Le mal au Mouloudia d’Alger est très profond. Il ne s’agit pas de tel ou tel problème qui éclabousse la sérénité d’un club, qui est censé être la locomotive du football national.
Depuis la réforme sportive et l’avènement de Sonatrach, le Mouloudia d’Alger n’est pas parvenu à s’extirper d’un engrenage qui perdure depuis 43 ans. Presque la moitié de l’histoire du club vacille dans des problèmes préfabriqués. Si pour certains Sonatrach serait une véritable opportunité pour que le vieux club algérois soit à l’abri de tout besoin, il n’en demeure pas moins que cela a permis à de nombreux «vautours» de rôder autour du club. Depuis 1977, date de la réforme sportive, le MCA semble ne pas être concerné par ce renouveau. Pis encore, l’équipe a perdu de son aura et est devenu un club quelconque, alors qu’il fut le premier à marquer de son empreinte le football algérien au niveau continental. Le Mouloudia d’Alger est le premier à offrir à l’Algérie un titre majeur, à savoir une Coupe d’Afrique des clubs. Alors que l’on s’attendait à voir cette équipe, dont la popularité dépasse les fiefs du club au sein de la capitale, Alger, il n’est pas parvenu à poursuivre la performance. L’argent dépensé par Sonatrach depuis 1977 aurait pu faire du MCA un pôle, non seulement du football national, mais du sport algérien en général. Au final, le MCA est un club quelconque, sans stade, sans siège et avec des résultats loin d’être de grosses performances. Un titre chaque décennie et une coupe d’Algérie par intermittence, ce sont les seules prouesses des Mouloudéens, au grand dam de leurs milliers de supporters.
Pour Sonatrach, le MCA n’est pas une priorité
Beaucoup de clubs envient le MCA parce qu’il possède la base de l’économie nationale comme soutien financier, à savoir Sonatrach. Cependant, les choses ne se présentent pas ainsi. Il faut savoir que le MCA est le seul club, dit professionnel, en Ligue 1 et Ligue 2, qui ne possède pas de domiciliation fixe. Avec l’argent déboursé par Sonatrach pendant presque quatre décennies, le club aurait pu s’offrir son propre stade et son camp d’entraînement. Au final, le Mouloudia joue aujourd’hui à Bologhine puis au 5-Juillet, comme il avait évolué à Rouiba et à Koléa. Cela n’est pas normal. Pour Sonatrach, la gestion du MCA est loin de constituer une priorité. Ça rentre presque dans le domaine des activités «sociales» des sociétés. Pendant près d’un demi-siècle, Sonatrach n’a pas pensé à offrir au MCA un stade, voire un siège. Tout ce qui se fait n’est que de la poudre aux yeux et le club n’a jamais bénéficié de son statut de formation soutenue financièrement pas l’une des plus grandes compagnies pétrolières à travers le monde. En somme, l’association MCA-Sonatrach est plus politique qu’autre chose, ce qui a énormément nui au club.
Les dirigeants loin de la réalité du football
Devant cette situation, les responsables de Sonatrach ne désignent jamais des dirigeants capables de gérer un club de football de la stature du MCA. C’est presqu’une sanction lorsqu’on désigne un employé de la compagnie pétrolière à la tête du conseil d’administration de la société sportive. Depuis 2013, soit en sept ans, cette SSPA/MCA a connu 10 présidents du conseil d’administration. La plupart de ces dirigeants sont loin de la réalité du football. Le club végète toujours dans de gros problèmes, et l’entraîneur intérimaire, Mohamed Mekhazni, ne s’est pas privé de dévoiler une partie de l’iceberg à propos des sujets internes au club, qui concernent le quotidien des joueurs. «Savez-vous que les joueurs, que l’on annonce signataires de gros contrats, se voient obligés de recourir à des prêts de 2000 à 5000 DA pour pouvoir régler leurs affaires personnelles ? Les équipements, trouvez-vous normal que j’interpelle vainement les dirigeants, depuis mon arrivée, pour régler le problème, en vain ? Trouvez-vous normal que j’achète de mon propre argent le survêtement du Mouloudia pour éviter le scandale ?», avait-il déclaré. Ce n’est qu’une partie des problèmes que vit le club, alors qu’il est censé être l’un des plus riches du football national.
Recrutement de joueurs-mercenaires
Une gestion archaïque engendre des prédateurs. Parmi ceux qui se sont sucrés sur le dos du club et de Sonatrach, on retrouve beaucoup de joueurs-mercenaires. Ce qui les attire le plus, ce ne sont nullement les couleurs du Doyen, encore moins son histoire. Ils viennent pour s’assurer des contrats où ils ne pourront jamais avoir la moitié dans d’autres clubs. Cette saison, le club a vécu une histoire inédite. En moins d’un mois, trois cadres de l’équipe sont partis, profitant d’une clause ajoutée dans leur contrat. Ils signent avec des salaires exorbitants, mais cela ne les empêche pas d’ajouter des clauses nuisibles aux intérêts du club. Peut-on blâmer les joueurs dans ce cas-là ? Sincèrement non, car celui qui devait rendre des comptes est le responsable. Cependant, au Mouloudia et à Sonatrach c’est l’impunité. Aucun responsable n’a rendu de comptes, malgré les rapports noirs des commissaires aux comptes. Tous les gestionnaires qui sont passés par la SSPA/MCA n’ont jamais été inquiétés, alors que des rapports parlent de dilapidation de deniers publics. Malgré d’énormes anomalies, le dernier rapport d’audit est resté en interne, c’est-à-dire au niveau de Sonatrach.
Les anciens s’autoproclament légitimes héritiers
L’autre mal du club algérois réside dans certains de ses anciens joueurs. Ces derniers font énormément mal au club au lieu d’essayer de trouver des solutions à ce qui se passe au sein du club. Ils s’autoproclament légitimes héritiers du club et ne cessent de critiquer, alors qu’ils ne proposent pas de solutions pour sortir de la crise. Ils estiment que tout ce qui se fait au sien du club repose sur de fausses bases, mais ne proposent jamais d’alternatives. Cette situation de vide permet à Sonatrach de se positionner en puissance dans les affaires du club.
Certains pseudo-supporters, l’axe du mal
Enfin, on ne pourrait pas ne pas parler du rôle négatif de certains supporters que tout le monde connaît au Mouloudia. Il faut dire que ces pseudo-fans constituent l’axe du mal du club. Chaque direction possède son lobby pour s’offrir une assurance. Toutes les directions misent sur certains supporters connus dans les fiefs du vieux club algérois, réputés pour être également des mercenaires, puisqu’ils n’agissent que pour leurs intérêts étroits. Ils agissent pour une invitation, un maillot ou tout simplement s’approcher du club. Le rôle du supporter est dans les gradins, mais au Mouloudia certains se permettent même de recruter et de limoger. Une chose est sûre, il faudra une révolution pour que le MCA s’en sorte. Avec les mêmes têtes qui gravitent autour du club, le Doyen des clubs algériens n’est pas près de s’en sortir, à 17 mois de la fête de son centenaire.
Ilyès Nassim