Madjer : «Le départ de Raouraoua nous ferait le plus grand bien»

Attaqué par le président de la Fédération algérienne, Rabah Madjer sort de sa réserve et donne une réplique digne du grand joueur qu’il a été.

Comment réagissez-vous aux récentes déclarations de Raouraoua à votre encontre ?

Il dit que mon silence leur ferait le plus grand bien. Je réponds que son départ nous ferait le plus grand bien ! Cette personne de la Fédération ajoute que j’ai pris 1 point dans une CAN ; qu’elle nous dise combien de CAN elle a ramenées à l’Algérie en 15 ans de règne ? Ce type de la FAF renchérit en disant que j’ai coaché 3 matches dans un club et puis plus rien. Il feint d’ignorer qu’avec El-Wakra, un club qui n’avait jamais rien gagné auparavant, j’ai remporté 3 titres consécutifs : le championnat et 2 coupes du Qatar.

Il y a eu aussi Errayane…

Oui, avec ce club que Luis Fernandez venait de lâcher, j’ai hissé l’équipe de la 9e place qu’elle occupait au carré d’as. Je suis parti de mon propre chef, ils ont ensuite gagné la coupe du Qatar. J’ai remis ma démission parce que je ne me considère pas comme un entraîneur marionnette. Je respecte ma profession et je refuse surtout le diktat des dirigeants qui veulent faire l’équipe eux-mêmes. C’est d’ailleurs ma personnalité qui me joue parfois des tours. Je suis un entraîneur professionnel qui n’attend pas ses arriérés.

Raouraoua laisse entendre que le nouveau stade de Baraki portera le nom de Kermali, qu’en dites-vous ?

Kermali, que Dieu ait son âme, est le seul entraîneur à avoir ramené le trophée africain à l’Algérie, seul donc lui peut parler et personne d’autre. Ces gens de la FAF oublient qu’un certain Rabah Madjer était dans cette équipe qui a offert l’unique CAN à l’Algérie. Je l’ai fait en compagnie de mes coéquipiers, bien sûr. Cela montre que ces gens de la FAF ne connaissent rien au football. Puisqu’ils font l’éloge de Kermali, qu’ils nous disent pourquoi ils ont alors enlevé l’étoile qui figurait sur le maillot des Verts ? Cela prouve qu’il ne reconnaît pas la coupe que nous avons donnée à l’Algérie. Il manque de respect aussi aux anciens qu’il accuse, par ailleurs, de faire du spectacle sur les plateaux de télévision.

Et vous en dites quoi au fait ?

Nous sommes des consultants TV, avec un passé glorieux, des professionnels exerçant leur métier sur des chaînes respectables. Malheureusement, le professionnalisme dérange toujours parce qu’il traite des points sensibles et met en exergue l’incapacité de ces gens-là. Personnellement, je rends hommage à tous les consultants, quelle que soit la chaîne qui les emploie, pour leur honnêteté, leur professionnalisme et leur savoir-faire. Leurs analyses sont justes et constructives. Ils sont sur la bonne voie, je les invite à continuer de dénoncer le mal de notre football.

Pourquoi vous souciez-vous aujourd’hui de répondre à Raouraoua, alors que ce n’est pas dans vos habitudes ?

C’est parce que je me rends compte que même mon silence dérange ces gens, qui continuent à s’acharner sur moi. Mais, là, tout le monde connaît la méthode qu’ils utilisent quand il y a le feu : ils veulent créer une affaire Madjer pour détourner l’attention de l’opinion sportive de l’échec contre le Cameroun. Ils veulent transposer le problème sur mon dos. Là, ça ne marche pas, tout le monde connaît la musique maintenant. En 15 ans de règne, il est facile de compter combien de sélectionneurs nationaux ont été consommés.

13 au juste…

Ce n’est pas possible, on ne peut quand même pas dire qu’ils sont tous mauvais ! Ces gens s’amusent à changer de fusible à chaque fois, je pense qu’il est temps maintenant de changer la boîte entière et pas les fusibles seulement. Si on veut sauver notre football, il faut un changement radical, c’est le moment d’entamer une réforme salvatrice. Remettons-nous au travail et bossons comme jadis. Je n’ai rien contre les joueurs évoluant à l’étranger, mais il faut jeter un coup d’œil aussi aux éléments locaux. Malheureusement, certains n’aiment pas tout ce qui est local. Si l’on continue dans cette voie, on pourra dire adieu au football algérien ; on voit déjà ce qui se passe dans nos clubs qui sont livrés à eux-mêmes.

C’est la sonnette d’alarme que vous tirez ?

Oui, je l’ai toujours fait d’ailleurs. Il faut sauver ce qui peut l’être encore. En tout cas, je défendrai toujours les intérêts de mon pays. Aujourd’hui, je réagis de cette manière et je prends le risque de tomber dans le piège, mais je dis ce que je pense de ces gens-là. Ne nous prenez pas pour des imbéciles. Vous voulez masquer l’échec, votre échec, par une nouvelle affaire avec Rabah Madjer. Je vous réponds cette fois, mais je ne le ferai plus jamais !

H. D.

 

Classement