Bouazza : «Je ne suis pas au courant de cette histoire»

Qui n’a pas entendu parler, ces dernières 48 heures, de ce que les médias espagnols et arabes se sont empressés de baptiser «l’affaire Bouazza» depuis ce fameux match qui avait opposé le Racing Santander de Hameur Bouazza à la réserve du FC Barcelone, gagné 4-1 par le «Barça II», dans le cadre de la 15e journée du championnat d’Espagne de deuxième division.

Lors de cette rencontre, Hameur Bouazza aurait, d’après les médias espagnols, refusé de serrer la main du joueur qui le remplaçait, l’Israélien Gai Assulin. Immédiatement, au vue de la nationalité des deux joueurs, algérienne et israélienne, et au vu de l’actualité récente, les supporters de Santander et les journaux espagnols, qui en ont profité pour faire leurs choux gras, ont crié au racisme et à l’antisémitisme, demandant des sanctions contre Bouazza, pendant que les médias arabes le traitaient en héros de la cause palestinienne. Nous avons joint par téléphone le milieu gaucher de l’équipe nationale, hier après-midi, pour avoir sa version des faits, et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous avons été vraiment surpris, car il ignorait complètement cette histoire. C’est nous-mêmes qui la lui avons apprise.

- Bonjour Hameur, pas trop touché par cette grosse polémique dans votre club...

- Non, de quelle polémique parlez-vous ?

- De cette grave polémique qui enfle, concernant les graves accusations de racisme et d’antisémitisme à votre encontre par les supporters de votre club et par les médias espagnols et certains médias arabes…

- Expliquez-moi, parce que là, je ne comprends rien à ce que vous dites ?

- Vous n’avez pas lu la presse espagnole ou les sites arabes ? Vous êtes accusé d’avoir refusé de serrer la main de votre coéquipier, Gai Assulin, lors de votre remplacement par celui-ci lors du dernier match de championnat, au prétexte qu’il était de nationalité israélienne ?

- Qu’est-ce que c’est encore que cette nouvelle ! Je ne suis même pas au courant de cette histoire. Je ne comprends ni l’espagnol, ni l’arabe littéraire. Je réfute ces accusations qui sont graves et sans fondement.

- Vous n’avez pas serré la main du joueur, c’est un fait. Mais donnez-nous alors votre version des faits ?

- Pas de problème, je n’ai rien à me reprocher dans cet ordre. C’est vrai que je n’étais pas satisfait par mon remplacement. J’étais en colère et je n’ai pas salué mon remplaçant. Mais il aurait été Algérien comme moi, Chinois ou Autrichien, ça aurait été pareil. Ma faute, c’est de ne pas avoir été fair-play, mais raciste et antisémite, moi ! Là, il faut arrêter le délire.

- Pourquoi étiez-vous en colère ?

- Je venais de commettre une faute dans la surface qui a donné penalty pour le Barça. J’étais furieux contre moi-même, comme on peut l’être dans une telle situation. Alors que je pestais contre moi-même, le coach décide de me remplacer et j’ai pris ça comme une sanction. Je suis sorti mécontent, je n’ai pas maîtrisé mes nerfs et j’ai manqué de fair-play avec mon coéquipier, certes, mais ça ne fait pas de moi un raciste. J’ai souffert du racisme, je ne peux pas être raciste moi-même.

- Ces accusations semblent vraiment vous toucher ?

- Bien sûr que ça me touche. Vous savez, j’ai grandi à Evry, une ville où toutes les communautés sont présentes et vivent côte à côte. J’ai souffert du racisme en France, dès ma naissance, même lors de ma carrière, étant fils d’immigré algérien, je hais le racisme. Alors me faire traiter de raciste, pour moi, c’est scandaleux. Je suis aux antipodes du racisme. De plus, en Angleterre, j’ai évolué dans pas mal de clubs, avec toutes les nationalités, je n’ai jamais eu de problème de cet ordre. Et c’est facile à vérifier. Je pense qu’en Europe, la presse écrite est en faillite, avec le boum de l’Internet et tous les moyens sont bons pour créer le buzz et doper les ventes. Moi, je n’ai rien à me reprocher et je démens formellement.

- Et que pensez-vous des médias arabes qui vous ont érigé en héros de la cause palestinienne ?

- Je leur dirai qu’en tant qu’être humain, la cause palestinienne me touche et c’est normal. Qui peut rester insensible à ce qui se passe là-bas. Mais moi, je ne suis pas politicien, mais footballeur professionnel. Mon métier, c’est de jouer au football sur les terrains, pas de faire de la politique dans les stades. En plus, mon coéquipier Gai Assulin n’a rien à voir avec ce qui se passe là-bas. Pfff… je ne trouve plus les mots.

- Vous semblez être très en colère ?

- Oui, car je ne pensais pas un jour à répondre d’accusations de racisme. Je suis sidéré !

- Quel message voulez-vous adresser à ceux qui ont proféré ces accusations ?

- Qu’on me laisse tranquille ! Qu’on me laisse faire mon métier de footballeur. Je suis quelqu’un d’honnête qui ne demande qu’à s’intégrer dans sa nouvelle équipe et donner le meilleur de lui-même pour honorer son contrat et gagner son argent. Ne me cherchez pas de problèmes imaginaires et ne me salissez pas gratuitement, j’ai déjà suffisamment de problèmes comme ça pour m’en ajouter des fictifs !

- Et pour les supporters de Santander ?

- Je veux juste leur dire que j’aime cette ville, j’aime les gens de Santander et j’aime ce club. Je m’entraîne chaque jour dur pour tout donner le jour du match. Je veux juste leur dire : apprenez à me connaître vraiment et ne vous fiez pas à ce que vous lisez ou entendez sur moi. S’il y a un problème, venez me voir après les entraînements et on en discute. Je ne mérite pas d’être diffamé ainsi.

- Merci Hameur pour votre réponse sans langue de bois et bonne continuation…

- Merci à vous.

Classement