JSK : autopsie d’une préparation ratée

 

 

Les signes d’une phase aller catastrophique de la JSK sont incalculables : changement à la tête du club, crise financière sans précédent, recrutement anarchique donc raté, lieu du stage mal choisi, programme de préparation mal étudié, matches amicaux insuffisants, instabilité à tous les niveaux, manque de concentration et de sérénité dans le groupe suite à l’épisode Fabbro, absence d’un vrai leader au sein de l’assemblée des actionnaires… Tous ces éléments ont fait que le début de saison, voire toute la phase aller s’annonce dure et compliquée pour le club phare de la Kabylie. Il faut dire, avant de partir, Hannachi a laissé une vraie pagaille que les dirigeants actuels ont du mal à gérer. Ils sont tout simplement dans l’incapacité de le faire. Ils n’arrivent même pas à sauver les apparences.

 

Jamais dans l’histoire de la JSK on a assisté à un tel délaissement de l’équipe première. La JSK est à l’abandon. Ni dirigeants, ni argent, ni organisation, ni staff, ni discipline, ni équipe, tout va de travers, rien ne marche normalement. Des équipes de L2 Mobilis, ou même de Division amateur comme Ben Aknoun ou Béni Douala, ont eu droit à une meilleure préparation. Les plus optimistes pensent que ceci est normal et inévitable vu le grand changement qu’a connu le club en ce mois d’août. Ceux qui sont au fait de ce qui se passe au club affirment avec force que la transition n’a pas été bien gérée et que les dirigeants actuels n’ont pas fait leur boulot comme il se doit. Ils sont en train d’écrire l’une des pages les plus sombres de l’histoire de la JSK. Le CSA doit absolument prendre les choses en main. 

 

1- Tizi-Gammarth par route, une journée sur le siège

 

L’équipe a, semble-t-il, bien bossé à Tikjda. Les camarades de Tafni ont fait du foncier et de l’oxygénation. Tout s’est bien passé, mais une fois en Tunisie, tout a été gâché. Explication. D’abord, les joueurs n’ont connu leur destination qu’à la dernière minute. Il y a eu d’abord le mensonge Pologne, ensuite la rumeur Maroc, puis Hammam Bourguiba et à la fin Gammarth. Pour un joueur devant se concentrer sur son travail, ceci est perturbant. Pis encore : les camarades du capitaine Asselah ont appris qu’ils allaient faire tout ce voyage dans un bus. Après plus d’une journée passée sur un siège inconfortable, les camarades d’Ekedi trouvent sur place Fabbro qui a été rejoint par la suite par son préparateur physique.

 

Scandale Fabbro-Moussouni : les joueurs veulent rentrer au pays, Asselah sauve la mise  

Ignorant qu’un autre staff muni d’un contrat allait arriver à Gammarth, l’Italien s’est réuni avec les joueurs, a expliqué le programme du stage et sa méthode de travail avant d’annoncer la venue de son préparateur physique Scarpellino. Mais le lendemain,  Rahmouni et Moussouni pointent à l’hôtel El-Mouradi pour débarquer Fabbro. Mis dans une situation inconfortable, beaucoup de joueurs voulaient rentrer au pays. Psychologiquement, aucun d’eux n’avait l’envie, ni la force de se donner à fond lors de ce stage, deux sentiments qu’il faut absolument avoir pour pouvoir se sacrifier et se surpasser. Ils voulaient rentrer au pays et ils allaient sérieusement le faire si ce n’est Asselah et Boultif qui ont convaincu tout le monde de rester.

 

2 cadres de l’équipe, le kiné, le médecin et le préparateur physique arrivent au milieu du stage   

Fabbro parti, place au travail ! Mais avec qui et avec quoi ? La JSK, lors de sa première semaine de préparation, ne disposait ni de préparateur physique, ni de kiné, ni même de médecin. Trois éléments indispensables, voire vitaux pour la réussite d’un stage. L’absence de ces éléments du staff nous mènent à douter de l’application du programme établi initialement par Rahmouni et Moussouni du moment qu’aucun entraîneur au monde ne peut exiger de ses joueurs de se donner à fond lorsqu’il ne peut pas assurer un minimum de moyens comme les massages, les soins et un vrai préparateur physique qui sait doser les efforts et calculer les charges de travail. Même Redouani et Raïah ne sont arrivés qu’après plusieurs jours du début du stage. C’est malheureux !

