Zidane : «Je suis très content pour l’Algérie»

Trente minutes après que Vahid Halilhodzic nous ait quitté pour passer les formalités douanières et de police, c’est un autre passager de ce vol Air France 454 en direction de Sao Paulo qui est passé à notre niveau pour embarquer.

 Et un invité de marque, puisqu’il s’agit du meilleur joueur de la planète, Zinedine Zidane. Il était emmitouflé, froid parisien oblige, dans un manteau noir, et il portait un bonnet bien vissé sur sa tête, pour essayer de limiter le choc thermique entre Madrid et Paris. Mais il s’agissait bien de lui, c’était bien «Zizou». Zinedine Zidane dans toute sa splendeur, sur qui les années ne semblent pas avoir prise tant il était affûté et aussi jeune que lorsqu’il faisait les beaux jours du Real Madrid et de l’équipe de France. L’icône du football mondial, et actuel entraîneur adjoint du Real Madrid, a bien voulu discuter avec nous deux minutes et prendre quelques photos, dans ce hall désert du terminal 2 de l’aéroport Charles-de-Gaulle de Paris.

Un homme d’une simplicité déconcertante

Alors que moult légendes et les rumeurs plus farfelues les unes que les autres circulent sur ce joueur, concernant notamment le fait qu’il est inaccessible, qu’il est toujours entouré d’une garde rapprochée et qu’il prend l’avion en allant directement sur la piste. Mais avant-hier, c’est un homme seul, qui ressemblait à « monsieur tout le monde »qui a enregistré ses bagages comme l’a fait Vahid Halilhodzic avant lui, au comptoir 3 du hall E du terminal 2 de l’aéroport Charles-de-Gaulle, et qui n’a bénéficié ou n’a exigé aucun privilège d’aucune sorte que nous avons rencontré. Un homme d’une gentillesse et d’une disponibilité rare du fait de son statut de légende vivante du football mondial. Sa carte d’embarquement en poche, le passager Zidane, qui tenait son bagage à main de la main droite, et son smoking, pour la cérémonie du tirage au sort de vendredi dans sa main droite, s’est dirigé vers les formalités de sûreté et de police.

Il va participer au tirage demain

Si Zidane se préparait à décoller à 23h20, pour Sao Paulo, c’est qu’il fait partie des invités de marque, du fait de son statut d’icône du football mondial, du tirage au sort des groupes de la phase finale de la prochaine Coupe du monde qui doit avoir lieu dans le pays dont la devise est l’ordre et le progrès. Le Franco-Algérien va même faire partie, aux côtés des autres invités de marque, comme le Brésilien Cafu, vainqueur de la Coupe du monde à deux reprises, de l'Espagnol Fernando Hierro, de l'Italien Fabio Cannavaro, de l'Allemand Lothar Matthaüs, de l'Uruguayen Alcides Ghiggia, de l'Anglais Geoff Hurst et de l'Argentin Mario Kempes, du cercle très fermé de ceux qui vont plonger la main dans les saladiers transparents, pour tirer les fameuses boules à l’intérieur desquelles seront inscrits les noms des pays qualifiés.

Le même avion que Vahid, un signe du destin

Et alors que celui que ses proches surnomment Yazid s’apprête à tirer au sort un certain nombre de pays, dont l’Algérie, son pays d’origine, on ne peut s’empêcher d’interpréter le fait qu’il se soit trouvé fortuitement dans le même avion que la délégation algérienne, composée de Zefzef, Halilhodzic et Moine, conviée  elle aussi à la cérémonie de demain, comme un signe du destin. Il était lui-même amusé et étonné lorsque nous lui avons appris que la délégation algérienne allait prendre le même vol que lui. Il nous a dit : «Ah bon ! ils sont aussi dans le vol pour Sao Paulo ? C’est bien !» Si c’est Zidane qui tire la boule «Algérie», souhaitons qu’il nous porte chance et que le sort sera clément avec les Fennecs, qui rêvent de passer enfin  ce premier tour, pour écrire une nouvelle page d’histoire du football algérien.

Il a l’Algérie dans le cœur

Il l’a prouvé à de nombreuses occasions, Zidane a l’Algérie, son pays d’origine, dans le cœur. Alors qu’en 2001, alors qu’il était au sommet de sa gloire, répondant aux journalistes, sous forme de boutade, la veille du match France-Algérie : « Ce match France-Algérie me tient à cœur car, comme tout le monde le sait, ou comme tout le monde ne le sait pas, je suis d’origine algérienne ! » Quelques années plus tard, il alla faire au Castellet, non loin de Marseille, une visite surprise à l’équipe nationale, qui préparait sa CAN angolaise, pour la féliciter après l’exploit d’Oumdourman face à l’Egypte. Et nous vous épargnons ce que l’enfant de la cité de la Castellane dans les quartiers de Marseille, originaire d’Aguemmoun, wilaya de Béjaïa, a fait pour le pays sur le plan humanitaire, en direction des plus nécessiteux.

Lors de la mini-discussion que nous avons eue avec ce grand monsieur du football, nous avons  bien sûr abordé la qualification des Verts à la prochaine Coupe du monde. Puis lorsque nous lui avons demandé ses impressions, il nous a répondu sans réfléchir : « Mes impressions sur la qualification de l’Algérie : je suis très content. » Puis lorsque nous lui avons dit sous forme de boutade : « Zinedine Zidane n’oublie pas tazamourth (son pays en tamazight), il a esquissé un large sourire et nous a répondu avec la discrétion et la retenue qui le caractérisent : «Oui, bien sûr.»

M. B.

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