Raouraoua : «Je ne suis ni un ghoul ni un béni-oui- oui»

 

L’ancien président de la FAF a finalement assisté aux travaux de l’AG. Il a ainsi pu donner son avis sur différents sujets. Gestion, équipe nationale, Alcaraz, formation et avenir, il a tout dit. L’occasion pour lui de rappeler qu’il n’est pas un ennemi de la fédération.

Sa présence ou pas était un long suspense mais, finalement, Mohamed Raouraoua a bel et bien assisté aux travaux de l’AGO de la FAF. En sa qualité de membre de l’AG, il n’a pas raté l’occasion d’être présent pour dire ce qu’il avait à dire. Il y a eu un avant l’adoption des bilans et un après. L’ancien patron de l’instance de Dely Ibrahim était comme une rock star et tout le monde l’attendait pour avoir ses impressions.

«Je ne suis pas un ghoul et je ne suis pas un béni-oui-oui non plus»

Avant d’entrer pour assister aux travaux, le vice-président de l’UAFA a fait une déclaration assez claire sur ses intentions. «Si j’ai des choses à dire, je les dirai. Je ne suis pas un ghoul, mais je ne suis pas un béni-oui- oui non plus.»

«On a de l’argent, mais jusqu’à quand ?»

Après la fin des travaux, celui qui a été membre exécutif à la CAF a été plus bavard et notamment sur l’argent que possède la FAF. «Aujourd’hui, nous avons de l’argent mais si on ne fait pas le nécessaire pour s’assurer d’autres rentrées d’ici la prochaine décennie, la prochaine génération n’aura que du vent. Il faut qu’on leur laisse pour qu’ils puissent travailler. Pour faire rentrer plus d’argent, il faut au minimum se qualifier à la Coupe du monde pour avoir de nouvelles ressources de financement et notamment de la CAF et de la FIFA. Si ce n’est pas le cas, on reste sur ce qu’on a et il faudra tout de même préparer l’avenir pour la prochaine génération. J’ai expliqué à l’assemblée générale et si cette dernière décide à la prochaine AGEX de faire un nouvel investissement, les membres sont souverains. On a un avis que quand on a de l’argent et par expérience, on arrive à créer de nouvelles sources de revenus. Si on débourse tout l’argent, on deviendra pauvres.»

«Les rentrées de la FAF sont celles des contrats que j’ai laissés»

La fédération a annoncé que la manne financière est passée à 800 milliards et là, Raouraoua précise : «Ce sont les contrats que j’ai laissés. Les créances de la FAF ne sont pas encore rentrées. Mobilis nous doit encore 70 milliards. Coca Cola nous doit 700 000€. J’ai parlé au responsable de la société et il m’a assuré qu’il a déjà payé. Adidas a aussi un contrat jusqu’en 2019 et nous a aidés. Cela nous a permis d’aider d’autres fédérations comme celle de handball. Maintenant, le bail se termine en 2019 et Il faut d’ores et déjà lancer un appel d’offres pour recruter un équipementier et j’espère qu’on en trouvera.»        

 

«L’AG est souveraine»

Les bilans sont passés comme une lettre à la poste et par rapport à ce sujet, l’intervenant a fait savoir : «Les bilans ont été adoptés par l’assemblée générale qui est souveraine. Je suis un membre de l’AG et je suis démocrate. Si cette dernière a adopté, tout le monde l’adopte.»

 

«Pas là pour polémiquer, je donne mon avis»

Raouraoua a ensuite tenu à faire comprendre que sa présence n’avait aucun but de créer la polémique, bien au contraire et par rapport aux réponses de Zetchi aux points soulevés, il assure : «Ça n’engage que lui, je ne suis pas venu créer la polémique. Je suis venu donner mon avis et par conséquent, si on le prend en considération, c’est bien, si ce n’est pas le cas, c’est la responsabilité de chacun.»

 

«La gestion sera bonne»

Interrogé sur la capacité de la direction actuelle de la FAF de bien assurer sa gestion, l’ancien boss se montre plutôt confiant sur ça : «Je suis sûr que la gestion sera bonne.»

