Saâdi : «Ebossé est mort et la violence continue !»

La violence refait surface dans nos stades, on ne compte plus les matches à huis clos. Noureddine Saâdi milite pour un durcissement des mesures coercitives.

La Ligue de football professionnel a encore fait valoir la sanction du huis clos, est-ce une bonne chose ?

Le huis clos est nécessaire et indispensable. Ce n’est pas une invention de la Ligue, c’est une réaction par rapport au mauvais comportement du public. Les éléments qui configurent le football sont tous passibles de sanctions lorsqu’ils dérapent. C’est le cas du dirigeant quand il fait une déclaration grave, du joueur quand il commet une faute sur le terrain, de l’entraîneur aussi qui en prend plein la gueule tout le temps, je ne vois pas pourquoi les supporters ne subiraient pas le contrecoup de leur mauvaise attitude.

 

Même en sachant que le huis clos tue le spectacle ?

S’il y a des gens qui ne méritent pas le spectacle, ils regarderont le match chez eux, sans déranger personne.

 

Encore faut-il que la télé algérienne retransmette les matches à huis clos…

C’est un tort, on donne raison ainsi au mauvais public. Les supporters algériens ne sont pas mauvais dans leur majorité. Malheureusement, ils se laissent guider par une frange de chenapans, qui se prennent pour je ne sais quoi et qui veulent faire la loi sur les routes, dans les stades. J’aimerais bien voir la tête de ceux qui sont contre le huis clos le jour où un grand scandale arriverait et ferait honte au pays.

 

Pourquoi ne pas faire comme en Angleterre où la sanction est d’imposer aux supporters fautifs que leur club joue le prochain match chez l’adversaire ?

Ce serait formidable s’il n’y avait pas un  phénomène propre à nous. Il y a beaucoup de clans au sein des supporters d’un club et qui sont téléguidés par les clans de dirigeants du même club. Ça profiterait facilement aux groupuscules d’opposition. En revanche, on pourrait faire comme en Tunisie où l’on applique la sanction du huis clos partiel, l’équipe qui reçoit n’étant autorisée qu’à un nombre limité de supporters.

 

La Fédération menace de fermer les stades jusqu’à la fin de saison…

Je suis d’accord. Ce qui se passe est ahurissant. Il y a des jeunes qui veulent faire la loi alors que celle-ci est de notre côté. Aujourd’hui, j’applaudis la mesure qui permet au joueur et à l’entraîneur d’appréhender leur agresseur, lequel risque même une peine de prison. Cela m’est arrivé à l’ASMO où j’ai signalé à la police un énergumène qui ne cessait pas de m’insulter. Si j’avais apposé ma signature, il aurait écopé de 2 ans de prison. Pour qui se prennent ces supporters ? Ils n’ont même pas leurs cartes d’adhérent au club. De quel droit nous imposeraient-ils leur loi ?

 

Donc, il faut frapper et continuer de le faire ?

Oui, jusqu’à ce que ça cesse. Nous sommes passés par une période de sensibilisation extraordinaire après la mort d’Ebossé. Tous les médias, tous les acteurs du football ne parlaient que de la violence et des mesures à prendre pour lutter contre ce fléau. Cela n’a pas beaucoup servi. On parle de joueurs qui chassent les entraîneurs, la réalité est que ce sont ces mauvais supporters qui font et défont les choses à travers les différentes pressions qu’ils exercent. Alors, oui, il faut encore donner du bâton !

H. D.

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