 

Gammarth, capitale de la tentation

Lors d’une discussion avec les membres du staff technique de la JSK, ces derniers ont évoqué le caractère touristique de Gammarth non approprié pour une préparation d’intersaison. «Nos joueurs sont jeunes et inconscients, et ici il y a beaucoup de tentations. Je ne peux hélas pas surveiller tout le monde et tout le temps, j’ai peur qu’ils s’égarent», nous dira Moussouni. Aussi, et c’est important de le signaler, Gammarth ne donne pas la possibilité de jouer beaucoup de matchs amicaux et les terrains d’entraînement sont catastrophiques, sans parler de la canicule qui y règne en ce mois d’août.

 

Quand les journalistes et Rahmouni se transforment en garde-matériel et porteurs d’eau

Quand on sait que la JSK est partie en stage sans médecin, parler de garde-matériel ou d’agents de sécurité est déplacé, voir blasphématoire. En effet, durant tout le stage, Rahmouni, Moussouni, Benabderahmane qui est un actionnaire, Rambi et un seul garde-matériel ont fait tout le boulot. L’image de Rahmouni, entraîneur en chef de la JSK portant tout seul plus de 20 kg de matériel, donnait froid dans le dos. Elle est significative de l’état d’abandon du club le plus titré d’Algérie, jadis équipe la mieux structurée du pays. Même les journalistes présents, censés couvrir le stage, se sont solidarisés avec Rahmouni et Moussouni aidant à déplacer les haies, les plots et autres ballons, cordes, poids et même des fardeaux d’eau. Oui, de l’eau ! La JSK, durant les premiers jours du stage, n’avait pas de quoi s’offrir de l’eau minérale durant les entraînements, c’est Rahmouni qui l’a affirmé sur ces mêmes colonnes. Il fallait à chaque fois attendre le retour à l’hôtel pour pouvoir bien se déshydrater, le tout sous une chaleur de 40°C.

 

Les frais de mission, la goutte qui a failli faire déborder le vase

Comme si tout cela ne suffisait pas, un autre problème a surgi : les frais de mission. En effet, de coutume, lors de ce genre de déplacement, les joueurs ont droit à des frais de mission qui varient d’un club à un autre. Comptant sur cet argent, beaucoup de joueurs se sont déplacés à Gammarth les poches vides. A l’approche de la journée où ils devaient profiter de leur quartier libre pour s’acheter des souvenirs et autres cadeaux, beaucoup se sont plaints auprès du chef de la délégation. Ils furent contraints de rester à l’hôtel. Ce problème insignifiant soit-il a failli exploser le groupe qui était déjà à bout de nerfs.

 

Benabderahmane, l’arbre qui cache la forêt    

Les joueurs se sont donc sentis abandonnés, délaissés par leurs dirigeants. Excepté Nassim Benabderahmane, aucun dirigeant n’a daigné faire un saut à Gammarth pour rassurer l’équipe, régler quelques soucis… Même le scandale Fabbro-Moussouni n’a pas réussi à leur faire  quitter leur nid douillet. Il est vrai que Hannachi est à l’origine de tous ces maux, mais les actionnaires qui ont pris place autour de table le 7 août dernier pour destituer Hannachi avaient le devoir et l’obligation de soutenir l’équipe lors de cette phase décisive de la saison. Il a fallu attendre le dernier jour du stage pour voir Azlef débarquer à Gammarth. Il a payé le stage, poussé Benhaha à la démission et est revenu au pays.  

 

Un joueur confie : «On a négligé l’aspect tactique»

Parlant maintenant de la qualité du travail accompli à Gammarth. Il faut savoir que la préparation d’intersaison a beaucoup évolué. Les plus grands clubs d’Europe travaillent le physique dans tous ses aspects et le technico-tactique en même temps. Les années où les équipes souffraient pendant un mois dans les forêts, les salles de musculation ou sur les terrains sont révolues. On a qu’à voir comment le Real et le Barça se préparent.  Certains diront que les joueurs professionnels en Europe sont mieux formés et préparés que les nôtres, ils ont aussi de meilleurs moyens de travail et de récupération ; ce qui est parfaitement vrai, mais quand on voit comment Al-Ahly ou le Zamalek se préparent, on se dit qu’il y a problème.  Le Zamalek a choisi l’Arabie saoudite pour se préparer. Ils ont pris part à un tournoi tout en continuant à bosser l’aspect physique. Cela leur garantit des matchs amicaux à enjeu, des stades meilleurs et des adversaires respectables. Revenons à la JSK. Le duo Rahmouni-Moussouni a travaillé avec les moyens du bord ; néanmoins, un joueur qui a préféré garder l’anonymat de peur de représailles nous confiera : «On a sué certes, on a souffert, mais je pense qu’on a négligé l’aspect tactique. On n’a essayé qu’une seule organisation de jeu, le 4-2-3-1, et ça n’a pas marché. Les soi-disant remplaçants n’ont joué qu’un seul match face à la sélection africaine, le seul vrai match qu’on a joué était face au NAHD, et encore !»