«Alcaraz est quasiment sûr de gagner»

Par rapport à l’ancien sélectionneur national, Lucas Alcaraz, Raouraoua dit que l’Espagnol a un contrat en béton et qu’il faudra prévoir de l’indemniser : «J’ai parlé d’Alcaraz et ce dernier a un contrat en béton et il a saisi la FIFA. Je suis sur qu’il aura gain de cause car son seul objectif, c’était de se qualifier à la coupe d’Afrique. Il faut 6 matchs pour se qualifier, il en a joué un et l’a gagné. Aujourd’hui, on l’a mis à la porte. Celui qui l’a recruté assume la responsabilité et je pense que nous serons obligés de l’indemniser. Ce que j’ai dit dans la comptabilité, on doit approvisionner quelque chose qu’on pourrait éventuellement payer et qui allait être réintégrée l’année d’après. Ça ne coûte rien de prévoir 1 350 000€ qu’il (Alcaraz) devrait toucher s’il a gain de cause. J’ai appelé le président à aller le voir et essayer de trouver une solution amicale.»

 

«Les salaires des staffs coûtent 24 milliards par an»

Autre point, ce sont les salaires des staffs et sur ce sujet, l’intervenant déclare : «J’ai parlé aussi des salaires des staffs technique qui sont mirobolants. J’ai dit que les salaires déclarés ne sont pas dans ce bilan parce qu’on ne les a pas payés en octobre, novembre et décembre. Ils les ont déjà payés durant cette année. Le bilan de 2018 sera examiné en 2019. Dans l’intervalle on va devoir payer les charges. Si quelqu’un touche 400 millions, nous allons devoir payer et personne ne pourra me contredire- je vous donne une estimation qui est basée sur la loi - 24 milliards par an entre les salaires et retenues.»

«Je suis pessimiste pour l’EN»

Par rapport à la situation de l’équipe nationale, Mohamed Raouraoua n’a pas manqué de faire un petit tacle à Madjer : «Je pense que l’équipe nationale est loin du niveau où elle était car il faut beaucoup de temps pour tout remettre en place et il y a un staff technique qui en est responsable. D’un côté technique et de la gestion de l’équipe  nationale, je ne suis pas du tout optimiste. Il faut leur poser à eux la question et à l’entraîneur et je pense qu’il a répondu.»

«Je ne suis pas là pour détruire la FAF»

Malgré tout ce qui se dit, l’ancien boss se veut comme un allié et non pas un ennemi : «Je suis l’allié de la fédération, je ne suis pas là pour détruire la FAF. Je dis à toute l’AG et au président que la FAF m’a pris 16 ans. J’ai consenti beaucoup de sacrifices. Les gens qui ont fait tout ça et qui ont fait de l’Algérie ce qu’elle était, ce n’était pas gratuit. Donc, moi, mon souci et mon souhait c’est de voir cette dynamique continuer.»

 

«Le président s’est corrigé sur les binationaux»

L’affaire des binationaux avait fait couler beaucoup d’encre mais depuis, les choses ont évolué et pour le N°2 de l’UAFA, Zetchi a rectifié le tir : «Je crois que le président a corrigé les choses. Il a bien dit. Dans tous les pays du monde quand il y a un Algérien qu’il soit en Autriche ou au Japon et qu’il a la double nationalité et je rappelle qu’on a livré bataille une longue décennie pour ce qu’on appelle la loi Bahamas qui a permis à des joueurs de choisir leur nationalité sportive devienne réalité. C’est bien défini dans les statuts de la FIFA. On a pu ramener de grands joueurs et d’autres pays en ont fait de même. Regardez les équipes qualifiées pour la Coupe du monde, elles ne sont que sur la base de grands joueurs notamment nos amis africains comme le Sénégal. Par conséquent, c’est un trésor à exploiter. Ça, c’est la responsabilité du coach, il devra rendre des comptes s’il échoue.»

