allonger. 4 heures avant l’ouverture officielle, des bandes de jeunes grimés et maquillés aux couleurs de l’équipe nationale, avec le drapeau national en guise de cape, errent dans les rues. Certains dorment encore dans leurs voitures immatriculées 13 (Tlemcen) et ceux qui ne sont pas véhiculés et qui sont venus la veille au soir par les transports en commun pour être sûrs d’avoir leur place dorment dans les pelouses en face du commissariat de police, de la gendarmerie, ou à côté des différents barrages routiers des forces de sécurité pour éviter les agressions. La majorité des cafés, qui avaient eu la bonne idée d’ouvrir plus tôt, sont remplis de supporters de tout âge, qui parlent avec tous les accents que compte notre beau pays et qui font ou refont les matchs des Verts, en donnant leur onze type, en attendant d’acheter le précieux sésame qui leur permettra de voir une rencontre historique quelle qu’en soit l’issue, en priant et en espérant qu’elle soit favorable aux Fennecs.

Un plan anti-marché noir mis en place

Pour éviter la spéculation sur les prix des billets, la vente sauvage avec son lot de billets scannés et de palabres et le véritable «marché noir» organisé par certaines personnes peu scrupuleuses pour s’en mettre plein les poches, la direction de l’OCO a pris la décision de ne vendre que cinq places par personne pour permettre au maximum de supporters d’avoir des places authentiques au prix normal de vente, soit 300 dinars pour les virages et les places découvertes, et 1000 dinars pour les places couvertes. Un système de vidéosurveillance a été mis en place au-dessus de chaque guichet pour décourager toute éventuelle tentative de népotisme ou «piston» d’un employé du stade d’enfreindre les règles draconiennes mises en place pour l’évènement. La direction de l’OCO, consciente du fait qu’on ne peut stopper le marché noir, a tenté au moins de freiner cette pratique à travers ce plan.

8h25, les guichets ouvrent enfin

C’est sous un temps froid et brumeux, sous une température d’une quinzaine de degrés environ, et après de longues heures d’attente dans le froid et l’humidité que les guichets du stade Mustapha Tchaker se sont ouverts. En plus de la météo qui avait décidé d’être clémente avec ces courageux et sympathiques supporters, comme pour se rattraper de leur avoir fait rater la séance d’entraînement ouverte la veille au public, un important dispositif policier avait été mis en place pour parer à toutes les éventualités et les cas de figure qui peuvent se déclencher lorsqu’il y a une telle concentration de supporters en manque de sommeil et de déception, après que les 30 000 places aient été vendues. Les services de sécurité, voulant éviter à tout prix les incidents qui avaient eu lieu en 2009 lors des éliminatoires de la Coupe du monde précédente. A noter aussi la présence du directeur du stade et du directeur de la Jeunesse et des Sports, monsieur Ziane Bouziane qui observaient de près tous les évènements qui ont émaillé cette délicate opération.

L’ambiance bon enfant a tourné court

Alors que tout avait été organisé pour que la vente se fasse dans le calme et que la bonne humeur règne entre les différents supporters, c’est aux alentours de 8h53 que les vieux démons des supporters algériens ont ressurgi avec leur lot d’incivilité, de non-respect de la file d’attente, de bousculades, de bagarres et autres escalades de murets et pylônes. La concentration de personnes, additionnée à la peur de ne pas avoir de places ont fait voler l’entente cordiale qui régnait jusqu’alors. Ce qui devait arriver arriva et malgré tout le dispositif policier et organisationnel pour éviter tout accroc,  les forces de sécurité ont dû charger les «supporters» les plus déchaînés qui, non contents d’avoir allumé la mèche, en tentant de ne pas respecter la file d’attente, se sont mis à jeter des pierres en direction de la file d’attente et de la police. Il aura fallu une intervention musclée des forces de l’ordre pour ramener le calme. Il est à noter que cette grosse escarmouche et la bousculade qui s’en est suivie a conduit quelques supporters à être hospitalisés pour différentes blessures plus ou moins graves.

10 000 places vendues à 11h

Malgré le respect total du quota de cinq places par personne, à 11h00 on comptabilisait déjà 10 000 places vendues sur les 30 000 mises en vente par la direction de l’OCO, c’est dire l’engouement qui entoure cette rencontre sur tout le territoire national.

11h30, des scènes de guérilla urbaine

Il semble qu’encore une fois, l’opération «billetterie», l’un des évènements les plus délicats et les plus appréhendés par les décideurs, n’ait pas failli à sa réputation. Et cela à cause d’une bande d’excités, qui sont plus des hooligans que des supporters. Car même si l’équipe nationale se qualifie pour le Mondial brésilien, au vu du bilan provisoire des blessés nous pouvons dire que la fête est gâchée.

30 blessés à déplorer dont un policier éborgné

Cette fête  du football a été gâchée, malgré toutes les précautions et toutes les preuves d’équité fournies par les responsables. Car cette bousculade, violente, déclenchée par des « casseurs » et l’intervention des forces de l’ordre qui s’en est suivie, a causée 30 blessés parmi lesquels trois membres des forces de l’ordre selon l’attaché de presse de la Protection civile, Adel Ezghai Izrouk, qui a donné ce chiffre lors du point de presse qu’il a animé en fin d’après-midi. Selon lui, aucun mort et aucun blessé grave ne sont à déplorer. Des chiffres de la Protection civile qui diffèrent de ceux de la police qui parle aussi de 30 blessés mais de six policiers. Un policier a été éborgné lors de la rafale de cailloux que la police a essuyée. Pour ramener le calme, la police a été obligée d’utiliser des grenades lacrymogènes.

28 000 places vendues en tout

Au moment où les guichets ont fermé leurs portes, tous les tickets destinés à la vente publique avaient été vendus, avec un ratio de 13 000 le matin pour

9 000 vendus l’après-midi. Et contrairement à ce qu’avait annoncé l’OCO, les places en tribune couvertes, ceux à 1000 dinars, n’ont pas été vendus pour des raisons de sécurité et laissés à la disposition des invités VIP. Les 10 000 places qui restent ont été réservées pour les corps de l’Etat comme la Protection civile, la police et l’armée, pour leur permettre de voir le match tout en canalisant un public très chaud pour éviter tout couac, alors que les yeux de la planète foot toute entière seront braqués sur l’Algérie mardi prochain.

 

 

 

 

 

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