 

Yettou l’a avoué : «On n’est pas prêts pour la JSS »

Dans un entretien accordé à notre journal, Nassim Yettou nous dira : «On ne sera jamais prêts à 100% face à la Saoura. » Et il a raison. Le staff technique ne sait pas encore comment faire de la faiblesse de sa défense centrale. Il ne sait même pas comment convaincre Redouani de s’associer à Saadou. Il est vrai que le problème n’est pas au niveau des joueurs, mais dans la paire qui est incompatible. Mais si on s’était penché sérieusement sur le problème, on aurait trouvé une alternative ou du moins travaillé les automatismes entre Abdat et Saâdou. La même chose pour l’attaque puisque, excepté Mesbahi, aucun joueur n’est avant-centre de métier, Ekedi, Djaâbot et Benaldjia ayant le même profil de milieu offensif.

 

Recrutement hasardeux, effectif déséquilibré

Si l’on étudie de près l’effectif de la JSK, on remarquera qu’il y a un grand déséquilibre. La JSK a libéré Boulaouidet sans recruter un vrai avant-centre ; elle a aussi libéré la paire centrale Rial-Berchiche sans penser à renforcer comme il se doit ce compartiment. A la place, ils ont encombré un compartiment qui était déjà surnombre, le milieu défensif. En effet, en plus de Yettou, Raïah, Oukaci et Djerrar qui sont tous les quatre excellents, on a ramené à un prix insolent Boukhenchouche. Devant, la JSK n’a pas un vrai meneur de jeu ni avant-centre de métier, mais des ailiers et des neuf et demi. Tafni, Renaï, Ekedi, Djaâbot, Benaldjia et Benabou ont tous le même profil.

 

Chapeau aux joueurs quand même !

Les joueurs de la JSK méritent bien qu’on les félicite, car aucun de ces problèmes n’est de leur faute.  Excepté quelques écarts et égarements insignifiants, comme celui d’Abdat, Benaldjia et Djaâbot, tous ont fait preuve de solidarité, de sens de sacrifice et de responsabilité. Deux ans en arrière, l’équipe aurait plié bagage et serait rentrée au pays. Le fait qu’il y ait beaucoup de jeunes du club a aidé, mais il faut quand même signaler le rôle déterminant d’Asselah et de Boultif. 

 

 Benaldjia se défend

Son accrochage avec Rambi

«De quel droit m’a-t-il fait des remarques d’ordre technique ? »

Son absence

«Le médecin peut en témoigner»

 

 

Le milieu de terrain de la JS Kabylie Mehdi Benaldjia ne s’est pas contenté de se défendre suite à ce qui s’était passé à Gammarth. L’ancien de l’USMA va plus loin en affirmant qu’il a été l’un des meilleurs de l’équipe en Tunisie et ce, à tous les plans.

 

Comme rapporté dans notre dernière édition, Mehdi Benaldjia a irrité certains dirigeants qui veulent le faire passer en conseil de discipline après son comportement en Tunisie. Mais ce dernier ne compte pas se laisser faire et se défend après tout ce qui a été dit.

 

«J’ai été l’un des meilleurs en Tunisie et sur tous les plans»

Contacté par nos soins, le milieu de terrain de la JSK nous a expliqué tout ce qui c’était réellement passé lors de ce stage de préparation : «Je ne comprends pas pourquoi on veut me porter préjudice surtout en ce moment. L’équipe a connu de nombreux problèmes, on n’a pas besoin de ça.  En Tunisie, j’ai été l’un des joueurs les plus exemplaires, je me suis donné à fond ; vous pouvez demander à n’importe qui, on vous dira que j’ai été l’un des meilleurs de l’équipe. Demandez à votre envoyé spécial, il vous le confirmera », dira d’emblée Benaldjia.

«Le médecin est venu m’examiner dans ma chambre»

A propos de son absence et de sa maladie présumée, Benaldjia nous dira : «Il est vrai que j’ai raté une séance d’entraînement, mais c’était justifié. Le médecin de l’équipe en est témoin. Il est venu me voir dans ma chambre et a constaté que j’étais malade, il m’a prescrit des médicaments et m’a demandé de me reposer afin de récupérer le plus rapidement possible. Je n’ai pas raté un entraînement parce que je le voulais, mais plutôt parce que j’étais malade.»