 

«Aucun problème entre la FAF et la CAF»

A un certain moment, il était question de sanctions et de frictions entre l’instance de Dely Ibrahim et la CAF. Cependant, pour l’ancien membre du comité exécutif de l’instance africaine, il n’y a rien du tout : «A ma connaissance, il n’y a aucun problème entre la FAF et la CAF. Le reste, c’est du passé. Ça parle beaucoup de la CAF et de son président qui est un ami de l’Algérie, je le dis et je l’assume. Il connaît parfaitement le pays et depuis longtemps. Donc, il ne peut pas y avoir de sanctions. Il ne faut pas s’arrêter sur ça. Aujourd’hui, je suis tous les jours avec des membres de la CAF et je l’assure, il n’y a aucun problème à signaler. Il faut remercier le président de la FIFA qui était venu à Alger pour sa première sortie de campagne. Il a mis en place le programme 2.0 pour développer le football dans le monde. Je sais comment ça fonctionne car je suis membre de la commission des finances de la FIFA et il faut en profiter de la manne financière pour faire certains projets. L’hôtel des 64 lits, on allait le reproduire à l’identique mais il coûte 50 milliards ! Le terrain qu’on a clôturé, ça a déjà coûté 5 milliards et il faut remercier l’Etat qui nous a donné cette magnifique parcelle qui nous permet de créer une première Académie à Alger. Il faut voir loin. Moi, j’ai laissé de l’argent pour la génération future.»

 «L’Etat nous a beaucoup aidés pour développer le football»

Interrogé sur le symposium, l’intervenant a évité le sujet car il n’était pas présent mais a tenu à rappeler l’implication de l’Etat : «Je ne peux parler du symposium car je n’étais pas là. J’ai fait mon devoir quand j’étais président et j’ai donné 16 ans de ma vie pour avoir ce que nous avons actuellement. On a eu deux conseils interministériels et des dossiers sont passés et des décisions ont été prises mais hélas, à cause des différents ministres qui se sont succédé à la Place du 1er-Mai, il n’y a pas eu d’exécution. L’Etat et le président de la République ont fait le nécessaire pour développer le football. Le CTN ne serait pas là, n’était la volonté de l’Etat. La première pierre a été posée en 2003 par le président et quand je suis revenu en 2009, il n’y avait rien du tout. Petit à petit, on a construit avec l’aide de l’Etat certes mais aussi avec les moyens de la fédération pour faire ce que vous voyez. Je souhaite qu’il y ait 10 centres comme celui-là dans le pays et j’encourage la FAF à réaliser des centres de formation.»

 

«La formation reste l’exclusivité des clubs»

Sur le projet de centres de formation, Mohamed Raouraoua milite pour la création des centres en question et fait savoir : «Un club de Ligue 1 Mobilis s’entraîne dans un stade où s’entraînent 10 autres équipes ! Les jeunes, les chiffres sont mirobolants. On a organisé plus de 500 championnats dans ce grand pays. Aujourd’hui, les jeunes n’ont pas les moyens. Certains découvrent la longueur du terrain le jour du match. Il faut donner les moyens. On a déjà préparé ce qu’il faut pour les centres de formation. Les crédits sont là, les permis de construire aussi. Il faut donner aux jeunes une post-formation. Elle est faite de manière archaïque. Il faut organiser cela. On a passé un accord avec la FFF pour former 300 entraîneurs-formateurs qui ont la licence CAF A. ils étaient destinés à encadrer les 32 centres de formation des équipes professionnelles. La formation reste de l’exclusivité des clubs car il n’y a pas une seule fédération au monde qui assure la formation des joueurs. On prend les meilleurs pour leur assurer une post-formation comme en 2009, nous avions des jeunes comme Benkhemassa, Abdellaoui et Ferhat qui ont été aux JO du Brésil. Il y a un plan d’évolution des joueurs. Korichi a formé près de 4 000 entraîneurs et nous sommes le premier pays avec des entraîneurs avec des licences africaines. On avait un déficit de 12 000 entraîneurs. J’espère que la DTN va remédier à cela.»

  1. H. A.

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