«Certains ont fait pire et on a les couverts»

Benaldjia pense que cette histoire est un scénario monté par des personnes non étrangères à la JSK. Il accuse : «Des personnes à l’intérieur de l’équipe veulent faire des problèmes en utilisant mon nom. Elles veulent me saboter. Je ne comprends pas pour quelle raison. » Et d’ajouter : «Je le dis et le redis, je n’ai raté qu’une seule séance car j’étais malade et on peut demander au médecin de l’équipe qui est venu me voir dans ma chambre. Des joueurs ont fait pire et personne n’en parle ! Je ne vois pas pour quelles raisons on s’acharne sur moi, surtout que je n’ai rien fait. Certains ne se sont pas entraînés et c’est passé inaperçu, ils ont été couverts.»

 

«Je refuse de passer en conseil de discipline, je n’ai rien fait»

Pour le moment, Mehdi Benaldjia profite de quelques jours de repos que le staff technique a accordé à l’équipe avant de reprendre la préparation. Ce dernier affirme ne pas avoir été contacté pour le moment par sa direction concernant le conseil de discipline : «Je n’ai reçu aucun appel à propos du conseil de discipline. J’ai vu qu’il était question de cela, mais pour le moment, je n’ai encore rien reçu et je ne passerai pas en conseil de discipline, je n’ai rien fait ! Ce sont certaines personnes qui veulent seulement me saboter, et je ne comprends toujours pas pour quelles raisons. En tout cas, personnellement, je ne m’occupe pas de cela, je préfère me concentrer sur mon travail et rien d’autre. »

 

« Le préparateur physique n’a pas été correct, je l’ai remis à sa place »

Le milieu de terrain du club phare de la Kabylie a ensuite abordé le problème avec le préparateur physique qui ne semble pas trop l’apprécier. Mehdi Benaldjia nous a déclaré : « Le préparateur physique m’a dit quelque chose de mal placé, alors je lui ai expliqué qu’il n’avait pas à me dire cela et je l’ai remis à sa place. Il se mêle de choses qui ne le concernent.» Il a ensuite continué : «On a un entraîneur au sein de l’équipe, je pense que le préparateur physique n’a pas à s’immiscer dans le travail technique. Je lui ai dit qu’il n’était pas l’entraîneur pour me faire ce genre de remarques et qu’il n’avait pas à me parler comme il l’a fait.»

Le torchon brûle entre Benaldjia et le préparateur physique et il ne serait pas le seul joueur concerné.

 

« Le stage n’était pas une réussite à 100%, et voilà pourquoi»

Toujours à propos du stage, le milieu de terrain de la JSK est allé dans le même sens que Yettou : «Il faut dire que le stage n’a pas été une réussite à cent pour cent. Tout le monde connaît le problème d’entraîneurs qu’il y a eu au début du stage. Les changements nous ont perturbés et ne nous ont pas permis de rester concentrés uniquement sur le travail. Cependant, avec le temps, ça s’est arrangé et on a réussi à faire notre travail convenablement. Il faut savoir aussi qu’il y a des personnes qui ont fait des problèmes avant le début du stage.» Avant d’ajouter : «Si vous demandez à tous ceux qui étaient présents ce stage de préparation, que ce soit le staff, les joueurs ou les journalistes, ils pourront témoigner que j’étais l’un des meilleurs et surtout exemplaire et professionnel jusqu’au bout. Je n’ai fait aucun problème et ma seule absence était justifiée auprès du médecin, j’étais malade», tonnera Benaldjia très en colère.

 

«Le plus important, c’est la Saoura »

Alors que le début de la Ligue 1 Mobilis approche à grands pas, les joueurs se préparent à reprendre les entraînements dès le début de la prochaine semaine. Pour Mehdi Benaldjia, le plus important maintenant c’est de se concentrer sur le premier match : «Maintenant, je ne veux penser à rien d’autre qu’à la préparation et surtout à notre premier match. Tout se passe bien avec mes entraîneurs et je compte me donner à fond afin de gagner ma place et aider l’équipe à arracher un bon premier résultat sur notre terrain et devant nos supporters. Je me sens en forme et motivé pour réussir une grande saison. J’estime que je l’ai bien démontré lors de la préparation.»

M. K.

 

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